Alain Krivine (né à Paris le 10 juillet 1941 et mort le 12 mars 2022), fils d’un médecin stomatologiste, fait sa scolarité au Lycée Condorcet à Paris.
Professeur d'histoire Exclu de l'UEC en 1966
Sa mère est la sœur du philosophe des mathématiques et résistant Albert Lautman (une rue de Toulouse porte son nom).
La famille Krivine est originaire d'Ukraine, émigrée en France à la fin du XIXe siècle lors des pogroms.
Alain Krivine a une sœur et quatre frères (dont un frère jumeau, Hubert, qui est un chercheur spécialiste de physique nucléaire).
Pendant l'occupation allemande, Alain Krivine est caché par ses parents à Danizy, dans l'Aisne.
Etudiant à la faculté des lettres de Paris, Alain Krivine s’engage en 1956, aux Jeunesses communistes. A quinze ans, il devient le responsable de l’ensemble des lycéens communistes de Paris, ce qui représentait quelques centaines de personnes. Il suit l’Ecole centrale de la jeunesse communiste pour approfondir sa formation théorique.
En 1957, il participe au Festival mondial de la jeunesse démocratique à Moscou où il rencontre des jeunes du FLN, qui critiquent, à sa grande surprise, la stratégie du PCF qui fondait son action sur le mot d’ordre «Paix en Algérie» et non «Indépendance de l’Algérie». À son retour, il essuie un refus de la direction quand il veut inviter Josette Audin, femme de Maurice Audin à une réunion publique pour « la paix en Algérie ». Il participe alors à l’action du réseau Jeune résistance. Son activité consiste surtout en des lâchers de tracts, à bloquer des trains de soldats, à surveiller les prisons où étaient détenus des membres du FLN (principalement pour relever les heures de ronde afin de préparer d’éventuelles évasions). Grâce à ses talents d’organisateur, il devient rapidement membre de la cellule qui coordonne toutes les actions du réseau à Paris.
Après son baccalauréat, il entre en hypokhâgne à l’automne 1960, toujours à Condorcet. Il adhère à l’Uniondes étudiants communistes (UEC) et devient, également, responsable des préparationnaires de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF).
A l’UEC, il est membre de son Comité national (1958-1965) et secrétaire du cercle de la Sorbonne.
A l’UEC, hostile à la ligne du PCF, il se classe à « gauche », à une époque où les « Italiens » dominent l’organisation étudiante. Et à la fin 1961, qu’il se rend chez Pierre Frank patron de du Parti communiste internationaliste (PCI), avec son frère Hubert (déjà trotskiste, sans qu’Alain ne soit au courant), et adhère au PCI. Il se retrouve très vite au bureau politique du PCI. Il pratique l’entrisme dans l’UEC, avec la mission de créer un courant de gauche, et pour objectif à moyen terme de provoquer une scission qui permettrait de construire le parti révolutionnaire. En 1965, les dirigeants du secteur Lettres sont exclus et Alain Krivine est aussi exclu du PCF, en janvier 1966.
Le 23 mars 1962, l’appartement de son père est visé par un attentat, provoquant de lourds dégâts.
Il est parallèlement à son activité militante, surveillant à mi-temps au lycée Condorcet à Paris, puis, pendant deux ans, professeur d’histoire-géographie au cours Saint-Louis de Monceau, établissement privé catholique, et à partir du début 1968, secrétaire de rédaction aux éditions Hachette (il participe à l’édition d’un hebdomadaire d’histoire, Connaissance de l’histoire de Jésus Christ).
Sur les cinq frères de Krivine, trois sont devenus « trotskistes » : Alain, Jean-Michel et Hubert. Les deux autres, Gérard et Roland, sont restés un moment au Parti communiste.
En avril 1966, après l’exclusion de plusieurs dizaines d’adhérents « trotskistes » de l’UEC, Alain Krivine fonde la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR). Ce mouvement anime les Comités contre la guerre du Viêt-Nam et participe activement au mouvement de Mai 68. La JCR est dissoute en juin 1968 par décret gouvernemental, et Alain Krivine est arrêté puis emprisonné le 10 juillet 1968 à la prison de la Santé (pour 4 semaines). Il est libéré en automne et participe à la création, en avril 1969, de la Ligue communiste (LC).
Après la création de la LC, Alain Krivine part effectuer son service militaire à Verdun. C'est pendant son service militaire qu'il annonce sa candidature à l'élection présidentielle de 1969, représentant alors la Ligue communiste. Il obtient 1,1 % des suffrages.
Par la suite, à partir de 1970, il devient permanent et journaliste à l’hebdomadaire Rouge, organe de la LC.
La Ligue communiste (LC) est dissoute, en juin 1973, en raison de violences entre ses militants et des membres du mouvement d'extrême droite Ordre nouveau. Cette dissolution oblige les militants de la Ligue communiste à rester clandestins durant deux mois sous le nom de Ligue communiste révolutionnaire (LCR). C'est dans ce contexte qu'Alain Krivine se présente de nouveau à l'élection présidentielle, en 1974 ; il recueille 0,4 % des voix, derrière la candidate de Lutte ouvrière, Arlette Laguiller (2,3 % des voix).
Alain Krivine est membre du bureau politique de LCR, et le reste jusqu'en 2006.
En 1981, la LCR souhaite présenter Alain Krivine une troisième fois comme candidat à l'élection présidentielle. Elle ne parvient cependant pas à obtenir les 500 signatures nécessaires. Il appelle alors, au nom de son mouvement, à voter au premier tour pour l'un des quatre candidats des partis « ouvriers » : Arlette Laguiller (LO), Huguette Bouchardeau (PSU), Georges Marchais (PC) ou François Mitterrand (PS).
En 1988 et 1995, il ne se porte pas candidat aux élections présidentielles, la LCR se ralliant en 1988 au candidat dissident du PCF Pierre Juquin, et en 1995 en appelant à voter indifféremment pour Dominique Voynet (Les Verts), Robert Hue (PCF) ou Arlette Laguiller (LO).
En 1999, Alain Krivine est élu député européen, sur la liste LO - LCR.
En 2002 et 2007, il participe activement à la campagne présidentielle d'Olivier Besancenot, candidat de la Ligue communiste révolutionnaire.
Aux côtés d'Olivier Besancenot et de Roseline Vachetta, il reste (malgré sa démission du bureau politique, ayant pris sa retraite) l'un des trois porte-parole de la LCR jusqu'à sa dissolution début 2009. Il participe activement à la création du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) dont il devient membre du premier conseil politique national, sans pour autant participer à l'exécutif. Il joue aussi un rôle important à la direction de la Quatrième Internationale (SU)
En 1962, Alain Krivine épouse Michèle Martinet, enseignante, fille de Gilles Martinet, journaliste et ancien député socialiste au Parlement européen, qui fut l'un des fondateurs du PSU et ambassadeur à Rome.