Georges Labica (né à Toulon (Var) le 27 décembre 1930, mort à Suresnes (Hauts-de-Seine) le 12 février 2009) fils d’un ouvrier d’origine italienne et d’une laborantine, suit des études de philosophie à Aix-en-Provence, puis à la Sorbonne.

Chercheur marxiste

Quitte le PCF en 1980

Pendant ses études, il travaille comme maître d’internat, d’abord à Cannes (Alpes-Maritimes) de 1951 à 1953, puis à Paris aux lycées Chaptal (1954-1955) puis Henri-IV à partir d’octobre 1955.

Labica adhère au PCF, en avril 1955, et est élu membre de son Comité de section. Il adhère au Syndicat national de l’enseignement secondaire (SNES) et devient responsable académique.

En 1956, dans le cadre de la Coopération, Labica part en Algérie en tant que maître assistant, à la Faculté des lettres d’Alger. Labica est vice-président de la section algérienne de la Fédération de l’Éducation nationale (FEN). Anti-colonialiste, il noue des liens étroits avec des membres du FLN, et s’engage pour l’indépendance de l’Algérie.

En raison de ses opinions, Labica redoute d'avoir à faire son service militaire en Algérie, et  parvient à se faire appelé en 1958, dans les chasseurs alpins à Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence) où il reste 28 mois. En 1960, il retourne à Alger, avec sa femme, Nadja. Il est « condamné à mort » par l’OAS. Le couple doit alors regagner la France en mars 1962, avant la fin de l’année scolaire. Passé le cessez-le-feu et la proclamation de l'indépendance algérienne en juillet 1962, Georges Labica obtient un poste à la faculté d'Alger.

Ses premières recherches sont consacrées à des penseurs arabes proches d’une vision rationaliste de l’histoire et de la philosophie comme Ibn Kaldoun (durant cette période, il travaille sous la direction de Maxime Rodinson).

Il revient en France en 1968, et mène une carrière universitaire à Paris X - Nanterre, d’abord comme maître assistant puis comme professeur des universités. Il occupe successivement les fonctions de directeur du département de philosophie et de vice-président de la recherche.

A l’Université de Nanterre, il dirige jusqu’à son départ à la retraite en 1994, un laboratoire du CNRS de recherche de philosophie politique, économique et sociale. C’est au sein de cette équipe que se constitue la revue Actuel Marx, fondée en 1987.

Labica se revendique du marxisme toute sa vie. Sa formation initiale et ses principales sources d’inspirations originelles sur cette question, sont Louis Althusser (tout en étant en désaccord sur son interprétation de Marx), et Henri Lefebvre, avec qui il se lie d’amitié. Son sujet de thèse (sous la direction de Maurice de Gandillac) porte sur le statut marxiste de la philosophie.

En 1971, Labica entre au Comité de la fédération des Hauts-de-Seine, comme responsable aux intellectuels. Il n’est pas réélu en 1979, à la suite de « désaccord politique » qu’il avait notamment exprimé en étant le cosignataire de la pétition lancée par Michel Barak (de la cellule communiste de l’Université d’Aix en Provence).

Labica prend part aux discussion du PCF sur la « dictature du prolétariat », à travers notamment des contributions parues dans la revue Dialectiques, en soutenant une position proche de celle alors défendue par Louis Althusser et Étienne Balibar : pour lui, l’abandon de la dictature du prolétariat au XXIIe congrès de 1976, revient à l’abandon de la visée révolutionnaire du PCF, au profit de perspectives purement gouvernementales.

Après la rupture de l’union de la gauche et les élections de 1978, il lance avec d’autres, dont Étienne Balibar, le réseau « Pour l’union dans les luttes », afin d’essayer de contrecarrer les rivalités d’appareil entre communistes et socialistes. Peu après, Labica croise le fer avec le secrétaire général du PCF, Georges Marchais, lors d’une réunion d’intellectuels communistes.

Il publie avec d’autres intellectuels communistes, Étienne Balibar, Guy Bois et Jean-Pierre Lefebvre, en 1979, Ouvrons la fenêtre camarades !

Labica quitte le PCF, en 1980.

Il publie le Dictionnaire critique du marxisme, avec Gérard Bensussan, qui réunit une centaine de collaborateurs. Cet ouvrage collectif permet de « faire le point non seulement sur les concepts principaux élaborés par Marx et les meilleurs des marxistes, mais aussi de réhabiliter des figures passées sous silence par l'orthodoxie stalinienne » (L’Humanité, 16 février 2009)

Dans les années 1980, il se rapproche ponctuellement de la Ligue communiste révolutionnaire.

Labica enseigne au Moyen-Orient, en Amérique Latine (en particulier au cours de deux longs séjours au Mexique) et en Asie, notamment en Chine. Une fois à la retraite, il continue à donner des conférences dans le monde entier.

Il participe à plusieurs revues : Dialectiques, Actuel Marx, Critique communiste, Utopie critique...

En 2007, dans son dernier livre publiée, Théorie de la violence, il revient sur une question considérée comme taboue par la gauche, mais centrale pour lui. Labica pense que, dans une période d’exception, la violence révolutionnaire est proprement incontournable et fondatrice d’un ordre véritablement autre, et contient à ce titre, une dimension proprement émancipatrice. Dans sa Théorie de la violence, il revient sur la question de la contre-violence des dominés, en particulier sur l’histoire des mouvements populaires et leur lien avec la violence de masse, trait constant des situations révolutionnaires.

Labica soutient le mouvement de libération nationale de Palestine. Il soutient aussi les prisonniers d’Action Directe et entretient une correspondance avec Joëlle Aubron.

Labica se marie en Algérie avec Nadja Khaled-Khodja, professeur communiste. Ils ont trois fils : Pierre, Serge et Thierry.

 

Sources

Georges Labica – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Jean-Numa Ducange

Georges Labica – Wikipédia

Georges Labica. D'Alger à Nanterre et à la Palestine .., L’Humanité, Lucien Degoy, 16 février 2009

Responsabilités au PCF

Membre du Comité fédéral des Hauts-de-Seine : 1971 - 1979

Publications

Politique et religion chez Ibn Khaldoun. Essai sur l’idéologie musulmane, Alger, Société nationale d’édition et de diffusion, 1966.

Le statut marxiste de la philosophie. Éditions Complexe – PUF, Bruxelles ; Paris, 1976.

Ouvrons la fenêtre, camarades ! en collaboration avec Guy Bois et Georges Labica, Paris, Maspero, 1979.

Dictionnaire critique du marxisme, avec Gérard Bensussan, Paris, Presses universitaires de France, 1982, (3e éd. PUF/Quadrige, 1999).

Le marxisme-léninisme. Éléments pour une critique, Paris, B. Huisman, 1984.

Karl Marx : les Thèses sur Feuerbach, Paris, PUF, 1987.

Le Paradigme du Grand-Hornu. Essai sur l’idéologie, Montreuil-sous-Bois, PEC-la Brèche, 1987.

Robespierre : une politique de la philosophie, Paris, PUF, 1990.

L'oeuvre de Marx, un siècle après, PUF, 1992,

Démocratie et révolution, Le Temps des Cerises, 2002,

Théorie de la violence, Naples-Paris, la Citta del sole, Vrin, 2007.

Honneurs

Professeur émérite des Universités de Paris-X Nanterre,

Directeur de recherche honoraire au CNRS,

Professeur honoraire de l'Université du Peuple à Pékin.