Antoine Vitez (né à Paris le 20 décembre 1930 et mort à Paris le 30 avril 1990) fait sa scolarité au lycée Buffon, dans le XVe arrondissement de Paris.  

Directeur de Chaillot

Départ en 1979

Son  père est jardinier puis, après-guerre, devient photographe. Sa mère, née Mortreux, a brièvement enseigné le français en Angleterre, puis est enseignante dans une école normande. Tous deux sont anarchistes militants et se sont rencontrés dans un groupe libertaire.

Antoine Vitez fréquente, à partir de 1946, les cours de russe dispensés au lycée Louis-le-Grand, à Paris. En 1948, il obtient son baccalauréat et s’inscrit à l’école des Langues orientales option russe. Il pense un temps devenir traducteur.

Il est attiré par le théâtre, mais en 1950, il échoue au concours d’entrée au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris. Il s’inscrit alors en 1951, aux cours de Tania Balachova

Dans les années cinquante, Vitez fréquente les réunions de France-URSS et devient lecteur régulier de la presse soviétique. En 1953, il devient chroniqueur régulier au Théâtre populaire, ainsi qu’aux Lettres françaises.

L’année suivante, Robert Voisin lui confie le poste de rédacteur en chef de Bref, revue du Théâtre populaire. Plus tard, il entre également au comité de rédaction de la revue Europe

Il adhère au PCF en 1957 et affirmera : « Mon adhésion au communisme est née de ce désir de rejeter l’incrédulité, le doute. Du plaisir de la fraternité, du plaisir de croire avec les autres.»

Durant la guerre d’Algérie, le couple Vitez noue des liens d’amitiés avec des militants « porteurs de valises ».

Au chômage, Vitez traduit les huit tomes de Don Paisible, œuvre de Cholokhov, travail qu’il achève plusieurs années plus tard, en 1964. Egalement germanophone et helléniste, il traduit notamment la pièce de Rudolf Leonhard, Les Otages, ainsi que des textes en grec ancien (Electre, …).

Louis Aragon lui propose en mai 1959 de devenir son secrétaire particulier. Vitez, qui songe alors à abandonner le théâtre, accepte. Il participe ainsi à l'écriture du volume de l'Histoire parallèle des U.S.A. et de l'U.R.S.S.: 1917-1960 consacré à l'URSS, signé Aragon ; le volet consacré aux USA étant signé André Maurois.

Vitez voyage, dès 1960, en Union soviétique, où il fait la connaissance de Lili Brik, ancienne compagne de Vladimir Maïakovski et sœur d’Elsa Triolet. Vitez se voit alors confier le soin de traduire certaines des œuvres de Maïakovski. Lors de son séjour en URSS, et afin de collecter la documentation nécessaire à Louis Aragon, il lit l’intégralité des collections de la Pravda et des Izvestia. Aussi affirme-t-il plusieurs années plus tard qu’Aragon a été son « université ».

Au début des années 1960, Vitez ne parvient toujours pas à percer comme comédien. Mais pour la saison 1962-1963, il est régisseur littéraire au Théâtre quotidien de Marseille puis, après la faillite du théâtre marseillais, devient responsable de l’organisation de lectures au Théâtre-Maison de la Culture de Caen (Calvados) en 1963-1964. C’est dans ce même théâtre qu’il réalise, en 1966, sa première mise en scène : un Electre de Sophocle qu’il avait lui-même traduit.

Louis Aragon publie, en juin 1964, dans Les Lettres françaises, des poèmes de Vitez.

En 1968, il devient professeur au Conservatoire national supérieur des arts dramatiques de Paris (au concours duquel il avait échoué en tant qu’élève).

De 1972 à 1974, il assure, avec Jack Lang, la codirection artistique du Théâtre national de Chaillot. En ce lieu, comme au Théâtre des Quartiers d’Ivry, l’action d’Antoine Vitez se place sous le signe de ce qu’il avait théorisé comme un « théâtre élitaire pour tous », alliant l’exigence culturelle et artistique au désir de démocratisation et d’accessibilité de ses représentations.

En 1979, Vitez quitte le PCF. Dans une tribune publiée par Le Nouvel Observateur, il s’en explique en invoquant en premier lieu l’intervention soviétique en Afghanistan et la position du PCF sur ce sujet. Dans cette même déclaration, il confie par ailleurs son malaise à l’idée de donner à ses contemporains « l’image d’un intellectuel qui promène sa fidélité à cette culture qu’est le parti communiste, à cette maison que représente le parti communiste et qui, dans le même temps, souffre de cette fidélité. Cette image du déchirement accepté, les dents serrées, de l’homme qui emportera dans sa tombe ses silences et ses larmes refoulées ». S’il quitte effectivement le Parti communiste, Vitez n’en demeure pas moins toujours proche des cercles militants, notamment via les liens d’amitié qui le lient à Jack Ralite.

