Juliette Gréco (née à Montpellier (Hérault) le 7 février 1927) est élevée avec sa sœur par ses grands parents, à Talence (Gironde).

Comédienne

Quitte le PCF en 1945

Sa mère vit alors le plus souvent à Paris ; son père les a quittées. Après la mort de leurs grands-parents, les deux sœurs rejoignirent leur mère dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, à Paris. À onze ans, Gréco rentre à l’école de danse de l’Opéra de Paris (en 1939, elle est petit rat à l'Opéra Garnier).

En 1939, la famille quitte Paris et s’installe près de Bergerac dans le Périgord. Sa mère travaille dès 1940, pour le réseau Résistance Sud. Elle est arrêtée en Dordogne par la Gestapo, le 8 septembre 1943.

De retour à Paris, quelques semaines après l’arrestation de leur mère, les deux sœurs sont à leur tour arrêtées et envoyées à la prison de Fresnes. Juliette Gréco, seize ans, est libérée au bout de trois semaines, marquée par sa détention. Sa mère et sa sœur aînée Charlotte sont envoyées à Ravensbrück. Elles ne reviendront de déportation qu'en 1945, après la libération du camp par l'Armée rouge.

À sa sortie de prison, Juliette Gréco se réfugie chez Hélène Duc, son professeur de français de Bergerac et amie de sa mère. Elle loge ainsi dans une pension peuplée d’artistes et d’intellectuels. Hélène Duc lui fait suivre des cours d'art dramatique. Devenue apprentie comédienne, Juliette Greco participe à la création du Soulier de Satin de Paul Claudel, mis en scène par Jean-Louis Barrault, en novembre 1943, à la Comédie française. Trois ans plus tard, elle décroche son vrai premier rôle de comédienne dans Victor ou les enfants au pouvoir de Roger Vitrac, au théâtre de la Gaîté Montparnasse.

Après la Libération de Paris, elle entre aux Jeunesses communistes. Dans son autobiographie parue en 1982, elle écrit : « Jujube décide de s’inscrire aux Jeunesses communistes. Le communisme lui semble être, à cette époque, l’unique moyen de donner un sens à la vie qui lui est offerte. De la justifier. Combattre pour la victoire, pour elle, avec les autres. Pour les autres. Dans sa mémoire, toutes fraîches, les blessures de la torture traînent encore. Le sang versé est rouge. Nos héros sont, ont été ou seront, deviendront communistes ».

Elle aménage, à l’intérieur d’une librairie, une permanence pour les Jeunesses communistes du VIe arrondissement : « Jujube milite et vend L’Avant-garde. Jujube écoute parler Pierre Hervé, Pierre Courtade, Jujube a la haine de l’injustice ». Ne pouvant régler la cotisation qui lui est réclamée, elle décide de quitter les JC au bout de quelques mois.

En mai 1945, elle retrouve à l’hôtel Lutetia, rentrées de leur déportation à Ravensbrück après leur transfert au camp d’Holleischen en Tchécoslovaquie, sa sœur Charlotte puis sa mère (celle-ci ne lui adresse pas la parole).

Après la guerre, Maurice Merleau-Ponty apprend à Juliette Gréco les principes de l’existentialisme. Il lui présente Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. En 1946, c’est Boris Vian qui lui rend « l’usage de la parole », elle qui est restée longtemps silencieuse par trop de souffrances enfouies. La même année, elle rencontre Jacques Prévert. Parmi ses textes de chansons, il lui offre : Je suis comme je suis et Les feuilles mortes. Plus tard en 1951, elle enregistre également A la belle étoile, Embrasse-moi et Les enfants qui s’aiment.

En 1947, au Tabou, où passe tous soirs Boris Vian, Juliette Gréco devient une célébrité. Cette année marque aussi pour elle, les débuts d’une carrière cinématographique.

Sartre écrit un texte pour elle : La rue des Blancs-Manteaux. Kosma lui donne ses premières leçons de chant. Elle chante ensuite Brassens en 1954.

Elle essuie plusieurs interdictions radiophoniques et télévisuelles dans les années 1970 pour la Vieille de Jacques Brel et Déshabillez-moi.

Sa popularité grandit avec le rôle de Belphégor qu’elle incarne dans le feuilleton policier du même nom, diffusé en 1965. En 1966, elle partage l’affiche du TNP au Palais de Chaillot avec Georges Brassens pendant un mois. Déshabillez-moi devient un succès radiophonique

en 1968.

Attentive au mouvement de Mai 68, elle héberge chez elle, rue de Verneuil, pendant une semaine, Alain Krivine, leader de la Ligue communiste révolutionnaire, menacé d’arrestation.

Le 1er décembre 1972, elle participe à un grand meeting de l’Union de la gauche au Parc des Expositions.

Elle apporte son soutien à François Mitterrand dans ses trois campagnes présidentielles en 1974, 1981 et 1988.

En 1981, son nom figure à côté de ceux de Jean Ferrat, Maurice Fanon, Isabelle Aubret, Jean Effel ou Marc Ogeret sur la liste de soutien aux candidats du PC aux législatives.

Par ailleurs, elle signe de nombreuses pétitions et défend de nombreuses causes : paix, homosexualité, sans-papiers. Elle chante à la Fête de l’humanité (1999) et à la fête de Lutte ouvrière (2001).

En 1947, elle a une liaison avec Miles Davis. Au début des années 1960, elle a une relation avec le producteur américain Darryl F. Zanuck, juste après avoir rompu avec Sacha Distel.

En 1954, elle se marie avec le comédien Philippe Lemaire ; ils ont une fille, Laurence-Marie. Elle se marie avec Michel Piccoli en 1966 et avec le compositeur Gérard Jouannest en 1989.

 

Sources

Juliette Gréco – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Cécile Prévost-Thomas

Juliette Gréco - Wikipédia

Publications

Si tu t'imagines, poème de Raymond Queneau mis en musique de Joseph Kosma, 1950,

La Fourmi, poème de Robert Desnos mis en musique par Joseph Kosma, 1950,

Les Feuilles mortes, paroles de Jacques Prévert et musique de Joseph Kosma, 1951,.

Sous le ciel de Paris, paroles de Jean Dréjac et musique d’Hubert Giraud, 1951,

Je hais les dimanches, paroles de Charles Aznavour et musique de Florence Véran, 1951,

Chanson pour l'Auvergnat, paroles et musique de Georges Brassens, 1955,

Il n'y a plus d’après, paroles et musique de Guy Béart, 1960,

Jolie Môme, paroles et musique de Léo Ferré, 1961,

Paris Canaille, paroles et musique de Léo Ferré, 1962,

La Javanaise, paroles et musique de Serge Gainsbour, 1963,.

Déshabillez-moi, paroles de Robert Nyel et musique de Gaby Verlor, 1967,

La Chanson des vieux amants, paroles de Jacques Brel, musique de Gérard Jouannest, 1971,

La Chanson de Prévert, paroles et musique de Serge Gainsbourg, 2006.

Honneurs

Commandeur de la Légion d'honneur Commandeur de la Légion d'honneur (2012); officier (2002); chevalier (1984),

Grand officier de l'ordre national du Mérite (2015) ; commandeur (2006) ; officier (1999)

Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres, 2016,

Prix Édith-Piaf d'interprétation de Deauville pour la chanson Je hais les dimanches (paroles, 1951,

Grand prix du disque pour la chanson Romance, 1952,

Grand prix de l'Académie Charles-Cros pour l'album Gréco chante Mac, 1964,

Médaille d'or de la Sacem pour ses soixante ans de carrière, 2009.