Marin Karmitz (né à Bucarest (Roumanie) le 7 octobre 1938) suit sa scolarité, d'abord au Lycée du Parc impérial de Nice, puis au Lycée Carnot à Paris.

 

 Membre de l'UEC

Quitte l'UEC pour la GP

Fuyant l'antisémitisme du régime Antonescu et le communisme imposé par l’Armée rouge, ses parents s’installent en 1947, à Nice (son père est un industriel et l’une des grandes fortunes de Roumanie). (1)

À Paris, il passe son bac et rentre à l'IDHEC, en 1957.

Après son bac, il opte pour un métier artistique, comme le souhaite sa mère, et intègre en 1954, l'Institut Des Hautes Études Cinématographiques (IDHEC, actuelle FEMIS). Il échoue au concours de metteur en scène mais réussit celui de chef-opérateur.

A quinze ans, il adhère aux Jeunesse communistes. Puis il milite à l’UEC (2).

En juillet 1963, Marc Kravetz (avec Jean Peninou), tenant de la gauche syndicale, entre au Bureau national de l’UNEF ; il en démissionne en janvier 1965, faute de pouvoir imposer sa stratégie au mouvement étudiant, à savoir la transformation de l’UNEF en un syndicat calqué sur un syndicat ouvrier, et le recentrage sur les conditions du travail universitaire.

Après l’interdiction de la Gauche Prolétarienne, Karmitz héberge chez lui, pendant plusieurs semaines Serge July devenu clandestin ; il sert pendant un moment, d’agent de liaison. Il travaille comme photographe de l’Agence de presse Libération (APL).

Dans la foulée de Mai 68, à son époque maoïste de la Gauche Prolétarienne, Marin Karmitz signe trois longs métrages "révolutionnaires": Sept jours ailleurs (1968), Camarades (1969) et Coup pour coup (1972), ce dernier consacré à une grève dans une usine textile.

Après l’IDHEC, Karmitz devient chef opérateur et débute comme stagiaire de la réalisatrice Yannick Bellon. Il devient le plus jeune premier assistant réalisateur de France en 1959, à 21 ans, en travaillant sur Merci Natercia, un film sur commande de Pierre Kast.

Son travail est ensuite remarqué sur Les Honneurs de la guerre de Jean Dewever en 1960, ce qui permet de décrocher un poste d'assistant sur le film d'Agnès Varda, Cléo de 5 à 7. Sur le tournage du film, il croise Jean-Luc Godard, qui lui confie le poste d'assistant sur le segment La Paresse du film Les Sept Péchés capitaux en 1962.

Il réalise en 1964 son premier court-métrage de fiction, Nuit noire, Calcutta, d'après un scénario de Marguerite Duras, puis il adapte la pièce de théâtre Comédie avec Samuel Beckett en 1965, pièce qui fait scandale au festival de Venise en 1966.

Karmitz crée sa maison de production mk2 productions en 1967, d'abord exclusivement consacrée aux courts métrages.

Ses productions rencontrant des problèmes de diffusion, il décide en 1974 de devenir lui-même distributeur, en créant MK2 diffusion, et exploitant, en ouvrant sa première salle place de la Bastille (le 14-Juillet Bastille, futur MK2 Bastille), inaugurée le 1er mai 1974. Ses activités de production, distribution et exploitation sont unifiées sous le nom MK2 en 1998.

Marin Karmitz a produit et coproduit plus de quatre-vingt films, en a distribué plus de trois cents et a créé un circuit de dix complexes cinématographiques à Paris, le troisième de la capitale en termes d’importance avec un total de soixante-cinq écrans, de cinq millions de spectateurs annuels et 17 % de part de marché Paris intramuros.

MK2 figure aujourd’hui parmi les quatre principaux groupes cinématographiques français et est présent dans les différents secteurs de l'audiovisuel avec un catalogue de droits de plus de 500 titres (dont Charlie Chaplin, François Truffaut, Krzysztof Kieślowski, Claude Chabrol, Abbas Kiarostami, Gus Van Sant…), une production cinéma et télévisuelle, et une filiale d’édition vidéo avec plus de 400 titres.

En octobre 2005, Marin Karmitz confie la direction générale du groupe MK2 à son fils Nathanaël.

Après l'échec commercial de quatre films en 2012, Marin Karmitz annonce en février 2014 vouloir cesser la production de films. Il explique que le cinéma français a baissé de qualité et « est de plus en plus replié sur lui-même sur des problématiques de petits bourgeois. »

Depuis sa création en 2004, il est vice-président de la Chambre philharmonique, orchestre sur instruments d'époque créé et dirigé par Emmanuel Krivine.

Il est marié à la psychanalyste Caroline Eliacheff, avec laquelle il a deux enfants..

