Edith Thomas (née 23 janvier 1909 à Montrouge (Hauts-de-Seine), décédée à Paris le 7 décembre 1970), fille d’un ingénieur agronome et d’une institutrice, suit ses études secondaires au lycée Victor-Duruy, à Paris.
Résistante, Journaliste Exclue en 1949 |
Edit Thomas prépare l’Ecole des Chartes, dont elle sort en 1931 avec le diplôme d’archiviste-paléographe. Elle soutient sa thèse sur Les Relations de Louis XI avec la Savoie.
En 1934, elle écrit La Mort de Marie (1934), récit de la maladie mortelle d’une jeune femme, qui obtient le prix du Premier roman décerné par la Revue hebdomadaire, une revue de droite. Elle devient alors journaliste à Ce soir et dans diverses revues (Vendredi, Europe, Regards) pour lesquelles elle fait des reportages. Elle suit notamment la Guerre d'Espagne au côté des Républicains.
En juin 1939, le diagnostic d’une tuberculose pulmonaire l’oblige à quitter Paris pour un sanatorium sur le plateau d’Assy. Lorsqu’elle revient à Paris à l’automne 1941, elle entre aux Archives nationales comme contractuelle mais elle n’est pas titularisée pour raisons médicales.
Elle adhère clandestinement au PC en septembre 1942 (malgré les réserves qu’elle a pu avoir sur les procès de Moscou et le pacte germano-soviétique). Elle remet en contact Claude Morgan avec Jean Paulhan, et rétablit la filière entre écrivains résistants communistes et non communistes, ce qui permet la reconstitution du Comité national des écrivains (CNE). Edith Thomas écrit l’éditorial du premier numéro (octobre 1942) des Lettres françaises, organe du CNE. Elle assure avec Morgan la rédaction de la plupart des articles des premiers numéros. C’est chez elle, à Paris, que se réunit, à partir de février 1943, le Comité directeur du CNE dont elle est la "cheville ouvrière". Elle assure les liaisons indispensables en faisant rencontrer dans son appartement des responsables des divers mouvements de Résistance.
Elle écrit sous le pseudonyme d’Auxois, des Contes (décembre 1943) qui prennent pour sujet les réalités de l’Occupation ("La Relève", "FTP"). Elle participe, sous le pseudonyme d’Anne, aux deux anthologies des poètes de la Résistance, L’Honneur des poètes, parue aux Editions de Minuit (juillet 1943) et Europe (mai 1944). Le général De Gaulle, dans son discours d’Alger du 31 octobre 1943, rendant hommage à la Résistance intellectuelle en France, cite un poème de Edith Thomas.
Elle est chargée par Pierre Villon, chef du Front national, d’écrire des tracts pour l’Union des femmes françaises et de faire partie de son Comité directeur.
Après la Libération, Edith Thomas est brièvement attachée au cabinet d’Henri Wallon, au ministère de l’Education nationale.
Elle écrit dans les périodiques issus de la Résistance communiste ou communisante, Les Etoiles, Action, et assure la chronique littéraire du Parisien libéré. Elle occupe la fonction de rédactrice de Femmes françaises, hebdomadaire de l’Union des femmes françaises. Mais en janvier 1945, elle donne sa démission en raison de l’accumulation de conflits sur le contenu du journal et sur le rôle du PCF.
En 1948, elle revient aux Archives nationales comme conservateur.
L’excommunication de Tito par Staline, le procès Rajk la conduisent à la rupture avec son parti, ce qu’elle fait "non sans hésitation ni sans déchirements". Elle en donne les raisons dans Combat (16-17 décembre 1949). Elle est exclue quelques jours après, par sa cellule.
En 1950, Edith Thomas assiste avec Jean Duvignaud au festival de la Renaissance à Dubrovnik après avoir participé à Belgrade à une réunion internationale d’écrivains organisée à l’initiative de l’Union des écrivains yougoslaves. Vice présidente de France-Yougoslavie, elle participe à de nombreuses manifestations en faveur de l’expérience yougoslave.
Après la publication du rapport Khrouchtchev, elle signe un télégramme adressé à Boulganine demandant la révision des procès de Moscou (Le Monde, 22 février 1956).
Lorsqu’à la suite de l’intervention soviétique en Hongrie, Louis Martin-Chauffier crée l’Union des écrivains pour la vérité, elle en est l’un des premiers membres (elle en sera vice-présidente)
Elle écrit L’Humanisme féminin, une anthologie historique de textes écrits par des femmes de lettres (qui n’est pas publiée par la maison d’édition communiste pressentie en 1949). Elle ne tente pas une analyse philosophique de la situation féminine, mais en donne plutôt une brève analyse historique, des temps préhistoriques jusqu’au présent. Deux ans avant la publication du Deuxième Sexe, Edith Thomas pose la question : “Pourquoi ‘l’éternel féminin’ serait-il seul à être éternel ? Pourquoi l’éternel féminin serait-il seul à échapper à l’Histoire ?” Elle affirme aussi l’importance pour les femmes d’exiger l’égalité politique ainsi que l’égalité dans l’instruction et les professions, ce qui leur permettrait un destin plus complet, plus engagé dans la société.
Edith Thomas dirige dans l’encyclopédie sur les Femmes célèbres (1960), la partie sur La Femme et le pouvoir.
Dans les années 1950 et 1960, elle donna plusieurs conférences sur l’humanisme féminin.
En octobre 1960, elle signe le Manifeste des 121 sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie.
Edith Thomas assiste en décembre 1956, au lancement par Pierre Hervé, Auguste Lecoeur et J-F. Rolland du Cercle marxiste pour le réveil socialiste et l’unification des mouvements ouvriers. Elle est membre du secrétariat provisoire de Socialisme et Liberté.
En 1968, elle devient membre du jury du prix Femina.
Edith Thomas a une liaison avec Anne Desclos, alias Dominique Aury, qui se serait inspirée de certains traits de sa personnalité pour composer le personnage d'Anne-Marie dans Histoire d'O.
Elle meut d’une hépatite fulgurante, à 61 ans.
Sources
Edith Thomas - Wikipédia
Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Dorothy Kaufmann, Nicole Racine
Édith Thomas (1909-1970), Louis Martin-Chauffier, Bibliothèque de l'École des chartes, 1972.
Parutions
La Mort de Marie, Gallimard, 1934,
L'Homme criminel, Gallimard, 1934,
Contes d'Auxois (transcrit du réel), Editions de Minuit, 1943,
Etudes de femmes, Editions Colbert, 1945,
La Libération de Paris, Mellottée, 1945,
Jeanne d'Arc, Editions Hier et aujourd'hui, 1947,
Les Femmes de 1848, PUF, 1948,
Ève et les autres, Gizard, 1952,
Pauline Roland. Socialisme et féminisme au XIXe siècle, M. Rivière, 1956,
George Sand, Editions universitaires, 1959,
Les Pétroleuses, Gallimard, 1963,
Le Jeu d’échecs, Grasset, 1970,
Louise Michel ou la Velléda de l'anarchie, Gallimard, 1971,
Le Témoin compromis, Viviane Hamy, 1995.
Honneurs
Une plaque dédiée à Edith Thomas est au15 rue Pierre-Nicole Paris