Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

Paul Noirot, de son vrai nom Henri Blanc (né le 18 novembre 1923 à Paris et mort le 4 septembre 2010), passe son baccalauréat au moment de l’Armistice de 1940.

Direction Démocratie Nouvelle

Exclu  en 1969

Sa mère, d'origine ukrainienne, est médecin ; son père, est rédacteur de l’Agence d’information du Conseil national de la Résistance, et avec Gilles Martinet et Pierre Courtade, il est l’un des cofondateurs de l’Agence France-Presse (AFP)

Noirot prépare le concours de l’École Polytechnique et celui de l’École normale supérieure mais les événements de la guerre ne lui permettent pas de les passer.

Il entre dans la Résistance en 1941, à Marseille et adhère au PCF, début 1943.

Les Allemands l’arrêtent en novembre 1943 en gare d’Ambert (Puy-de-Dôme). Interrogé à Vichy, transféré à la prison de Clermont-Ferrand puis à Compiègne, il est déporté à Buchenwald, en décembre 1943. Sa formation lui permet de se faire passer pour « ingénieur » et de travailler au contrôle de la production et de freiner le travail. Il est aussi responsable du Front national du block 14. En avril 1945, les Allemands décident d'évacuer Buchenwald et lors d’une terrible marche à travers l'Allemagne des milliers les déportés affamés et exsangues sont décimés. Paul Noirot est de ce convoi. Les prisonniers sont finalement libérés par une division américaine et, après un court repos dans un village allemand dont Noirot devient le maire provisoire, il rentre en France, à la fin 1945.

Son père meurt en septembre 1945 et ses amis lui proposent une place de journaliste stagiaire à l’AFP pour l’aider à faire face à ses obligations de famille. Il abandonne donc ses études.

Il reprend contact avec le PCF et est délégué au Congrès de l’Union internationale des étudiants (UIE) à Manchester (Royaume uni).

Secrétaire de la cellule de l’AFP et secrétaire du syndicat CGT des journalistes de la Seine, il est licencié au début de l’été 1951. Son licenciement provoque une grève du personnel.

Après un passage à la Revue du cycle, Pierre Daix le fait recruter à Ce soir, le quotidien d’Aragon, journal alors en perte de vitesse. Chargé de la politique étrangère, Noirot participe aussi à la Section économique du Comité central et collabore à Démocratie nouvelle. À l’hiver 1952-1953, il est nommé, malgré l’opposition de la commission des cadres (dans un premier temps), membre de la direction de Démocratie nouvelle. Il entretient de rapports de confiance avec le directeur de la revue, Jacques Duclos.

C’est au cours d’un voyage en URSS que son ami Giuseppe Boffa, correspondant à Moscou de L’Unita, lui révèle le contenu du rapport Krouchtchev.

Il déclare, en 1960, qu’après mai 1958, le PCF avait eu « une insuffisante appréhension de la modification relative intervenue dans les rapports de force économique entre les pays d’Europe occidentale, au premier plan desquels la France, et les États-Unis ». Raymond Guyot y voit un panégyrique du gaullisme, et l’affaire s’aggrave lorsque Marcel Servin lui-même reprend la même analyse dans France nouvelle. L’élimination de Servin et Laurent Casanova affaiblit sa position dans la PCF.

En février 1968, il publie dans Démocratie nouvelle un entretien avec Dubcek, provoquant la colère de Waldeck Rochet. Il est relevé de ses fonctions.

En mai 1968,  il réagit à la lecture de l’article de Georges Marchais dans l’Humanité du 3 mai («De faux révolutionnaires à démasquer»). Rencontrant Roland Leroy au siège du Comité central, il lui déclare que « cet article [est] un véritable crime contre le Parti, et que le moment est venu pour des hommes comme lui, d’en profiter pour mettre Marchais sur la touche ». Il tente, dans la nuit du 10 au 11 mai, une dernière démarche pour organiser un contact entre les communistes et les étudiants. Avec Paul Rozenberg et Roger Garaudy, il organise une rencontre à la Sorbonne le 30 mai, mais le Parti lui oppose une absolue interdiction.  Il passe outre et intervient devant un amphi archi-comble.

Après l’entrée des chars russes en Tchécoslovaquie, il pense que la réaction du Bureau politique est bonne et décide de surseoir à son intention de quitter Démocratie nouvelle. Il obtient de Duclos un accord pour un numéro spécial sur la Tchécoslovaquie. Mais en octobre, la direction du PCF décide de suspendre Démocratie nouvelle pour des «raisons économiques».

À la sortie de la dernière réunion présidée par Duclos, une dizaine de membres du Comité de rédaction décident de créer un mensuel (Politique aujourd’hui) sur leurs fonds personnels. Sont partants : Gilbert Badia, Yves Barel, Fernand Nicolon, Paul Rozenberg, Vladimir Pozner, Jacqueline Vernes, Monique Vial, Puy Perrimond, Janine Olcina et Jean-Pierre Lecointre.  Le PCF fait savoir qu’il interdit à tout membre de participer à cette initiative. Seul Gilbert Badia accepte de se retirer pour ne pas risquer l’exclusion. Le premier numéro de Politique aujourd’hui parait en janvier 1969 et bénéficie, quelques jours avant sa sortie, d’une publicité involontaire, par un article de Jacques Chambaz qui condamne une entreprise «irréaliste, aventureuse et antirévolutionnaire». De plus, un communiqué du Bureau politique contribue à alerter encore plus fortement la presse qui fait un large écho à cette publication. Les ventes sont de 15 000 exemplaires. Paul Rozenberg et Madeleine Rebérioux sont les premiers exclus. La cellule de Noirot refuse de condamner sa participation à Politique aujourd’hui par deux tiers des voix, mais la direction de section décide de dissoudre la cellule. Finalement, tous les communistes de Politique aujourd’hui sont exclus, au cours de l’année 1969.

Noirot ouvre alors le Comité de rédaction de Politique aujourd’hui à la gauche révolutionnaire, sans réussir à intéresser à son initiative toutes les composantes, car il ne veut pas se situer dans une rupture totale avec le PCF. Plus tard, il crée un hebdomadaire : Politique hebdo, qui rassemble des socialistes, des militants d'extrême gauche (LCR, Lutte Ouvrière, PCI) et d'anciens communistes. La revue démarre le 8 octobre 1970 à près de 40 000 exemplaires et se stabilise à 20 000. Arrêté en 1978, Politique Hebdo reparaît quelques semaines en 1981, à l’occasion des élections présidentielles.

En 1979, Noirot est Directeur de publication du nouvel hebdomadaire Maintenant, auquel collaborent des socialistes, des communistes, membres du PSU, des Amis de la Terre, de mouvements féministes, et des "écrivains reporters.

Après son exclusion du PCF, Noirot refuse d’adhérer à tout parti, groupe ou formation.

Il se consacre, après la disparition de Politique hebdo, à la revue européenne Lettre internationale. En 1997, il devient directeur éditorial de Maisonneuve et Larose. En 2001, il créa les Éditions Riveneuve avec Alain Jouson, maison qui publie des ouvrages historiques et politiques.

En 1976, il écrit La mémoire ouverte, sur la base des notes prises lors de sa déportation à Buchenwald qu’il ne publia pas à son retour en France, en 1944. 

Il se marie en juin 1947 avec une rédactrice au journal France et se remarie en 1961 avec une journaliste à Combat.

 

Sources

Paul Noirot – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Claude Pennetier

Paul Noirot - Wikipédia

Publications

La mémoire ouverte, Stock, 1976.