Fils d’un père propriétaire d’un café-hôtel à Perpignan, condamné à mort par contumace pour participation à la Commune de Narbonne, qui professait des opinions libertaires, André Marty (né le 6 novembre 1886 à Perpignan  – décédé le 23 novembre 1956 à Toulouse) est influencé par les récits des ouvriers révolutionnaires anarchisants, souvent libertaires qui fréquentent l’établissement paternel.

Secrétaire du BP

Exclu en 1952

Poussé par son père, il réussit son bac et entre en 1905 à l’École supérieure professionnelle, afin de préparer l’École des matelots-élèves mécaniciens de la Marine. Admissible aux épreuves écrites en septembre 1906, il ne peut passer toutes les épreuves de la seconde partie du concours d’entrée, s’étant gravement brûlé la main droite au cours de l’essai de chaudronnerie passé à l’Arsenal de Puteaux. Affecté par cet échec, il choisit de devenir chaudronnier sur cuivre.

En 1908, Marty est reçu premier au concours des matelots élèves mécaniciens. Son engagement prévoit sa présence dans la Marine pendant deux ans outre le temps de son service militaire : il y reste plus de dix ans.

Basé à Toulon, ses missions le conduisent au large de la Chine, de l'Indochine, des Balkans et du Maroc.

En juin 1914, Marty est reçu premier au concours des élèves officiers mécaniciens. Promu ingénieur mécanicien de 2e classe, il est affecté en juillet 1917, comme chef du service « machines » sur le torpilleur d'escadre Protet.

Après l'armistice du 11 novembre 1918, le Protet fait partie de l'escadre envoyée en mer Noire, devant Odessa, pour combattre la Révolution russe. Un groupe proche des anarchistes est présent sur le Protet. En 1919, Marty fomente un complot pour prendre le contrôle du Protet et entrer, drapeau rouge en tête de mât, dans le port d'Odessa. Arrêté, il est transféré le 23 avril à bord du croiseur-cuirassé Waldeck-Rousseau. Un nouveau transfert sur le Protet provoque une révolte des marins du Waldeck-Rousseau qui ajoutent à leurs revendications la volonté de sauver la vie de l'officier Marty, passible de la peine de mort. Un conseil de guerre réuni en rade de Constantinople le 5 juillet condamne Marty à vingt ans de travaux forcés.

Le jeune Parti communiste (SFIC) issue du congrès de Tours (1920) le soutient et la campagne prend de l’ampleur. Le Comité de défense sociale et le Comité des marins prennent sa défense et celle de son frère, Jean. Son nom devient un symbole, et il est élu au Soviet de Moscou par les ouvriers de l'usine Dynamo. Il est présenté sur une liste soutenu par tous les socialistes et élu conseiller municipal de Paris, en 1921, puis conseiller général, tout en étant emprisonné.

Gracié, il hésite à adhérer au parti communiste. Finalement, il adresse sa demande d’adhésion au Parti communiste par un texte que l’Humanité publia le 27 septembre 1923 (Ce qui achève de donner le bénéfice de la mutinerie au pcf). Il est élu député de Seine-et-Oise en 1924 et devient membre du Comité central en 1926.

Il prend la défense de Cheikou Cissé (1890-1933), un tirailleur condamné en 1919 à la déportation en Nouvelle-Calédonie pour activités anticolonialistes. Le 2 avril 1926, il lance un appel contre la guerre du Rif (On croit se battre pour la patrie…)

En 1927, à l'instar de nombreux autres dirigeants communistes, Marty est condamné et incarcéré à la prison de la Santé pour action antimilitariste. À partir de 1931, il est de plus en plus impliqué dans l'appareil de l'Internationale communiste (Komintern), représentant la section française. En 1935, il est nommé au présidium et au secrétariat de l’International, devenant ainsi le Français le plus gradé au sein du Komintern. Il entre également au bureau politique du PCF en 1932. Vers 1933-1934, sans que son nom y apparaisse officiellement, il est responsable au journal L'Humanité.

À partir d'octobre 1921, le Parti communiste, dans le cadre de la campagne pour la libération des « mutins de la mer Noire », présente André Marty lors des élections partielles. Il est élu.

