Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

Fernand Loriot  (né à Ceton (Orne) le10 octobre 1870, mort à Paris le 12 octobre 1932) fils d’un distillateur de Puteaux (Hauts de Seine), fait sa scolarité au lycée de Versailles.

Membre du Comté directeur

Quitte le PCF en 1926

Il entre dans une banque, mais son goût pour l’enseignement le pousse à étudier la pédagogie. Devenu instituteur, en 1900, il exerce en région parisienne, à Noisy-le-Sec, Puteaux, Aubervilliers, Gennevilliers et Paris.

En 1901 il adhère au Parti socialiste - SFIO et en 1906, il rejoint la Fédération nationale des syndicats d’instituteurs (FNSI, affiliée à la CGT). Il en devient, en 1912, le trésorier et est élu à son conseil fédéral.

Poursuivi pour avoir signé la motion favorable au «Sou du Soldat» par la 9e chambre correctionnelle de la Seine, il est condamné, le 22 octobre 1912, à 50 francs d’amende.

En 1914, il cède d’abord à la vague de «défense nationale» et à l’Union sacrée,  mais dès la mi-août 1915, défend des positions hostiles à la guerre.

Délégué au Congrès socialiste de décembre 1915, il y critique l’Union sacrée et défend les orientations adoptées par la Conférence de Zimmerwald de septembre 1915. Début 1916, Loriot participe à la création du Comité pour la reprise des relations internationales – CRRI (succédant au Comité d’action internationale) En décembre 1916, il participe au Congrès socialiste, préconisant de voter contre les crédits de guerre et appelant à des pourparlers de paix immédiats.

En août 1917, Loriot succède à Alphonse Merrheim comme secrétaire du CRRI.

Lors du congrès socialiste d’octobre 1918, Loriot est élu à la Commission administrative permanente. Il devient par la suite trésorier de la SFIO.

En 1918, comme instituteur, il est déplacé d’office à Gennevilliers, pour avoir transmis à la CGT une lettre de la Fédération des instituteurs jugée injurieuse pour le gouvernement.

En octobre 1919, il décide de prendre un congé pour se consacrer à l’action militante.

Après la création de la IIIe Internationale, Loriot et ses amis transformèrent, le 8 mai 1919, le CRRI en Comité de la IIIe Internationale qui défend l'adhésion de la SFIO à l'Internationale communiste. Dès lors, l’audience de Loriot augmente rapidement à l’aile gauche du Parti socialiste.

A la fin de l’année 1919, il participe avec Marie Guillot à la création des Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR) dans l’enseignement. Au congrès socialiste de Strasbourg (25-29 février 1920), avec Boris Souvarine, Loriot participe fin février au lancement du Bulletin communiste, auquel il collabore, en signant avec B. Souvarine et Pierre Monatte l’éditorial du premier numéro, saluant le premier anniversaire de l’Internationale communiste.

En mai, les grèves de cheminots éclatant, le gouvernement lance des inculpations pour un prétendu « complot » : les trois secrétaires du Comité de la IIIe Internationale, Loriot, Monatte et Souvarine sont arrêtés et incarcérés à la Santé. Durant son emprisonnement, Loriot écrit ses articles dans la presse socialiste sous le pseudonyme « Flory ». Lors du Congrès de Tours (décembre 1920), Loriot est absent mais durant tous ces mois de détention, il suit et dirige, comme Souvarine, le travail des partisans de l’IC. Loriot participe à la rédaction de la Résolution qui prône l’adhésion à la IIIe Internationale. Celle-ci est présentée par le Comité de la III et Internationale et par la fraction Cachin-Frossard [ 1 ], et il en est le premier signataire. Cette Résolution recueille 3 208 mandats, la majorité des mandats. Son adoption entraîne la formation du nouveau Parti communiste (Section Française de l’Internationale Communiste – SFIC).

En janvier 1921, Loriot est élu membre du Comité directeur chargé du secrétariat international.

Le procès du « complot » s’ouvre devant la cour d’assises de la Seine, en février 1921. Acquitté, comme tous les autres accusés du « complot », il est libéré le 17 mars 1921 après dix mois de prison préventive.

Il se présente, en compagnie de Boris Souvarine, aux élections législatives dans le deuxième secteur de Paris. Au premier tour (27 février) Fernand Loriot obtint 32 957 voix, puis au second 58 000 voix, mais est battu par le candidat du Bloc national (70 000 voix).

Quelques semaines plus tard, Loriot fait partie de la délégation française au IIIe congrès de l’Internationale communiste (juin-juillet 1921). Lénine lui manifeste sa considération en déjeunant seul avec lui dans la grande salle commune. Loriot est l’un des cinq coprésidents du Congrès, aux côtés notamment de Zinoviev, mais il refuse d’intégrer la direction de l’Internationale.

Au congrès fédéral de la Seine, Loriot intervient pour contrecarrer les attaques de Victor Méric dirigées contre Boris Souvarine, le représentant du PCF (SFIC) à Moscou, et contre la constitution d’un Présidium assurant en permanence le rôle de Comité directeur. A l’issue du Congrès de Marseille (25-30 décembre 1921), il démissionne, avec Amédée Dunois, Albert Treint et Paul Vaillant-Couturier, à l’occasion de la crise provoquée par la non réélection, au Comité directeur, de Boris Souvarine. Ainsi qu’il le précise deux mois plus tard, il s’agissait de protester contre la politique de la direction du Parti « qui se déclarait toujours d’accord avec la délégation et l’Internationale, mais cet accord restait purement formel et verbal. En réalité, croissait une opposition sourde, habile à ne pas se manifester ouvertement ».