En 1971, il propose à la ville d'Ivry d'y fonder le Théâtre des Quartiers d'Ivry. Il y monte les pièces d'avant-garde de René Kalisky, de Pierre Guyotat, des pièces classiques, des adaptations de romans, et y accueille les réalisations de jeunes metteurs en scène. Mais, malgré le succès et l'afflux du public, les subventions nécessaires tardent à arriver et le théâtre est mis en faillite.

Sa mise en scène du Partage de midi au théâtre Marigny en 1975, reçoit un tel succès qu'elle est reprise à la Comédie-française l'année suivante.

En 1981, à la suite de l'élection de François Mitterrand, Vitez est nommé directeur du Théâtre de Chaillot. Il monte pour le festival d'Avignon la version intégrale du Soulier de satin de Claudel.

En 1988, il est nommé administrateur de la Comédie-française.

Il est aussi acteur de théâtre, de 1949 à 1988, souvent dans sa propre mise en scène.

Il se marie le 30 avril 1953 avec Agnès Vanier, comédienne et marionnettiste, ancien premier prix de tragédie au Conservatoire de Bruxelles. Ils ont deux filles, Jeanne, devenue comédienne, et Marie, marionnettiste.

 

Sources

Antoine Witez - Wikipédia

Antoine Vitez – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Julien Lucchini

Œuvres

Mise en scène

Électre de Sophocle (dans sa propre traduction), Théâtre-Maison de la culture de Caen,

Les Bains de Vladimir Maïakovski, Théâtre-Maison de la culture de Caen,

Le Dragon d'Evgueni Schwarz, Grenoble, Saint-Étienne, Bourges,

La Mouette d'Anton Tchekhov, Théâtre du Midi Carcassonne,

Andromaque de Racine, Théâtre de la Cité internationale, Théâtre des Amandiers,

Mère Courage de Bertolt Brecht, Théâtre des Amandiers, Théâtre des Quartiers d'Ivry,

Vendredi ou la Vie sauvage d'après le roman de Michel Tournier, Théâtre national de Chaillot,

Phèdre de Racine, Théâtre des Quartiers d'Ivry, Festival d'Avignon,

Partage de midi de Paul Claudel, Comédie-Française,

Le Tartuffe de Molière, Théâtre de la Satire Moscou,

Les Burgraves de Victor Hugo, Théâtre des Quartiers d'Ivry, Théâtre de Gennevilliers,

La Rencontre de Georges Pompidou avec Mao Zedong, Théâtre des Quartiers d'Ivry,

Le Revizor de Nicolas Gogol, Théâtre des Quartiers d'Ivry,

Britannicus de Racine, Théâtre national de Chaillot,

L'Orfeo de Claudio Monteverdi, livret d'Alessandro Striggio, Théâtre national de Chaillot,

La Voix humaine de Jean Cocteau, Théâtre national de Chaillot,

Hamlet de William Shakespeare, Théâtre national de Chaillot,

La Mouette d'Anton Tchekhov (dans sa propre traduction), Théâtre national de Chaillot,

L'Écharpe rouge roman opéra d'Alain Badiou, Opéra de Lyon, Festival d'Avignon, Théâtre national de Chaillot,

Hernani de Victor Hugo, Théâtre national de Chaillot, tournée,

Ubu roi d'Alfred Jarry, Théâtre national de Chaillot,

Lucrèce Borgia de Victor Hugo, Théâtre national de Chaillot, Festival d'Avignon,

Pelléas et Mélisande opéra de Claude Debussy, Scala de Milan,

L'Échange de Paul Claudel, Théâtre national de Chaillot,

Le Soulier de satin de Paul Claudel, Festival d'Avignon, Théâtre national de Chaillot,

Otello opéra de Verdi, Opéra de Montréal,

La Vie de Galilée de Bertolt Brecht, Comédie-Française.

Acteur

La Guerre est finie d'Alain Resnais, 1966,

Ma nuit chez Maud d'Éric Rohmer, 1969,

L'Aveu de Costa-Gavras, 1970,

La Chambre verte de François Truffaut, 1978,

Je parle d'amour de Madeleine Hartmann-Clausset, 1979,

Hiver 54, l'abbé Pierre de Denis Amar, 1989.

Honneurs

Le Théâtre des Quartiers d’Ivry devient en 1990, après sa mort, le Théâtre Antoine-Vitez.