Aux élections générales de mai 1924, il conduit la liste du « Bloc ouvrier paysan » dans le département de Seine-et-Oise. Le changement du mode de scrutin en 1928 pénalise nationalement les communistes. André Marty est battu, au second tour dans la première circonscription de Versailles. Une élection partielle dans le département de la Seine en février 1929 lui permet de retrouver un siège de député. Mais en 1932, le scrutin législatif général lui est défavorable. Il est battu par le maire socialiste de Puteaux.

Élu lors d'une élection partielle, dans le XIIIe arrondissement de Paris, il siège entre 1930 et 1935 au Conseil de la Ville de Paris. Il est le seul élu communiste à l'Hôtel de ville de Paris en raison de la « purge » que subissent les six autres élus de 1929, exclus du PC pour réformisme.

Candidat à Paris aux élections de 1936, il emporte le siège de député dès le premier tour du scrutin. En juin 1937, il démissionne de son mandat de conseiller municipal de Paris pour partir en Espagne.

En 1945 les électeurs de Paris envoient de nouveau André Marty aux Assemblées constituantes puis à la Chambre des députés. Il conserve son mandat de député jusqu'aux élections de 1956.

Le 3 septembre 1936, il réclame au Vélodrome d'Hiver des avions et des canons pour l'Espagne.

En Août 1936, André Marty est envoyé par l'Internationale Communiste auprès du gouvernement républicain espagnol pour organiser ce qui va devenir les Brigades internationales. Il porte le titre d'« inspecteur général des Brigades internationales ». Il peut justifier cette responsabilité, outre par son grade élevé au sein du Komintern, par sa connaissance de l'espagnol et du catalan et par son passé d'officier de marine. Il est lié au Grupo de información, un service de renseignements mis en place par les Soviétiques sous la direction de Marcel Rosenberg, ambassadeur de l'Union soviétique en Espagne.

Assez vite, les rapports de Marty avec les Espagnols se dégradent et il est rappelé à Moscou, où Dimitrov le charge des affaires d'Amérique latine, mais Marty insiste pour retourner en Espagne et réussit à se faire passer pour l'homme de la situation après l'intégration des Brigades dans l'armée populaire espagnole. Lorsqu'il revient en Espagne en octobre 1937, il doit accepter d'être contrôlé par Palmiro Togliatti.

La presse libertaire française dénonce en André Marty le « boucher d'Albacete ». Hemingway en fait un portrait peu flatteur dans Pour qui sonne le glas, où il apparaît sous le nom d'André Massart. Togliatti, dans un rapport de novembre 1937, insiste pour que Marty « change radicalement ses méthodes de travail » et « évite d'intervenir dans les questions militaires et techniques des Brigades », mais en janvier 1938 il se félicite de son attitude tout en continuant d'évoquer « sa façon un peu rude de se comporter parfois avec les camarades ».

Les méthodes brutales de Marty semblent indéniables. Il y a par exemple aux archives du Komintern un rapport du 19 février 1937 sur la « situation d'ensemble des brigades et forces internationales » où Marty conseille « de liquider Malraux ». C'est également Marty qui dénonce Mikhaïl Koltsov à Staline pour déviation trotskyste ainsi que son épouse Maria Osten en accusant cette dernière d'être un agent secret des services de renseignement allemands. Sur la base de ces accusations, ils seront arrêtés à leur retour à Moscou et fusillés pour espionnage.

L'historien Philippe Robrieux voit en Marty « un emporté et un fanatique quelque peu mythomane », mais pas l'organisateur des crimes perpétrés en Espagne.

Avec Maurice Thorez, Jacques Duclos, Benoît Frachon et Maurice Tréand, André Marty fait partie de la direction du parti.

A la Chambre, le 17 février 1939, il dénonce « l'orientation ouvertement franquiste - donc mussolinienne et hitlérienne - de la politique française depuis la conquête de la Catalogne par les troupes italiennes et allemandes ».