Par la suite, il prend ses distances avec la vie du parti.

En juillet 1923, il décide de sortir de sa réserve, après la décision du Ve Congrès de l’Internationale de « bolchéviser » les partis communistes. En décembre 1924, il signe avec Pierre Berthelin une résolution opposée à celle de la nouvelle direction du PC. Au Congrès de Clichy (17-21 janvier 1925), il prend la parole pour dénoncer les exclusions de Pierre Monatte, Alfred Rosmer, Victor Delagarde, Boris Souvarine et rejette l’accusation qui les vise de constituer la « droite » du Parti. En février 1925, il commence à organiser l’opposition communiste à l’intérieur du PC, et signe une lettre signée de 80 militants (la « Lettre des 80 ») critiquant la bureaucratisation et la nouvelle direction. En mai, il est l’initiateur avec Amédée Dunois et Maurice Paz d’un nouveau texte de l’opposition, cette fois signé de 130 militants. Puis, en juillet 1925, il signe une lettre ouverte aux membres du Parti fustigeant les méfaits de la bureaucratie qui répond à l’affaiblissement du Parti par un renforcement de l’appareil. Convoqués devant le CC, les signataires délèguent Loriot qui y lit une déclaration cinglante. A la Conférence nationale réunie à Ivry, le 10 octobre 1925, il dénonce encore la «bolchévisation organisatoire» et critique dans une tribune publiée par l’Humanité le 18 octobre, la « bureaucratie inquiète et oppressive... qui... entretient l’illusion de la force et de l’activité du Parti », bureaucratie qui prospère sur le militant transformé en « rouage sans initiative qui ne connaît que l’opinion d’en haut et dont le rôle se réduit à approuver, à obéir, à cotiser ». Il signe la « Lettre des 250 » adressée à l’Internationale communiste, en octobre 1925.

En 1926, il décide de ne pas reprendre sa carte.

Il rejoint ensuite la rédaction de La Révolution prolétarienne, revue de Pierre Monatte. Quand se constitue l’opposition communiste (trotskisante) autour de Maurice Paz, Loriot s’y rallie et appartient au comité de rédaction de Contre le courant, dès son premier numéro (20 novembre 1927). Gardant son indépendance d’esprit, il en vient, dès 1928, à s’opposer aux conceptions générales du groupe et, en particulier, au rôle subalterne attribué aux syndicats. Loriot choisit La Révolution prolétarienne pour développer son analyse de la Révolution russe. Il y écrit que « l’URSS n’est ni U (union), ce qui suppose la libre adhésion des parties composantes... ; ni R (république) puisque c’est une dictature centralisée, évoluant toujours davantage vers la dictature personnelle ; ni S (socialiste) puisque le socialisme reste à construire en Russie... ; ni S (soviétiste) car les soviets ne constituent plus en Russie la pierre d’assises du régime ». Distinguant entre le léninisme et le néo-léninisme des «bolchevisateurs», il affirme que « l’axe du conflit » n’est pas « entre Staline et Trotsky, mais entre stalinisme et prolétariat ». Suscitant une controverse, d’autant plus qu’elle apparaît comme contradictoire avec son engagement passé, cette prise de position lui vaut d’être exclu du groupe Contre le courant, en 1928.

Mais lui-même se considérait avant tout comme un syndicaliste que les circonstances avaient dirigé vers l’action politique qui, selon lui, n’est pas l’action essentielle. Loriot réitère ses critiques dans La Révolution prolétarienne, en janvier 1930, et constatant la divergence toujours plus grande entre la voie suivie par le prolétariat révolutionnaire et le communisme officiel, en déduit la primauté du syndicalisme révolutionnaire : « Conscient de son rôle et de sa force », le syndicat « affirmera sa volonté de conserver, vis-à-vis de tous les partis politiques, une indépendance qui constitue la garantie la plus sûre d’une solution prolétarienne des problèmes de la Révolution. »

Resté adhérent à la CGT, Loriot, malade, est contraint au silence. À sa mort, ses deux anciens camarades du Comité de la IIIe Internationale rendent hommage à « celui qui sauva l’honneur du socialisme français pendant la guerre et qui personnifie le communisme dans les années 1917-1920 » (Pierre Monatte) et dont « la fermeté de caractère et la droiture d’esprit » étaient « les traits distinctifs de sa personnalité » (Boris Souvarine).

 

Sources

Fernand Loriot – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Julien Chuzeville

Fernand Loriot - Wikipédia

Responsabilités au PCF

Membre du Comité directeur, chargé du secrétariat international : 1920 - 1921

Publications

Les Problèmes de la Révolution prolétarienne, Paris, Librairie du Travail, 1928.

Bibliographie

Fernand Loriot. Le fondateur oublié du Parti communiste, Julien Chuzeville, l'Harmattan, Paris, 2012.