Roger Rey (né l’Ain en 1925, mort à Mende (Lozère) le 10 décembre 2010) d’une famille paysanne pauvre d’un village anticlérical et votant communiste, arrive à Oran (Algérie) à 6 ans et suit sa scolarité dans cette ville.
Le père de Roger Rey devient douanier et demande sa mutation en Algérie en 1931, à la suite d’une grave pneumonie. Son père membre de la SFIO, militant CGT et franc-maçon est révoqué sous Vichy, en 1941. Il est réintégré en 1943 dans l’administration des douanes, après le débarquement allié en novembre 1942. Il adhère alors au PCF.
Le jeune Roger Rey obtient son bac en 1943, et commence des études de droit à Alger.
Il réussit le concours d’entrée à l’école militaire de Saint-Cyr. Sorti aspirant, Rey est d’abord envoyé en Allemagne dans la zone d’occupation française, affecté à un régiment d’infanterie coloniale. Il se porte volontaire pour faire la guerre contre les troupes japonaises. Il arrive ainsi en Indochine en octobre 1945 dans le corps expéditionnaire français commandé par Leclerc ; il y reste 30 mois, gagnant 5 citations et la Légion d’honneur à combattre sur les frontières de la Chine.
Rey revient en France en 1948, et demande à partir comme militaire à Madagascar. A la suite d’un déjeuner dans un restaurant de Tananarive à l’invitation du conseiller communiste de l’Union française en mission à Madagascar, Gaston Donnat, Rey est expulsé au début de 1952. La famille Rey se retrouve en région parisienne, à Versailles dans l’unité où on affecte les militaires communistes qui se sont faits remarquer. En juillet 1952, Rey est mis en disponibilité.
Rey et son épouse Annie qui est professeur d’université, militent dans la cellule du XIe arrondissement de Paris qui va être le foyer de la revue d’opposition au PCF, La Voie communiste, animée par Gérard Spitzer et Victor Leduc.
Rey entre ensuite au service du personnel de la sucrerie Lebaudy-Saunier à Paris. À l’usine, il n’y a pas d’organisation syndicale mais la CGT va s’implanter rapidement et Rey entre au secrétariat de la Fédération CGT de l’alimentation.
Roger Rey et sa femme Annie quittent le parti communiste après 1956.
A la demande de Gérard Spitzer et du groupe de La Voie communiste, en 1957, il prend une part de plus en plus importante à l’aide au FLN, d’autant qu’il est un expert militaire. On peut lui confier le transport d’armes. En septembre 1959, la police saisit l’argent du FLN dans un appartement de la rue Oberkampf. Pour avoir trouvé sur un carnet d’adresse son numéro de téléphone, la DST arrête Rey à son bureau de la sucrerie, le 30 septembre 1959. Faute de preuves, il est relâché, mais son patron le licencie.
Il retrouve un travail chez Kodak-Pathé comme démonstrateur des produits photographiques pour le Nord de la France et la Belgique. Le passage de matériel à la frontière est facilité par la mention sur les emballages, « à n’ouvrir qu’en chambre noire ». Il assure donc de nombreux passages de frontières, de colis et de militants.
A la fête donnée à La Courneuve au nord de Paris par la Fédération de France du FLN pour célébrer l’indépendance le 5 juillet 1962, Rey rencontre pour la première fois Henri Curiel. Ils sont à la fois en désaccord et en accord sur tout. Aussi pour l’organisation Solidarité de soutien aux mouvements de libération du Tiers-monde, dans les années 1970, Rey intervient comme instructeur dans les stages de formation militaire, à commencer par la fabrication d’explosifs. Henri Curiel et Georges Mattéi feront fréquemment appel à Rey, pour intervenir auprès de militants d’Amérique du sud.
Rey fait connaissance à la Bibliothèque de l’Université d’Alger, d’Annie Goldzeiguer qui vient d’arriver de Tunis. Ils se marient et ont deux enfants. Ils militent ensemble dans la cellule du XIe arrondissement de Paris et quittent le PCF en 1956.
Sources.
Roger Rey – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - René Gallissot
Honneurs
Légion d’honneur