Bernard Muldworf (né à Radzin (Pologne), le 14 octobre 1923, mort à Rueil-Malmaison (Hauts de Seine) le 6 avril 2019), de parents juifs polonais, émigre en France avec sa famille, alors qu’il a huit mois.

Psychanalyste
Quitte le Pcf vers 1978

Sa famille s’installe dans le Jura à proximité d’un sanatorium qui soigne la tuberculose de sa mère.

Les parents sont marchands forains en bonneterie et sillonnent les marchés et les sanatoriums de la région.

Il passe un CAP d’ouvrier des métiers du plastique. Il réussit le Brevet élémentaire, ce qui lui ouvre la porte des études secondaires dans un collège de Nantua (Ain).

Repéré comme juif et comme anti-pétainiste, il en est exclu en 1940 et doit terminer ses études dans l’établissement catholique de Saint-Claude, où il passe le Baccalauréat en 1943.

Contraint de se cacher, après l’invasion de la zone sud par les Allemands, il rejoint le maquis de l’Ain et participe à la libération de la région. C’est au maquis qu’il rencontre les résistants communistes. Il adhère au PCF en 1946.

Il suit des études de médecine et dès ses premières années de formation, il désire devenir psychiatre « un médecin qui parle et qui écoute les malades ».

A Paris, il prépare le concours de l’internat de psychiatrie tout en travaillant comme médecin.

Il effectue son internat à partir de 1953, à l’hôpital de Villejuif (Val-de-Marne).

Peu motivé pour les batailles institutionnelles en cours, au sein du secteur public, pour modifier les conditions de prise en charge des malades mentaux, il quitte l’hôpital de Villejuif en 1964, pour développer une clientèle privée et ouvre un cabinet à Paris dans le XVIIe arrondissement. C’est dans cette période qu’il s’engage dans une psychanalyse personnelle puis dans une formation de psychanalyste, sous l’égide de la Société Psychanalytique de Paris.

Il entre comme médecin salarié vacataire à la Polyclinique des Bleuets en 1953, polyclinique créée par la CGT des Métallurgistes où le Docteur Lamaze vient de mettre au point une technique d’accouchement sans douleur, fondée sur l’expérience soviétique et les théories pavloviennes. Muldworf devient un « militant » de l’accouchement sans douleur, parcourt la France en animant les initiatives et les congrès organisées par l’Union des Femmes Françaises, afin de promouvoir cette méthode.

Lié au réseau des médecins communistes, il devient l’ami de Roger Garaudy qui l’intègre comme membre du comité directeur du Centre d’Études et de Recherches Marxiste (CERM) lorsque celui-ci est créé en 1959.

En 1957, alors que la revue La Raison, revue crée par le PCF en direction des psychiatres et des psychologues, prend position contre « la vérité de parti » et la notion de science bourgeoise, dans le numéro intitulé «27 opinions sur la psychanalyse», sa contribution marque une modification de ton du PCF à l’égard de la psychanalyse. Il s’agit d’engager «un effort de réflexion approfondi sur ce phénomène complexe et contradictoire qu’est la psychanalyse». C’est sur cette ligne qu’il travaille au sein du CERM : reconnaître l’apport de la psychanalyse comme thérapeutique, comme compréhension de la sexualité, comme connaissance pragmatique, mais en lui contestant d’être une théorie scientifique et d’être explicative des phénomènes de société. Cela lui vaut des démêlés avec Jeannette Vermeersch lors de la semaine de la pensée marxiste en 1965, autour du thème de «la femme, la famille et l’amour».

C’est lui qui, en 1967, dans France Nouvelle, officialise le retour de la psychanalyse comme objet pensable au sein du PCF dans son article intitulé « Comment lire Freud ».

Sous l’influence de la Société Psychanalytique de Paris, il reste à distance de Lacan et intervient pour que les intellectuels communistes ne prennent pas position au nom du parti, dans les querelles des psychanalystes. En 1970, il intervient dans l’Humanité pour condamner la liberté sexuelle conçue comme signe de la Révolution. Il participe aux débats intellectuels des années 1970, concernant les relations marxisme et psychanalyse.

À partir des années 1970, Muldworf est reconnu au sein du PCF comme le représentant de la prise en compte de la vie affective de l’individu. Il se fait le vulgarisateur de la doctrine freudienne, le thérapeute des communistes. Il écrit sur l’adultère, la sexualité féminine, le métier de père, la liberté sexuelle, notamment aux Éditions Sociales.

Malgré une prise de distance avec le PCF à partir des années 1978, il se considère encore, au cours de la première décennie du XXIe siècle comme idéologiquement communiste.

De 1986, et jusqu’en 2002, il poursuit un travail d’écriture, réflexion sur son parcours personnel dans le militantisme, sur les mécanismes de la croyance et de l’engagement, à la lumière de la théorie freudienne. Il publie ainsi Militer quelle folie ! et Figures de croyances, amour, foi et engagement militant.

Il épouse une infirmière de la clinique des Bleuets qui devient par la suite surveillante puis directrice de la polyclinique.

 

Sources

Wikipédia – Bernard Mudworf

Dictionnaire biographique  du mouvement ouvrier – Daniel Papiau

Publications

L’Adultère, Casterman, 1970

Sexualité et féminité, Éditions sociales, 1970

Le Métier de père, Casterman, 1972

Vers la société érotique, Grasset, 1972

Le Divan et le Prolétaire, Messidor, 1986

Figures de croyances, amour, foi et engagement militant, L’Harmattan, 2000

Je t’aime, moi aussi. Les conflits amoureux, les comprendre, Marabout, 2002

Militer quelle folie !, Messidor, 1991