Serge July (né à Paris le 27 décembre 1942), fils d’un polytechnicien et d’une couturière dans la haute couture, est élève au lycée Turgot, quand en 1958, il lance le journal de l'établissement.

Directeur Libération

Départ en 1963

Il entre à la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) avec des camarades de classe, comme René Frydman ou Pierre-William Glenn. Il participe aux manifestations contre la guerre d'Algérie et le retour du général de Gaulle au pouvoir, en 1958.

Alors qu'il est étudiant en histoire de l’art à la Sorbonne, il adhère en 1961, à l’Union des étudiants communistes (UEC), alors dirigée par Alain Forner et Pierre Kahn, de la tendance «italienne».

En 1963-1964, il collabore à Clarté, magazine des étudiants communistes : interview de Louis Malle ; étude du théâtre moderne à travers l’œuvre de Samuel Beckett et des ballets de Maurice Béjart ; compte-rendu de lecture de Michel Butor ; analyse sur le phénomène des «copains».

July en est exclu de l’UEC, en 1963.

Il réussit à se faire réformer et peut continuer ses activités syndicales et politiques. En 1965, il est vice-président de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF), chargé de l'information. De 1966 à 1969, il est enseignant au collège Sainte-Barbe, pour les classes prépa. Il participe aux manifestations contre la guerre du Viêt-Nam.

Le 23 mars 1968, il rejoint à Nanterre le comité du Mouvement du 22-Mars. En Mai 68, il fait partie de ceux qui politisent fortement le mouvement, et quitte son poste de professeur (et sa femme). À Nanterre, il anime le bulletin d'information militant Interluttes. C'est dans ce cadre qu'il rencontre pour la première fois, le philosophe Jean-Paul Sartre qui devient directeur de la publication. Cet appui permet d'échapper à la répression que subissent les militants politiques à cette époque (stratégie sera réutilisée lors de la dissolution de La Cause du peuple sous le coup des lois Marcellin).

En août 1968, Serge July et Alain Geismar font un voyage à Cuba où ils sont reçus triomphalement. De retour ils rédigent un livre intitulé Vers la guerre civile : « […] Mai… a remis la société française sur ses pieds… il a remis la révolution et la lutte de classe au centre de toute stratégie. Sans vouloir jouer aux prophètes : l’horizon 70 ou 72 de la France, c’est la révolution… Mai en France, c’est le début d’une lutte de classe prolongée.» Désireux de concrétiser cette prophétie, il est cofondateur de la Gauche prolétarienne (GP) en septembre 1968 (la GP sera auto-dissoute par Benny Lévy en 1973, par crainte d'une dérive terroriste).

En avril 1970, il est responsable de la GP dans le Nord de la France, sous le pseudonyme de Marc. Il succède à Jean Schiavo, après son arrestation pour un attentat contre un bâtiment des Houillères à Hénin-Liétard, le 17 février, en représailles contre la responsabilité des dirigeants des mines dans un coup de grisou qui a fait seize morts à Fouquières-lès-Lens. Le 12 décembre 1970, July est l'un des organisateurs d'un «tribunal populaire» à Lens qui juge de la responsabilité de la direction des Houillères. Sartre y joue le rôle de procureur.

Le 18 juin 1971, il participe au lancement de l'Agence de presse Libération (APL), avec Maurice Clavel et Jean-Claude Vernier.

En avril 1972, il couvre, comme journaliste de La Cause du peuple, l'affaire de Bruay-en-Artois (commune minière du Pas-de-Calais) : la jeune Brigitte Dewèvre, quinze ans et demi, fille de mineur, est découverte morte dans un terrain vague. Sur place, il fait campagne avec les responsables locaux de la Gauche prolétarienne, contre Pierre Leroy, un notaire de la ville, et sa compagne Monique Beghin-Mayeur, et contre ce qu’ils appellent la justice bourgeoise (le notaire inculpé bénéficie d'un non-lieu, en 1974).

En novembre 1972, il est cofondateur, avec Benny Lévy, Jean-Paul Sartre, Maurice Clavel, Philippe Gavi, Jean-Claude Vernier, du quotidien Libération. Sartre pèse pour que le quotidien ne soit pas strictement maoïste. July est ainsi nommé le 6 décembre 1972 «responsable politique» du projet Libération. Le premier numéro de Libération sort le 18 avril 1973. Sartre en est le directeur de la publication et le restera jusqu'au 24 mai 1974. Serge July lui succèdera à cette date.

En mars 1979, Serge July et Jean-Luc Hennig protestent contre les procès qui leur sont intentés pour outrage aux bonnes mœurs et incitation de mineurs à la débauche, en présentant dans Libération, la pédophilie comme un simple fait de société.

Libération, qui se veut un quotidien d'information en rupture avec la presse bourgeoise («Peuple, prends la parole et garde-la») disparaît en février 1981. Serge July déclare la même année : «Le gauchisme et la contre-culture ont cessé d'être des forces créatives.»

