Professeur à l'EPHE, linguiste, historien et sociologue; spécialiste du Proche-Orient et de l'islam ; adhère au PCF en 1937, exclu en 1958.

 Maxime Rodinson (né à Paris le 26 janvier 1915, mort à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 23 mai 2004), n’obtient pas son bac mais réussit le concours de l’École des langues orientales, ouvert aux non-bacheliers.

Professeur, linguiste
Exclu en 1958

En 1936, il est diplômé d'amharique, d'arabe littéral, d'arabe maghrébin, d'arabe oriental et de turc. En 1937, il devient boursier du CNRS.

Ses parents sont des russo-polonais, qui ont fui les pogroms de Russie pour s'installer à Paris. Athées, militants socialistes, ils adhèrent au PCF à Paris, en 1920. Rodinson vit une « enfance communiste », scandée par les fêtes de l’Humanité, les manifestations et les meetings au côté de sa mère. Ses parents meurent en 1943, déportés à Auschwitz.

En 1940, il est mobilisé dans l'armée française et envoyé en Syrie. Démobilisé, il travaille au service des antiquités à Beyrouth, puis enseigne à l'École des lettres, jusqu'en 1947.

En 1948, il devient responsable de la section « islam » à la Bibliothèque nationale à Paris. En 1950, il soutient une thèse d'histoire à l'École pratique des hautes études (EPHE). En 1955, il est nommé directeur d'études à EPHE. En juin 1970, il soutient une thèse de doctorat d'État.

Rodinson adhère au PCF en 1937, alors étudiant. Après la guerre, Rodinson reprend sa carte, en 1946. À partir de 1948, il est membre du bureau de la cellule de l’École militaire, dans le VIIe arrondissement, où il réside. En 1950, il est à la cellule de la BNF, dont il devient trésorier en 1951. Adhérent du Syndicat de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (SNERS-FEN-CGT) à partir de 1948, il devient trésorier de la section technique de la BNF, en 1952.

Par la suite, il est membre de la commission des intellectuels du CC.

À partir de 1956, il participe à la dissidence de la cellule Sorbonne-Lettres, avec Victor Leduc et Jean-Pierre Vernant, en désaccord sur la guerre d’Algérie. Le 21 février 1958, le secrétariat du PCF condamne son « attitude » et ses « positions révisionnistes ». En mars, dans un courrier, il met en cause la Nouvelle critique pour ses lacunes dans l’analyse de la société soviétique, des « problèmes cruciaux qui se posent à la pensée marxiste » et de la situation en Algérie. Son indépendance continue de se manifester par diverses publications, sur les communismes égyptien et syrien dans les Cahiers internationaux, sur la conception marxiste de la Nation dans la revue dissidente Voies nouvelles. Son cas est transmis à la Commission centrale de contrôle politique (CCCP), fin mai 1958. Reçu par la CCCP le 17 juin, il maintient ses positions, en particulier sur la politique algérienne du PCF. Il est menacé d’exclusion. Son exclusion temporaire pour un an est prononcée et il n’entreprend aucune démarche pour réintégrer le PCF.

En février 1979, il fait partie des 34 signataires de la déclaration rédigée par Léon Poliakov et Pierre Vidal-Naquet pour démonter la rhétorique négationniste de Robert Faurisson.

Les travaux de Rodinson combinent les outils de la sociologie avec les théories marxistes pour l'étude de l'islam. Il est connu pour sa biographie de Mahomet, parue en 1961, une étude sociologique et matérialiste des conditions d'émergence de l'islam ainsi qu'une série de livres écrits tout au long de sa vie sur les rapports entre les doctrines issues de la pensée de Mahomet et les conditions socio-économiques des sociétés musulmanes.

Dans Islam et Capitalisme, paru en 1966, il essaie de vaincre deux préjugés : le premier suivant lequel l'islam est un frein au développement du capitalisme, et le second, selon lequel l'islam est égalitaire.

En juin 1967, Rodinson publie Israël, fait colonial ?, dans un numéro spécial de la revue Les Temps modernes. Il devient après la guerre israélo-arabe de 1967, un porte-parole de la cause palestinienne en France.

Il crée le Groupe de recherches et d'actions pour la Palestine avec Jacques Berque. Il considère que la cause palestinienne fournit un fonds de commerce à la droite antisémite et à la gauche maoïste.

En 1937, il épouse Geneviève Gendron, licenciée d’anglais, avec qui il a trois enfants.

 

Sources

Maxime Rodinson – Wikipédia

Maxime Rodinson – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier – Paul Boulland

Les orphelins du PC, Jean Pierre Gaudard, Belfond 1986.

Publications

Mahomet, Club français du livre, 1961,

Islam et capitalisme, Le Seuil, 1966,

Israël, fait colonial ?, Les Temps modernes, juillet 1967,

Israël et le refus arabe, 75 ans d’histoire, Le Seuil, 1968,

Marxisme et monde musulman, Le Seuil, 1972,

Les Arabes, PUF, 1979,

La Fascination de l’Islam, Maspero, 1980,

Peuple juif ou problème juif ?, Maspero, 1981,

L’Islam : politique et croyance, Fayard, 1993,

De Pythagore à Lénine : des activismes idéologiques, Fayard, 1993,

Souvenirs d’un marginal, Fayard, 2005.

Honneurs

Prix Deutscher, 1974,

Prix de l'Union rationaliste, 1991.