Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

Alfred Rosmer (né à Patterson (États-Unis) le 23 août 1877, mort à Créteil (Val-de-Marne) le 6 mai 1964) fais ses études à Paris, jusqu’à seize ans et passe le brevet.

Membre du BP

Exclu en 1924

Son père d’André Griot est coiffeur, émigré aux États-Unis. La famille revient en France en 1884 et son père ouvre un salon à Montrouge.

Après avoir fait des « petits boulots », à dix-huit ans, Rosmer est reçu à un concours de l’administration et devient expéditionnaire à la mairie du XIVe de Paris.

Grand lecteur, parlant bien l’anglais, il s’intéresse à la vie littéraire et artistique et surtout au théâtre. Il devient critique théâtrale aux Temps Nouveaux en 1906, puis à La Vie ouvrière, en 1910, et à La Bataille syndicaliste en 1911. Il signe ses articles sous le nom de Rosmer (un personnage d’une pièce d’Ibsen).

D’abord dreyfusard, il devient anarchiste sous l’influence d’Amédée Dunois, puis rejoint les Etudiants socialistes révolutionnaires internationalistes. En 1910, il se considère comme un syndicaliste révolutionnaire.

En 1912, quand Dunois se rallie au socialisme, Rosmer abandonne son emploi et devient journaliste appointé à La Vie ouvrière, journal créé par Monatte en 1909, qui représente la tendance syndicaliste-révolutionnaire de la CGT.

En mai 1914, Monatte confie la responsabilité de la rédaction la Vie ouvrière à Rosmer.

En juillet 1914, face à l’Union sacrée, Monate et Rosmer refusent de soumettre la Vie Ouvrière à la censure et sabordent leur journal.

Rosmer est mobilisé, mais reste proche de Paris et peut poursuivre ses activités militantes. Toujours en phase avec Monatte, il devient l’âme d’un petit groupe internationaliste. Il organise la diffusion clandestine en France de l'Au-dessus de la mêlée publié en Suisse, par Romain Rolland. C’est à cette époque qu’il se lie d’amitié avec des militants russes exilés à Paris, en particulier Trotsky et Martov. Presque chaque dimanche, Rosmer passe la journée dans un des logis parisiens de Trotsky.

A partir de la fin de 1914, Rosmer ayant retrouvé du travail, essaie avec Monate, de rassembler ceux qui résistent au déferlement de nationalisme : Albert Bourderon, Amédée Dunois, Fernand Loriot...

Les syndicalistes qui se réunissent aux « jeudis de la VO » reçoivent le renfort de Trotsky. Rosmer et Trotsky font un voyage dans le Nord. Ensemble, ils rencontrent des socialistes opposés à l’Union Sacrée.

Rosmer, avec Trotsky, contribue à la préparation de la Conférence de Zimmerwald [ 1 ] mais il  ne peut y participer. Il signe avec Trotski, le 29 février 1916, dans le Bulletin de Zimmerwald, un manifeste affirmant clairement la nécessité d'une nouvelle Internationale.

À partir de 1917, il soutient la Révolution russe et défend la ligne d’un mouvement internationaliste s’appuyant sur un syndicalisme révolutionnaire.

Le 2 mai 1919, l’assemblée générale du Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI) décide de devenir Comité pour la IIIe Internationale et délègue Rosmer à Moscou pour le IIe congrès de l’Internationale Communiste.

Rosmer va rester en Russie dix-sept mois pendant lesquels il fréquente tous les dirigeants bolcheviques, notamment Trotsky, Lénine et les dirigeants de l’IC comme Zinoviev avec qui les rapports seront toujours tendus. Il est coopté au Comité Exécutif de l’IC et au « Petit bureau », alors qu’il n’a pas encore adhéré au PCF. Il siège à la Commission des problèmes internationaux qu’il préside à plusieurs reprises, et à la Commission syndicale. Au « Petit bureau » du Comité exécutif, il côtoie Zinoviev, Radek, Boukharine et Béla Kun.

Sa présence à Moscou l'empêche de participer directement à la préparation du Congrès de Tours, en 1920.

Il reste à Moscou jusqu’en octobre 1921 et par la suite, y fait de fréquents séjours jusqu’en 1924. Il participe aux réunions de l’Exécutif, aux Congrès de l’IC, au Congrès des peuples d’Orient, aux conférences de Berlin et Hambourg dans la délégation de l’IC.

Il est le fondateur de l’Internationale des Syndicats Rouges (ISR).

