Jean-Pierre Chabrol (né à Chamborigaud (Gard) le 11 juin 1925, mort à Ponteils-et-Brésis (Gard) le 1er décembre 2001), fils unique d’instituteurs, effectue toute sa scolarité primaire et secondaire, à Alès.
Son grand-père, un chevrier biblique, est un descendant de camisards,.
Il obtient son baccalauréat en 1943 puis entre en classe préparatoire de lettres au lycée Louis-le-Grand, à Paris.
C’est à la Sorbonne qu’il prend contact avec la Résistance, son professeur de philosophie étant en relations avec le groupe Combat. Recherché par la Gestapo, il retourne dans sa famille dans les Cévennes. Il tente alors de passer en Espagne (septembre 1943) mais en vain. Il entre dans le maquis du Bougès (Gard).
Il évoque ses souvenirs de résistant dans Un homme de trop, roman autobiographique publié en 1958 : « Le maquis a été tout pour moi. Il m’a fait comprendre l’importance des choses ordinaires : chaque balle était précieuse. Il n’y avait pas d’armes individuelles... Il n’y avait pas de démocratie. On obéissait aux ordres. L’égalité, oui. Tout le monde avait les mêmes droits. Le chef du camp n’avait pas un grain de tabac de plus que les autres. Il y avait une sorte de sauvagerie parce qu’on était jeune. On tuait avec une espèce de joie. La mort ne signifiait rien... »
À la fin de la guerre, il s’engage dans l’armée de Libération et suit les troupes jusqu’à Berlin.
De retour à la vie civile, il milite au PCF et devient caricaturiste, puis journaliste et chef de rédaction à l’Humanité. Il crée pour L'Humanité une sorte de bande dessinée humoristique de style médiéval, Le Barlafré, avec le dessinateur Marcel Tillard.
Il rencontre Aragon qui l’encourage à écrire son premier roman, La Dernière Cartouche.
Sa personnalité et sa verve lui valent la sympathie personnelle de Maurice Thorez.
En 1956, quand les chars soviétiques envahissent la Hongrie, il quitte aussitôt le PCF. Suite à cette démission, Thorez le reçoit et lui aurait dit « qu’il comprenait ».
Il se présente alors comme « une sorte de simple compagnon de route » du communisme.
L’écriture domine désormais sa vie. Chabrol avec sa voix chaude, rocailleuse et chantante, est un exceptionnel conteur, puisant pour l’essentiel son inspiration chez les « gens de peu » des Cévennes. Il a chanté toutes les révoltes, celles des camisards, celles des communards, celles des loubards.
Durand les années soixante et suivantes, il écrit les grands romans cévenols avec un rappel des grands événements de l’époque (émeute néo-fasciste du 6 février 1934 ; Front populaire de 1936). Puis c’est la description de la crise des années soixante-dix avec la fermeture progressive des puits de mine, la mort du vieux pays cévenol à travers le vieillissement et la disparition de ses habitants.
Homme de plume et de radio, Chabrol est aussi comédien. Il monte sur les planches, à soixante ans passés, pour une série de tournées en France, en Suisse, en Belgique. C'est, dit-il, pour surmonter « un coup de déprime » dû à la disparition successive de ses amis: Mac Orlan, Brel, Chamson, Brassens, Aragon, Lanoux, de ses parents, et de sa femme Claudine.
Son dernier ouvrage Colères en Cévennes, est publié quelques mois avant sa mort.
En 1947, il épouse Noëlle Vincensini, étudiante corse engagée dans la Résistance à Montpellier et qui a été déportée à Ravensbruck. Ils auront quatre enfants, dont Elsa Chabrol (qui adapte La Banquise pour la télévision) et le musicien Olivier Chabrol. Ils divorceront en 1971
La même année, il rencontre Claudine et ils ont deux filles. Claudine décède en 1983.
En 1993, il rencontre Elisabeth.
Sources
Jean Pierre Chabrol – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Claude Émerique
Jean Pierre Chabrol - Wikipédia
Jean Pierre Chabrol
Responsabilités au PCF
Journaliste à l’Humanité
Publications
La Dernière Cartouche, 1953
Le Bout-Galeux, Amiot-Dumont Paris, 1955,
Fleur d'épine, 1957,
Un Homme de trop, 1958,
Les Innocents de mars, 1959,
Les Fous de Dieu, 1961,
La Chatte rouge, 1963,
Les Rebelles, tome I : Les Rebelles, Plon Paris, 1965
Les Rebelles, tome II : La Gueuse, Plon Paris, 1966
Les Rebelles, tome III : L'Embellie, Plon Paris, 1968
Je t'aimerai sans vergogne, 1967
Le Canon fraternité, 1970
Le Crève-Cévenne, Plon Paris, 1972,
Les Chevaux l'aimaient, 1972,
La Folie des miens, Editions Gallimard, 1977,
La Cévenne par ses gens, 1977
Le Lion est mort ce soir, Grasset Paris, 1982,
Contes à mi-voix, 1986
Le Bonheur du manchot, Robert Laffont, 1993,
Les Soirs d'été, 1992,
Les Mille et une veillées, 1997,
La Banquise, 1998,
Colères en Cévennes, 2000.
Honneurs
Prix Eugène-Dabit du roman populiste 1956
Prix Broquette-Gonin 1976
Cabri d’or 1986
Prix du Sud 1995