À l’âge de dix-huit ans, Marcel Cretagne (né à Paris le 29 août 1915, mort à Tours (Indre-et-Loire) le 14 mai 1983), son père mort à la guerre de 14-18 et sa mère remariée, s’engage dans la Marine pour trois ans. En 1935, il épouse Paulette Cottereau, employée dans une blanchisserie.

Groupe Valmy

Exclu en 1946

Rendu à la vie civile en septembre 1936, Marcel trouve une place de chaudronnie se mettre au service du parti. Une identité d’emprunt et des faux papiers lui sont procurés, ainsi qu’un emploi de balayeur au lycée Claude Bernard à Paris. Focardi lui propose de participer à la formation d’un commando punitif chargé d’exécuter d’anciens dirigeants du PCF passés à la collaboration, le détachement Valmy ou Groupe Valmy. Placés sous la responsabilité de Marius Bourbon, lui-même contrôlé par le responsable national aux Cadres, autrement dit par la direction du PCF (Benoît Frachon, Jacques Duclos). Ils constituent ensemble avec Emile Bevernage, le premier noyau du groupe Valmy. Chaque membre du groupe était désigné par le nom d’une ville française : Cretagne reçut le pseudonyme de «Marcel Tours». Cretagne sera de plus responsable du groupe Charles Michels, à l’intérieur du Groupe Valmy.

C’est ainsi que le 4 septembre 1941 dans une rue des Lilas, il tue d’un coup de revolver l’ancien secrétaire à l’organisation du PCF, Marcel Gitton, qui avait basculé dans la collaboration et s’était lancé dans une vaste opération de débauchage des cadres communistes emprisonnés. C’est encore lui qui le 17 mars 1942, toujours sur ordre du parti,  exécute Georges Déziré dans la cave d’un pavillon de Chatou, après un interrogatoire musclé. Mais Déziré n’a jamais trahi et a été officiellement réhabilité en 1970.

Marcel Cretagne participe à la plupart des actions du groupe Valmy, comme l’attaque à la grenade d’un détachement de la Wehrmacht rue d’Hautpoul, à Paris en août 42 ou les attentats à la bombe contre les bureaux des permissionnaires allemands à la gare Montparnasse et à la gare de l’Est. Sa participation à vingt-sept actions importantes est homologuée après la guerre. Il est arrêté le 27 octobre 1942 par des inspecteurs de la BS2 en compagnie de Solange Welter, son agent de liaison, suite à la capture de plusieurs membres du groupe Valmy (Lucien Magnan, Marius Bourbon, René Belloni, etc...). La police française le livre aux Allemands qui l’internent à Fresnes, puis à Romainville, avant de le déporter à Mauthausen le 27 mars 1943, avec seize membres du Groupe Valmy. Il y est tenu à l’écart de l’organisation clandestine du parti en raison des écarts de conduite que lui reprochent ses camarades (fréquentation du milieu, etc …).

À la libération du camp, il se porte volontaire pour aider à soigner ses co-détenus du « camp russe », le Block 6. Il y contracte le typhus. Transporté à l’hôpital de Linz, il se fait rapatrier en France par avion. Il est admis à l’hôpital Bichat le 31 mai 1945. Il ne pèse plus que 32 kg. Sa femme Paulette qui a été déportée à Ravensbrück, rentre en juillet.

Une fois rétabli, Marcel Cretagne est réembauché chez Caudron.

Cretagne est exclu du PCF en 1946, à l’issue de l’instruction de l’affaire Valmy par la Commission centrale de contrôle politique du PCF (CCCP). Il lui est reproché «une affaire d’arrestation, une liaison avec un exclu, la fuite en zone sud», d’être «lié au milieu du Bd Sebastopol», de «trafiquer en tout» et de «passer son temps libre dans les cafés de ce quartier».

Durant son travail de chaudronnier chez Caudron, affaibli, Cretagne a fréquemment des malaises. Il finit par donner son congé pour prendre une place de chasseur à la Gaieté-Lyrique, boulevard Sébastopol. Au milieu des années cinquante, il est atteint de tuberculose et doit effectuer un long séjour en sanatorium, à l’issue duquel il est pensionné. Sa femme a obtenu un emploi réservé à la Manufacture des Tabacs de Charenton qu’elle occupe pendant quinze ans.

Sources

Marcel Cretagne – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Jean-Pierre Ravery

Marcel Cretagne - Wikipedia

Honneurs

Officier de la Légion d’Honneur

Croix de Guerre

Croix du combattant volontaire de la Résistance.

Bibliographie

Liquider les traîtres : La face cachée du PCF 1941-1943, Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Paris, Robert Laffont