À son retour de Moscou, Rosmer adhère au nouveau au Parti communiste (SFIC). Il se situe dans la « Gauche » du parti aux côtés de Souvarine. Il devient membre du Comité directeur, en décembre 1922. Il est ensuite élu au Bureau politique en janvier 1923, chargé de l’Humanité, et réélu au Congrès de Lyon en janvier 1924.

Il s'oppose à Albert Treint, l'homme de l’IC, co-secrétaire général du bureau politique avec Louis Sellier, depuis janvier 1923. Treint mène une campagne contre les « droitiers ». Au Comité directeur 18 mars 1924, lors du vote sur les thèses de Treint, Rosmer s'abstient (alors que Monatte et Souvarine votent contre).

Présent au Ve congrès de l'IC, Rosmer voit se profiler l'élimination de Trotsky au profit de Zinoviev. De retour à Paris, il fait circuler le «Testament de Lénine» [ 1 ]. Il doit alors s'expliquer devant le Bureau politique, pour avoir fait circuler des « ragots ». Monatte et Rosmer sont alors tenus à l'écart et exclus du BP en octobre 1924. Une conférence nationale extraordinaire les accuse de « frossardisme grossier, individualisme anarchisant, trotskysme mal affiné ».

Avec Delagarde et Monatte, il est exclu du PC pour une « lettre ouverte » dans laquelle ils stigmatisent la destruction de la démocratie interne sous le couvert de la « bolchevisation » du parti.

Rosmer reprend son ancien métier de correcteur d'imprimerie.

Quand Trotsky est expulsé en Turquie, en 1929, Alfred et Marguerite Rosmer-Thévenet le soutiennent en essayant d'organiser une garde pour prévenir un assassinat, et d'obtenir des visas pour des pays plus sûrs. Rosmer s'occupe également de vendre des articles de Trotsky dans la grande presse.

Il fonde avec Monatte le journal La Révolution prolétarienne, que Trotsky désavoue.

Il mène une campagne contre la répression en URSS.

En 1929, il devient rédacteur en chef de l’hebdomadaire la Vérité et en 1930, il participe à la création d'une organisation, la Ligue communiste de France. Des divergences internes apparaissent très vite, en particulier avec le groupe de Raymond Molinier. Il soutient le petit groupe trotskyste dissident La Gauche communiste.
Rosmer se lance dans l'écriture d'une monumentale Histoire du mouvement ouvrier pendant la guerre dont le tome I sort en 1936.

Il reprend contact avec Trotsky en 1936, devient très proche de son fils Lev Sedov qu’il aide dans l’enquête sur les procès de Moscou, puis sur les assassinats de Landau, Andrés Nin et Ignace Reiss.

Trotsky désigne Rosmer comme le tuteur de son petit-fils Sieva. En 1939, Alfred et Marguerite se chargent de convoyer Sieva jusqu'à Coyoacan où réside les Trotsky. Ils séjournent plusieurs mois dans la famille, fréquentent aussi Ramon Mercader, et quittent le Mexique peu avant l’assassinat.

Il s’installe aux États-Unis de 1940 à 1946.

Il demeurait ferme sur ses positions internationalistes, rejetant toute forme d’union sacrée, veillant jalousement à ne pas se compromettre avec le « parti américain » ou le « parti atlantique », se réjouissant de tout ce qui affaiblit le stalinisme, s’indignant de toute identification entre Staline et Lénine .

En 1959, avec l'aide d'une vente par souscription, il sort le tome II de l'Histoire du mouvement ouvrier de Zimmerwald à la Révolution russe. Il ne pourra jamais mener à bien le tome III.

Il se marie avec Marguerite Thévenet qui meurt en 1962, quelques années avant lui.

 

Sources

Alfred Rosmer – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Pierre Broué

Alfred Rosmer - Wikipédia

Responsabilités au PCF

Membre du Bureau Politique, chargé de l’Humanité : 1923 - 1924

Membre de l’Exécutif et du Petit bureau de l’Internationale communiste : 1919 - 1924

Publications

Le Mouvement ouvrier pendant la Guerre. De l’Union Sacrée à Zimmerwald, tome I, Paris 1936,

Le Mouvement ouvrier pendant la Guerre. De Zimmerwald à la Révolution Russe, tome II, Paris, 1959,

Moscou sous Lénine. Les origines du communisme, Paris, 1953,

Correspondance Rosmer-Trotsky, Gallimard, 1982.