Etienne Grumbach, (né à Paris en 1939, mort à Paris le 17 août 2013), fait sa scolarité au lycée Janson de Sailly, à Paris.

Avocat

Exclu de l'UEC en 1966

Après un premier échec, il passe avec succès son baccalauréat en 1958. Il obtient d’abord un DES d’économie puis une licence de droit en 1962, un diplôme d’études supérieures de sciences politiques en 1964, à Alger.

Entraîné par son oncle, Pierre Mendes France, Grumbach adhère à l’Association parisienne des étudiants radicaux socialistes (APERS) dont il est président de la section lycées puis vice-président (1958). Au lycée Janson de Sailly, il met en musique, en compagnie de Jean-Paul Ribes, l’unité entre jeunes chrétiens et jeunes communistes, au sein d’un «comité pour la paix en Algérie». André Senik, représentant des «prépas» au bureau national de l’Union des étudiants communistes (UEC), convainc les deux amis de participer au VIe Festival mondial de la jeunesse démocratique (FMJD), à Moscou (28 juillet-6 août 1957).

Grumbach suit ensuite Pierre Mendes France au Parti socialiste autonome (PSA), en 1958 puis au Parti socialiste unifié (PSU), en 1960.

Anticolonialiste, il participe à plusieurs rencontres impliquant les réseaux d’aide aux Algériens. Dans la foulée du putsch d’Alger (22 avril 1961), il contribue fin 1961, avec notamment Laurent Schwartz, Pierre Vidal Naquet, Alain Krivine, Jean-Louis Peninou et Bernard Kouchner au lancement du Front universitaire antifasciste (FUA).

Après les accords d’Évian en mars 1962, Grumbach et Jean-Paul Ribes partent dès juillet, en Algérie pour y travailler. Compte tenu de ses compétences dans le tourisme, Grumbach intègre d’abord l’Office du tourisme algérien en cours de constitution. Il est ensuite embauché à l’Institut de la planification, en tant que formateur, rejoignant ainsi Jean-Paul Ribes. Dans ce cadre, ils invitent Ernesto Che Guevara, le leader cubain, comme conférencier auquel ils servent de traducteurs (juin 1963). Celui-ci les invite à Cuba et ils y restent trois semaines, après lesquelles ils rentrent en Algérie. Aux rencontres de Sidi Ferruch (été 1964), Grumbach fait connaissance de Robert Linhart et de son épouse, auxquels il fait visiter l’Algérie des campagnes. Les deux hommes se lient amitié.

À la fin 1964, il décide de s’engager aux Jeunesses communistes et à l’Union des étudiants communistes (UEC). Il est membre du comité de rédaction du nouveau Clarté, organe de l’UEC, sous le pseudonyme G. Tiennot. Face aux militants d’extrême droite, il défend les locaux de Clarté, en compagnie de Pierre Goldman, responsable du service d’ordre de l’UEC.

Après l’éviction de la direction italienne de l’UEC par le PCF, il est en 1966, aux côtés de Robert Linhart et Benny Lévy, l’un des huit fondateurs de l’Union des jeunesses communistes marxistes léninistes (UJCML).

Après la dissolution des organisations d’extrême gauche (12 juin 1968) par le ministre de l’Intérieur Marcelin, les divergences internes conduisent à l’éclatement de l’UJCML. Grumbach fait partie de ceux qui dénoncent les risques de militarisation de l’organisation.

Il participe, à la suite de Mai 68, au mouvement dit «des établis», en allant travailler à l’usine Citroën du quai de Javel, à Paris.

A l’automne 1969, avec Roland Castro, il crée l’organisation Vive la Révolution (VLR), mouvement qui se définit comme «mao libertaire» «bolchevo rigolard». VLR décide de se dissoudre au printemps 1971.

En 1972, il reprend des études et obtient un DES de droit privé, option droit social, et décroche le CAPA avec une prestation de serment en tant qu’avocat, le 13 décembre 1972 (son oncle Pierre Mendès-France lui fait alors cadeau de sa robe).

Après son inscription au barreau de Versailles (Yvelines), il est l’un des quatre défenseurs, en décembre 1974, de Pierre Goldman, accusé du meurtre de deux pharmaciennes lors d’un cambriolage, accusation dont il est finalement acquitté en appel.

Par la suite, il abandonne le pénal et se spécialise dans le droit social et la défense des salariés ou des syndicats. Il travaille de manière étroite avec les responsables du service juridique confédéral de la CFDT. Grumbach travaille aussi pour la CGT et tous les syndicats non liés au patronat.

Grumbach s’est rapproché dans les années quatre-vingt-dix de l’Union générale des travailleurs de la Guadeloupe (UGTG) assurant la formation juridique de ses militants. Présent en Guadeloupe en 2009, lors du conflit qui secoue l’île, il apporte son soutien juridique et de négociateur, au LKP (Collectif contre l'exploitation outrancière).

A partir de 2008, avec quatre jeunes avocats, Grumbach entreprend, en lien avec la journaliste Dominique Simonnot, de réhabiliter les mineurs, victimes de la répression lors des grèves de 1948. Ils obtiennent de la Cour d’appel de Versailles en mars 2011, la reconnaissance du caractère discriminatoire et abusif du licenciement de 17 mineurs, avec annulation de leur révocation. Cette procédure entraîne la réhabilitation officielle des mineurs par l’État français en 2014, sous l’impulsion de Christiane Taubira, ministre de la Justice. Et en septembre 2016, a lieu la cérémonie de réintégration sous la présidence de François Hollande.

S'intitulant lui-même «avocamarade», il entame en 2011 une collaboration régulière avec le journal L'Humanité, y publiant chaque lundi une chronique judiciaire (l’Humanité selon ses dires, « l’un des deux seuls journaux de lutte, avec les Échos » !)

Grumbach est aussi un formateur ; il monte tout un réseau d’avocats en droit social, les "bébés Grumbach", autour d’un site internet (Loysel), qui recense les actes juridiques susceptibles d'améliorer le travail pour «la défense des intérêts, des droits et libertés des travailleurs».

En 1886, il est élu bâtonnier du barreau de Versailles, et préside le Syndicat des avocats de France en 1993-1994.

Il préside l'Institut des sciences sociales du travail (ISST) de Paris-Sceaux, pendant quatre années.

 

Sources

Etienne Grumbach – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Daniel Richter

Etienne Grumbach - Wikipédia

Responsabilités au PCF

Membre du comité de rédaction de Clarté

Honneurs

Bâtonnier du barreau de Versailles - 1986

Liens

L'Humanité, 22 août 2013, Mort d'un avocat "rouge et expert"