En août 1939, Marty part pour l'U.R.S.S. Dans une lettre ouverte à Léon Blum, directeur du Populaire, Marty défend le pacte germano-russe et critique l'intervention française en faveur d'une « Pologne réactionnaire, contre-révolutionnaire ». Sa lettre, publiée dans les Cahiers du bolchevisme en janvier 1940, se termine par les mots « A bas la guerre impérialiste ». Une information est ouverte contre lui en décembre 1939, à la suite de tracts de propagande signés par lui. Déchu de la nationalité française par un décret en date du 27 janvier 1940, il est déchu de son mandat parlementaire le 20 février 1940.

Il travaille pour le Komintern jusqu'à la dissolution de celui-ci, en mai 1943. En octobre 1943, il arrive à Alger pour représenter le PCF auprès du gouvernement provisoire de Gaulle et siéger à l'Assemblée consultative.

À la Libération, il est l'un des trois secrétaires du parti et apparaît ainsi formellement comme le numéro 3, après Maurice Thorez et Jacques Duclos. Lors de l'épuration de l’après guerre, il  l'un des plus farouches accusateurs des amiraux qui ont choisi la fidélité à Vichy.

Dès 1947, Marty est marginalisé au sein du bureau politique, mais reste membre de cette instance jusqu'en 1952, en n'exerçant que des responsabilités de plus en plus secondaires.

Le 1er septembre 1952, alors que Thorez, malade, est à Moscou, André Marty est mis en cause (avec Charles Tillon) devant le Bureau politique auquel ils appartiennent tous les deux. Il est reproché aux deux hommes de s'être rencontrés au domicile du beau-frère de Tillon, Georges Beyer, également membre du Comité central du PCF.

En fait, une commission d'enquête formée de Léon Mauvais et Marcel Servin préparait ce « procès interne » depuis plusieurs mois. Selon Charles Tillon, Jacques Duclos avait rencontré Thorez et même Staline à ce sujet ; c'était l'époque des grands procès dans les démocraties populaires. Dans ce contexte, Duclos avait pu faire admettre à Staline qu'en France aussi, il y avait des traîtres.

Le 1er septembre 1952, le Bureau politique accuse André Marty et Charles Tillon de « travail fractionnel ». Le 4 septembre, Léon Mauvais présente un rapport au Bureau politique énonçant les preuves d'une longue opposition de Marty et Tillon à la ligne du parti . L'affaire se transforme en une véritable campagne de dénonciation politique des accusés qui s'étend à Jean Marty, le frère d'André, franc-maçon qui « a des liaisons avec des milieux policiers ». Le comité central de Gennevilliers (5-7 décembre 1952) raye de ses rangs Marty et Tillon puis le 25 décembre, la cellule de Marty prononçe son exclusion. L’Humanité du 1er janvier 1953 publie un long article d’Étienne Fajon intitulé : “ Les liaisons policières de Marty ”. Les relations de Fajon avec Marty étaient pourtant d’une grande proximité puisqu’ils avaient un temps partagé le même pavillon à La Garenne-Colombes. Jacques Duclos a également déclaré que Marty avait été démasqué comme policier.

André Marty publie en 1955, non sans mal dit-il, L'affaire Marty.

Charles Tillon, lui, ne publie son récit des événements qu’en 1971, Un procès de Moscou à Paris.

Les observateurs politiques ne voient guère d'autre explication concernant cette affaire que l'hostilité qui avait toujours existé entre Thorez et Marty, et l’allusion de non participation à la Résistance que Tillon aurait faite envers Jeannette Vermeersch, l'épouse de Thorez.

Sources

Wikipedia – André Marty

Assemblée Nationale – André Marty

Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier – André Marty

Responsabilités au PCF

Membre du Comité Central : 1925-1952

Membre du Bureau Politique : 1931-1952

Secrétaire du Bureau Politique : 1945 - 1952

Secrétaire de l’Internationale Communiste : 1935 - 1943

Mandats électifs

Député :

11 mai 1924 au 31 mai 1940

21 octobre 1945 au 1er décembre 1955

Conseiller municipal de Paris : 1929 – 1935

Publications

L'affaire Marty. André Marty. Deux Rives. 1955.

Bibliographie

Les rejetés. L’affaire Marty. Yves Le Braz. La Table Ronde. 1974.

Un procès de Moscou à Paris.Charles Tillon. Seuil. 1971.