Lucie Aubrac (née Bernard à Paris le 29 juin 1912, décédée à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) le 14 mars 2007), est issue d’une famille de modestes vignerons mâconnais.
Professeur, résistante Départ en 1935 |
Lucie Bernard, épouse Raymond Samuel, et garde au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, le nom de Aubrac, un des pseudonymes utilisés par son mari pendant la résistance.
Son père, républicain, est un grand blessé de la guerre de 14-18.
Elle réussit le concours de l’École normale d’instituteurs à Paris mais démissionne pensant perdre sa liberté («L'idée d'être interne, empêchée de circuler, m'était insupportable !»)
Elle travaille alors à la plonge dans un restaurant, avant de rencontrer des professeurs de lycée qui l’encouragent à passer son baccalauréat qu'elle prépare en autodidacte et qu’elle obtient en 1933. Elle entame des études d’histoire à la Sorbonne.
Lucie Aubrac commence alors à militer dans les rangs des Jeunesses communistes. Elle dirige en 1933, la cellule locale du 5e et elle suit une école élémentaire de rayon, en 1933. Elle devient membre du bureau de Paris-Ville. Fin 1935, elle est sollicitée pour suivre à Moscou, un stage de six mois dans le cadre de l’École léniniste internationale. Elle accepte puis renonce.
Elle part en Espagne avec une amie, en Catalogne, proposant ses services aux milices liées au POUM qui n’en veulent pas, puis auprès d’André Marty qui la renvoie à ses études.
Elle accepte un remplacement comme professeur, à Amiens. Elle prépare l’agrégation d’histoire qu’elle réussit en 1938.
En 1938, nommée professeur à Strasbourg, elle rencontre Raymond Samuel (Raymond Aubrac), un jeune ingénieur des ponts et chaussées qui fait son service militaire comme officier du génie. Ils se marient civilement en décembre 1939.
Lucie est à l’origine, dès l’automne 1940, de la création du mouvement Libération sud, où elle occupe des rôles multiples : stratège participant à la rédaction du journal, parfois agent de liaison pour acheminer les informations d’un point à un autre, parfois chef de bande, notamment sous le pseudonyme « Catherine ».
Elle obtient un poste au lycée Edgar-Quinet de Lyon en octobre 1941, poste qu’elle assure tout en continuant ses activités clandestines. Elle a un fils né en mai 1941. Lucie Aubrac est chargée des liaisons avec Libération-Nord et à ce titre, se rend souvent à Paris
Par deux fois, Lucie parvient à rendre la liberté à Raymond Aubrac : en juillet 1940, elle aide son mari, prisonnier de guerre à Strasbourg, à s’évader. Plus célèbre est la seconde évasion : le 21 octobre 1943, son mari est libéré des mains de Klaus Barbie après une mise en scène rocambolesque et périlleuse. Après cette évasion, Lucie Aubrac enceinte, Raymond et leur fils Jean-Pierre, de refuge en refuge, parviennent à rejoindre Londres, le 8 février 1944.
À Londres, elle participe activement aux émissions de Radio-Londres, pendant que Raymond Aubrac gagne Alger. Lucie Aubrac accouche le 12 février d'une fille, Catherine, qui a pour parrain le général de Gaulle.
Après la Libération, Lucie Aubrac est désignée comme membre de l’Assemblée consultative. Elle fonde un journal, Privilège de femmes, qui disparaît après treize numéros. Ce journal est jugé trop « communiste » par les socialistes, et pas assez... par les communistes.
Entre 1945 et 1947, Lucie Aubrac effectue des démarches répétées pour réintégrer le PCF, ce qui n’aboutit pas (sans doute son livre La Résistance, paru en 1945, est-il jugé «très négatif pour le Parti» ; sans doute aussi comme point « négatif » faut-il noter que lors de son séjour à Londres, elle a été largement mise en avant par les Anglais et les services de De Gaulle…). Pour les élections législatives de 1946, elle est présentée en troisième position sur la « liste communiste et d'union républicaine et Résistance » de Saône-et-Loire, emmenée par Waldeck Rochet. Elle n'est pas élue.
Elle enseigne ensuite au Maroc (1958-1965), en Italie, à Rome (1963). Après, elle est à New-York, où Raymond Aubrac travaille à l’ONU.
En retraite, Lucie Aubrac sillonne les écoles, du primaire à l’université, pour raconter ce que furent l’Occupation et la Résistance. Ce combat pour la liberté et la mémoire est l’œuvre de sa vie.
Au moment du procès Barbie, Jacques Vergès entreprend d’orienter la défense de son client vers la piste d’une trahison interne à la Résistance, imputée aux Aubrac. D’insinuations en allusions, de sous-entendus en allégations, une certaine presse s’engouffre dans toutes les variations des récits des Aubrac. Après de multiples dérapages, la condamnation du journaliste Chauvy pour son ouvrage Aubrac met un point final aux campagnes de presse. Le couple Aubrac fait en effet condamner Chauvy pour diffamation par la justice française, verdict que confirme la Cour Européenne des Droits de l’Homme, le 29 juin 2004.
Elle est, en 2001, présidente du Comité national de soutien à la candidature présidentielle de Jean-Pierre Chevènement.
Sources
Lucie Aubrac – Dictionnaire biographique du monde ouvrier - Corinne Bouchoux
Lucie Aubrac - Wikipédia
Publications
La Résistance, naissance et organisation, Robert Long, 1945,
Ils partiront dans l’ivresse, Seuil, 1984,
Cette exigeante liberté. Entretiens avec Corinne Bouchoux, L’Archipel, 1997,
La Résistance expliquée à mes petits enfants, Seuil, 1999,
Honneurs
Grand officier de la Légion d'honneur
Grand-Croix de l'ordre national du Mérite
Croix de guerre 1939-1945
Médaille de la Résistance avec rosette
Commandeur des Palmes académiques
De nombreux lieux et bâtiments portent son nom : rues, places, 103 établissements scolaires , amphithéâtres, hôpitaux…
En mai 2018, La Poste émet un timbre poste honorant la mémoire du couple Lucie et Raymond Aubrac.
En juin 2018, son nom est donné au futur terminus de la ligne 4 du métro de Paris, Bagneux - Lucie Aubrac.
Trois films sont inspirés de son histoire :
Lucie Aubrac (1997) de Claude Berri, 1997, avec Carole Bouquet et Daniel Auteuil.
L’Armée des ombres (1969) de Jean-Pierre Melville avec Simone Signoret,
Boulevard des hirondelles (1991) de José Yanne avec Elizabeth Bourgine.