En mai 1981, date de la renaissance de Libération, d'un Libération plus modéré, July en devient le gérant. Il est le principal artisan dans ces années, de la transformation du journal situé initialement à l'extrême gauche, vers ce qu'il appelle le « libéral-libertaire ». Les principes fondateurs du journal sont ainsi abandonnés et dès février 1982, les premières pages de publicité apparaissent dans le journal. July justifie alors ce reniement des principes initiaux, par un éloge opportun de la publicité : «Non, Libération ne change pas ; c’est la publicité qui a changé. Elle est un art. On ne sait plus très bien où commence la culture et où finit la publicité. Sans elle, Libération eût été incomplet».

Le 1er janvier 1993, July a un terrible accident de voiture dans lequel il frôle la mort. Son visage est refait. Après cet accident, il commence à s'éloigner de son journal. Il écrit moins. Il se montre peu assidu aux comités de rédaction. Il s’occupe beaucoup plus de ses deux dernières filles.

Depuis 1993, il fait partie du club Le Siècle.

Devenu patron et grande figure de la presse (surnommé «Citizen July»), July est par ailleurs éditorialiste politique sur plusieurs médias : Europe 1 (de 1983 à 1995) ; TF1 (1989 à 1992) ; France 3 (à partir de 1992) ; LCI.

En 1999, la justice française le condamne pour avoir publié des extraits du livre de Mathieu Lindon, Le Procès de Jean-Marie Le Pen, que la justice française juge diffamatoires envers Jean-Marie Le Pen. La Cour européenne des droits de l'homme confirmera cet arrêt en octobre 2007.

Le début des années 2000 est difficile pour Libération : la diffusion chute de 200 000 exemplaires à moins de 135 000. Les différentes recapitalisations échouent à remettre le journal sur les rails, faute de modifications profondes dans la gestion du journal, ce qui aboutit au licenciement de plus de 25 % du personnel en 2006. Le 13 juin 2006, Serge July dément l’éventualité de son départ de Libération «contraint et forcé», demandé par le principal actionnaire de Libération, Édouard de Rothschild, en raison d'une situation financière difficile du journal. Mais le 28 juin 2006, il annonce son départ du journal, salué notamment par un article de Sorj Chalandon dans Libération du 30 juin (1).

De 2006 à 2014, il est éditorialiste sur l'antenne de radio RTL et réalise des films avec sa compagne la productrice Marie Génin.

En 2011, il devient éditorialiste aux Inrockuptibles. À la rentrée 2014, il rejoint Europe 1 pour participer à l'émission Le débat des grandes voix.

«Serge July est un symbole. Symbole de la formidable aventure de presse que fut Libération, seul quotidien français créé depuis la guerre à s’être imposé dans la durée. Titres en forme de jeux de mots, priorité donnée au reportage, sensibilité aux phénomènes de société, traitement ironique de la politique : de 1973 à 2006, il a piloté le laboratoire unique d’un journalisme déjà émancipé des partis politiques, mais pas encore passé sous la coupe de l’audimat. Avec ses éditoriaux et ses chroniques dans les médias audiovisuels, Serge July a accompagné plus de trois décennies de vie politique française, de l’ère Mitterrand jusqu’à aujourd’hui. » (Eric Aeschimann, France Culture, 23/04/2012),

 

Sources

Serge July - Wikipédia

Citizen July, Marion Van Renterghem, Le Monce, 15.06.2006.

Responsabilités au PCF

Aucune - Rédacteur à Clarté

Publications

- Ecrits

Vers la guerre civile, avec Alain Geismar et Erlyn Morane, Lattès chez Denoël, 1969.

Dis maman, c'est quoi l'avant-guerre ?, Alain Moreau, 1980.

Les Années Mitterrand, Grasset, 1986.

La Drôle d'année, Grasset, 1987.

Le Salon des artistes, Grasset, 1989.

La Diagonale du Golfe, Grasset, 1991.

Un Nouveau monde, l'album pour les 20 ans de Libération, 1993.

Entre quatre z'yeux, en collaboration avec Alain Juppé, Grasset, 2001.

Gérard Fromanger, Cercle d'Art, 2002.

Faut-il croire les journalistes ?, avec Philippe Gavi, Edwy Plenel et Jean-François Kahn, Éditions Mordicus, 2009.

Dictionnaire amoureux du journalisme, Plon, 2015.

- Documentaires

Il était une fois… Tchao Pantin, film diffusé sur France 5 le 18 mai 2003.

Il était une fois… Le Dernier Tango à Paris, film de 2004.

Il était une fois… Tess, film de 2006 diffusé sur Arte le 16 mars 2007.

Empreintes - Dany Cohn-Bendit, agitateur depuis quarante ans, film de 2007 diffusé sur France 5 le 27 mars 2008.

Empreintes - Agnès de A à b, film de 2009 diffusé sur France 5 le 17 avril 2009 à 20 h 35.

Notes

(1) C’était il y a mille ans, Sorj Chalandon, Libération, 30 juin 2006.