 

Sources

Marin Karmitz – Wikipédia

Marin Karmitz -  République des Lettres

Génération, Hervé Hamon et Patick Rotman, Editions du Seuil, 1988.

Honneurs

Commandeur des Arts et des Lettres,

Officier de la Légion d'honneur,

Commandeur de la Légion d'Honneur, 2017

Officier de l'Ordre national du Mérite,

Prix Georges de Beauregard du meilleur producteur de cinéma, 1988

Délégué général du Conseil de la création artistique, créé le 13 janvier 2009 par Nicolas Sarkozy

Publications

-- Réalisation longs métrages :

Sept jours ailleurs, 1968

Camarades, 1970

Coup pour coup, 1972

-- Producteur ou coproducteur

1965 : Adolescence, Vladimir Forgency

1974 : Voyage en Grande Tartarie, Jean-Charles Tacchella

1975 : Viva Portugal, Gerhard Schirmbeck et Serge July

1977 : Padre padrone, Paolo et Vittorio Taviani (Palme d'or au Festival de Cannes)

1978 : L'Amour violé, Yannick Bellon

1979 : Simone de Beauvoir, Josée Dayan et Malika Ribowska

1980 : Le Saut dans le vide, Marco Bellocchio

1981 : Sauve qui peut (la vie), Jean-Luc Godard

1981 : Regards et Sourires, Ken Loach

1982 : La Nuit de San Lorenzo, Paolo et Vittorio Taviani

1982 : Travail au Noir, Jerzy Skolimowski   

1983 : Le Mur, Yilmaz Güney

1985 : Kaos de Paolo et Vittorio Taviani

1985 : No Man's Land d'Alain Tanner

1985 : Poulet au vinaigre, Claude Chabrol

1986 : Mélo, Alain Resnais

1986 : L'Apiculteur, Théo Angelopoulos

1987 : La Storia, Luigi Comencini

1987 : Au revoir les enfants, Louis Malle

1988 : La vie est un long fleuve tranquille, Etienne Chatiliez

1992 : Riens du tout, Cédric Klapisch

1993 : Mazeppa, Bartabas

1993 : Trois couleurs : Bleu, Krzysztof Kieślowski

1994 : Trois couleurs : Blanc, Krzystof Kieslowski

1994 : Trois couleurs : Rouge, Krzystof Kieslowski

1996 : Gabbeh, Mohsen Makhmalbaf

1997 : Les Médiateurs du Pacifique,Charles Belmont

1998 : La Pomme, Samira Makhmalbaf

1999 : Le vent nous emportera, Abbas Kiarostami

2000 : Code inconnu, Michael Haneke

2001 : La Pianiste, Michael Haneke

2003 : La Femme est l'avenir de l'homme, Hong Sang-soo

2007 : Paranoid Park, Gus Van Sant

2008 : L'Heure d'été, Olivier Assayas

2010 : Vénus Noire, Abdellatif Kechiche

2012 : Sur la Route, Walter Salles

2012 : Après mai, Olivier Assayas

-- Littérature

Bande à part (mémoires), Paris, Grasset, 1995

Profession producteur (entretiens avec Stéphane Paoli), Paris, Hachette Littérature, 2003

Notes

(1) «L'histoire de Marin Karmitz a commencé en Roumanie, en 1938. Avec une chance : son père est l'un des hommes d'affaires les plus riches du pays. Et une malchance : être juif dans un pays pro-nazi dès 1940. Marin Karmitz se rappelle avoir vu arriver des émeutiers portant de grands récipients de vitriol, avec l'intention de dissoudre son père... Durant ces années, son père achète la survie de sa famille à coups de wagons de marchandises. En 1945, ce sont les communistes qui prennent le relais de la persécution. En 1947, alors qu'il n'a que 9 ans, la famille quitte Bucarest. Un train pour Constanza, un port sur la mer Noire, puis un bateau. Des escales à Istanbul, Beyrouth, Haïfa, Naples. Chaque fois, les juifs sont interdits de descente. A Haïfa, les Britanniques ouvrent le feu. Les Karmitz parviennent à mettre pied à terre à Naples, mais doivent remonter. La fuite s'achève finalement à Marseille.» Étienne Gernelle, Le Point, 06/09/2007.

(2) «Dans ma jeunesse, j'avais appartenu au Parti Communiste... dont j'avais été exclu. J'avais alors renoncé à militer. Mai 68 a balayé toute cette parole pesante du Parti et c'est ce qui m'a donné à nouveau envie de reprendre une activité militante. On oublie souvent qu'il y avait plusieurs mouvements en mai 68, plusieurs tendances. Il fallait choisir ses amis. Je me suis tourné vers le groupe de Nanterre et du 22 mars emmené par Daniel Cohn Bendit, justement car je n'y retrouvais pas les vieilles lunes que j'avais connues au PCF.» Les Echos, 2018