Jean Giard (né à Paris le 30 septembre 1926), aîné d’une fratrie de quatre enfants, commence ses études à l’école laïque puis entre au Petit séminaire de Saintes (Charente Maritime), à l’âge de dix ans.

Député

Quitte le PCF en 1994

Son père, Marc-Henri Giard, est militaire de carrière, chef de musique dans les troupes coloniales, et sa mère, née à Constantinople (Turquie), est infirmière libérale.

Jean Giard, après le Petit séminaire, entre au Grand séminaire de L’Houmeau (Charente Maritime). Grand lecteur d’Emmanuel Mounier, Giard est aussi marqué par Pierre Teilhard de Chardin.

En 1946, il fait son service militaire en Afrique du Nord, comme caporal dans un régiment de parachutistes.

Persuadé qu’il faut rapprocher l’Église de la classe ouvrière, Giard n’est pas à l’aise dans le cadre d’une formation cléricale traditionnelle. Il poursuit ses études au séminaire de la Mission de France, à Lisieux (Calvados), en janvier 1950.

Admis en quatrième année, il est envoyé en stage à la Mission de Paris, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Il travaille d’abord comme chiffonnier, puis dans une usine de fabrication de pièces détachées pour cycles.

Il fait son deuxième stage sur un barrage des Pyrénées et le troisième à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). Là, embauché comme maçon, il fait équipe avec des prêtres-ouvriers. Très vite, il est absorbé par l’action revendicative et se retrouve secrétaire du syndicat local CGT du bâtiment ainsi que secrétaire adjoint de l’Union locale de Montceau-les-Mines (1952-1953).

Entre-temps, les autorités romaines ont décidé de condamner le «progressisme chrétien», obligeant, notamment, le séminaire de la Mission de France à fermer ses portes et de rendre ainsi impossible pour de nombreux séminaristes d’être ordonnés en tant que prêtres-ouvriers.

C’est dans ce contexte que Giard décide d’abandonner l’idée de la prêtrise.

Il se marie le 7 février 1953 avec Françoise Chapuis, elle aussi intégrée aux équipes féminines de la Mission de France. Depuis 1948, elle est ouvrière dans la métallurgie à Montceau-les-Mines.

Le couple s’installe à Grenoble. Lui travaille dans plusieurs entreprises du bâtiment jusqu’à son licenciement pour activité syndicale, ce qui va le conduire à devenir permanent syndical, tandis que son épouse obtient un poste d’institutrice.

Secrétaire de l’Union locale de la CGT à Grenoble dès 1956, il fait aussi partie du secrétariat de l’Union départementale de l’Isère.

Il adhère au Parti communiste en 1954.

En 1961, il devient membre du secrétariat de la fédération de l’Isère, chargé du renforcement de l’activité et de la réflexion du PCF en direction des ingénieurs, techniciens et cadres et sur les questions des mutations économiques et sociales, des nouvelles technologies.

En 1963, il devient le secrétaire du Comité de ville de Grenoble.

Pendant deux ans, il collabore au Comité central du PCF, à Paris, comme adjoint de Jacques Chambaz, chargé de la culture et des relations avec les intellectuels (1975-1977). À ce poste, Giard s’occupe plus particulièrement des enseignants, des urbanistes, des architectes, ainsi que des ITC (ingénieurs, techniciens et cadres).

Giard décroche un premier mandat lors des élections municipales de 1977 et est nommé adjoint au maire de Grenoble, Hubert Dubedout (élu lui, sous l’étiquette Groupe d’Action Municipale). Giard est adjoint aux finances de la ville.

Président du groupe communiste, sous Dubedout, il reste ensuite dans l’opposition jusqu’en 1995, la droite, avec Alain Carignou, ayant remporté la mairie, en 1983.

En 1977, il est élu au Conseil régional de Rhône-Alpes. Il conserve ce mandat jusqu’en 1986, avec les fonctions de vice-président de l’assemblée et de président de la commission «recherche et technologies». Il est président du groupe d’amitié parlementaire France-Angola.

Giard contribue à la création de l’Association nationale des élus communistes et républicains (ANECR) dont il devient l’un des secrétaires nationaux.

