Maurice Gleize (né à Nîmes (Gard) le 7 janvier 1907, mort à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) le 20 avril 2003), fils d’un photographe né en Catalogne, et d’une mère originaire de Mende (Lozère), connaît une scolarité chaotique.

Imprimeur, résistant

Exclu vers 1952

Il est retiré de l’école par son père pour avoir commis un larcin. Il est obtient cependant le certificat d’études, il entre en 1919 en apprentissage dans une imprimerie nîmoise.

A treize ans, il se syndique à la CGT, à l'occasion d'une grève des ouvriers du livre.

Il fréquente les cours du soir de l’École des Beaux Arts et, en 1923, reçoit un premier prix d’architecture puis il étudie le violoncelle au Conservatoire. Durant quelque temps, Gleize vit de sa musique mais marié en février 1930 à Alger avec une violoniste et père d’un fils, il se résout alors à reprendre son métier d’imprimeur, sans pour autant abandonner la musique.

Arrivé à Paris, en 1931, typographe, maquettiste et dessinateur, il est embauché par l’imprimerie Logier puis l’imprimerie Gutenberg qui travaille pour les syndicats CGT et pour le Parti communiste, notamment les sections d’Asnières et de Gennevilliers et du XIIIe. pour lesquelles il imprime Le Travailleur de la banlieue Ouest ainsi que La barricade du XIIIe. Il tire aussi Le Métallo. Il devient ami avec Jean-Pierre Timbaud

À Paris, Gleize travaille la musique sous la direction de Paul Bazelaire, professeur au Conservatoire national de Paris jusqu’en 1938, faisant partie de son ensemble de cinquante violoncelles ; il prend également des leçons d’harmonie avec Henri Sauveplane, professeur, critique musical à l’Humanité.

Il fait la connaissance de Paul Kaul, luthier qui, en 1938, assume les frais d’acquisition de l’imprimerie dans laquelle travaille Gleize et l’associe à son fils. Leurs principaux clients restent les syndicats CGT et les mensuels communistes.

Mobilisé en 1939 comme cuisinier au 17e régiment d’artillerie, Maurice Gleize doit fermer son imprimerie jusqu’à son retour en 1940, démobilisé. Fin octobre 1940, à la demande de Raymond Losserand, conseiller municipal communiste du XIVe, fusillé par la suite, il accepte d’imprimer pour le Comité central du PCF tracts, papillons, publications clandestines.

Il imprime notamment l’Humanité (il est le premier imprimeur de l’Humanité clandestine), la Vie Ouvrière, la Terre, les Cahiers du Communisme et pour les FTPF le Manuel de Combat ainsi que les premiers France d’Abord dont le numéro 1 sort en septembre 1941 (une plaque est apposée à l’emplacement de l’imprimerie Gutenberg, au 17 rue des Cloys, Paris XVIIIe, en 1951, à l’occasion du 10e anniversaire).

Il adhère au Parti communiste clandestin en 1941.

Il est arrêté le 4 mars 1943 alors qu'il venait de recevoir commande de deux brochures, l'une dénonçant l'étoile jaune, l'autre reprenant un discours de Fernand Grenier à la BBC, sur les 27 qui vont mourir (l'exécution des otages de Châteaubriant). Son réseau de plusieurs imprimeries est démantelé. Après avoir transité dans les prisons de la Santé, de Blois, puis au camp de Compiègne, il est déporté en 1944 au camp de concentration de Neuengamme, où il fait connaissance de l'ancien chef d'état-major des FTP, Marcel Prenant.

Le 2 mai 1945, il est libéré mais phtisique, il ne regagne Paris que fin septembre. Il remet en route l’imprimerie et poursuit son action militante comme en témoigne son aide à l’Algérie qui lui vaut un temps de prison, en 1956.

Il est en désaccord avec le PCF à la suite des affaires Tito et est hostile à la mise à l’écart de André Marty et de Charles Tillon. Gleize rompt avec le PCF lors de l'affaire Marty-Tillon (vers 1952).

En 1964, il fait publiquement partie d'un Comité d'honneur pour la réhabilitation d'André Marty et des victimes de la calomnie, constitué de 100 militants historiques du PCF, notamment issus de la Résistance.

En janvier 1966, percevant quelques signes d'ouverture de la part de la direction du Parti communiste, il signe en compagnie d'une vingtaine de militants, une « Adresse à Waldeck Rochet demandant solennellement l'annulation des sanctions et exclusions du Parti, prises en l'encontre de militants injustement écartés ».

Ce n'est qu'en 1998 qu'une réponse positive est apportée, pour la plupart des cas de manière posthume. Maurice Gleize lui est en vie, et c'est à lui, « premier imprimeur de L'Humanité clandestine », que Robert Hue envoie un courrier annonçant sa réhabilitation en même temps qu'il reconnaît à Unir pour le socialisme le bien-fondé de son action contre le stalinisme à la française.

Très lié à Tillon, Gleize est l'un des animateurs de l'association nationale Mémoire et Histoire des Francs-Tireurs et Partisan.

En 2002, il publie un livre de souvenirs, Image d’un Nîmois.

À partir de 1973, Gleize se retire en banlieue parisienne et se consacre à la musique et à la poésie.

Gleize est officier de la Légion d’honneur, il a reçu la Croix de guerre et la médaille de la Résistance.

 

Sources

Maurice Gleize – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Jean Maitron, Claude Pennetier

Maurice Gleize - Les Amis de la Fondation de la Résistance

Maurice Gleize - Wikipédia

Disparition de Maurice Gleize, L’Humanité, 25 Avril 2003

Publications

Image d’un Nîmois, 2002

Honneurs

Officier de la Légion d’honneur,

Croix de guerre

Médaille de la Résistance.

En novembre 2008, une plaque a été posée dans le XVIIIème arrondissement de Paris en hommage à son action résistante.