Dès 1967, il se présente aux élections législatives dans la 2e circonscription de l’Isère (Grenoble-Sud). Il arrive en troisième position au premier tour et Pierre Mendès France emporte le siège au nom du PSU. Troisième encore en 1968, il doit s’effacer et Jean-Marcel Jeanneney (UDR) est élu. Aux élections de 1973, il arrive encore en troisième position.

C’est seulement en 1986, à la faveur du retrait de Louis Maisonnat, député communiste sortant, que Giard, tête de liste, conquiert l’unique siège communiste sur les neuf attribués à l’Isère. Le scrutin a lieu cette fois, à la représentation proportionnelle. Deux années plus tard, aux élections législatives de 1988, il perd son siège.

Après les reculs électoraux du PCF des années 1980, Giard déplore le manque d’adaptation du parti à l’évolution de la société et aux progrès des technologies. Il quitte le bureau fédéral de l’Isère, en 1990. Persuadé encore que le parti peut se réformer, il se joint en avril 1991, avec Charles Fiterman, à la trentaine de signataires appelant à la création du mouvement «Refondations». Il est l’un des animateurs de la coordination nationale des refondateurs communistes et écrit que « l’unité du Parti n’est plus un préalable ; le préalable, c’est la démocratie et la reconnaissance de la diversité des communistes. C’est-à-dire que, compte tenu des mutations dans la société, et de l’expérience des pays socialistes, je pense que le fonctionnement du Parti devrait reposer sur la démocratie et l’unité ». Affirmant ne plus craindre le mot de « réformisme », il préconise « la recherche obstinée du dialogue comme moyen de solution des conflits ». Après l’échec de cette tentative de changement interne, il quitte le PCF en 1994.

Il est membre de Grenoble Objectif 95 qui milite pour la reconquête (réussie) de l’hôtel de ville par la gauche.

Sensibilisé aux problèmes du vieillissement (sa femme est atteinte de la maladie d’Alzheimer), il est élu vice-président de France Alzheimer Isère. Il rédige un rapport sur les nouvelles technologies au service du maintien à domicile des personnes âgées, à la demande du Conseil général de l’Isère et de la ville de Grenoble. Pour lui, l’intergénération, c’est-à-dire le dialogue et les solidarités entre générations, est un facteur de cohésion sociale qui implique des choix politiques. Membre fondateur du collectif « Une société pour tous les âges », il est aussi devenu vice-président de l’association « Vieillir, c’est vivre ».

Avec sa femme, il a eut trois enfants.

 

Sources

Jean Giard – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - André Caudron, Nathalie Viet-Depaule

Jean Giard - Assemblée Nationale

Responsabilités au PCF

Membre du bureau et du secrétariat fédéral de l’Isère : 1961 - 1990

Collaborateur du Comité central : 1975-1977

Mandats électifs

Député : 1986 – 1988

Conseiller municipal et adjoint aux finances de Grenoble : 1977 - 1983

Conseiller régional Rhône Alpes : 1977 - 1986

Publications

Demain la ville ?, Avec François Ascher, Éditions sociales, 1975.

Les cadres aussi, Avec Bernard Di Crescenzo, Éditions sociales, 1977.

L’enjeu régional, Avec Jacques Scheibling, Éditions sociales, 1981.

Cinquante ans aux frontières de l’Église. De la Mission de France aux Équipes d’Ivry, L’Harmattan, 1994.

À la recherche du citoyen. Histoire(s) de GO, Avec Daniel Hollard, L’Harmattan, 2000.

L’innovation technologique au service du maintien à domicile des personnes âgées, rapport de la Mission Personnes âgées commandité par le Conseil général de l’Isère et la ville de Grenoble, 2004.

Itinéraire d’un militant, Editions de L’Harmattan, 2013.

Vieillir. Une épreuve, une histoire, un projet, Editions de L’Harmattan, 2016.

Vieillissement et citoyenneté, Editions de L’Harmattan, 2018.

Liens

Vieillissement et citoyenneté, Le Dauphiné, Mai 2018.