Serge Magnien (né à Paris le 19 décembre 1929, mort à Paris le 25 juin 2012), fils du journaliste de L'Humanité, Marius Magnien et d’une mère russe, suit son cursus secondaire au collège Sainte-Barbe, à Paris.
Architecte Part dans années 1990
Aa famille est fortement marquée par l’engagement communiste. Son père, Marius Magnien, a rencontré sa mère Élisabeth Prokofiev à l’occasion du premier stage de trois ans de l’École léniniste internationale organisé à Moscou.
Magnien devient journaliste au service de politique extérieure de l’Humanité, tandis que son épouse russe occupe après quelques années le poste de directrice de l’école de l’ambassade soviétique à Paris.
Pendant l’Occupation, Magnien devient agent de liaison occasionnel de sa mère, devenue bibliothécaire à l’École des Langues orientales.
À la Libération, il adhère à l’UJRF, l’Union des Jeunesses républicaines de France (Jeunesses communistes). Cette année-là, il adhère également au PCF.
Il s’inscrit en 1948 à l’École des Beaux-Arts, en section d’architecture. En 1951, membre du bureau de section du VIe arrondissement, on lui propose de devenir rédacteur en chef de la revue Clarté, publiée par la fédération de la Seine du PCF à destination des étudiants.
Il participe aux délégations françaises au Festivals mondiaux de la Jeunesse, à Bucarest en 1953, à Varsovie en 1955.
Il est délégué au XIIIe congrès du PCF à Ivry en 1954.
Il est rattaché pendant deux ans à la commission centrale des intellectuels dirigée par Laurent Casanova. En vue du XIVe congrès du Havre, on le convoque à une réunion du bureau politique pour lui soumettre la proposition de créer une Union des étudiants communistes dont il occuperait le poste de secrétaire général, à l’issue de la réunion constitutive, en octobre 1956 (aidé dans sa tâche par un permanent Serge Depaquit). Il n’occupe sa nouvelle responsabilité qu’à titre transitoire car il est incorporé en janvier 1957, alors que le premier congrès était fixé en mars. Il y assiste au congrès en simple témoin.
Magnien fait ses quatre mois de classes à Metz. Après, il est affecté comme secrétaire de compagnie. Le 11 février 1958, il est à l'initiative d'une pétition, adressée au Président de la République René Coty (et à l’Humanité), pour un cessez-le-feu et l'ouverture de négociations en Algérie : il recueille la signature de 177 soldats de son unité. Arrêté pour cette action, et condamné à deux mois de prison militaire, il est envoyé d'office dans une unité opérationnelle en Algérie. Il adresse alors, à titre personnel, une seconde lettre au Président de la République, ce qui lui vaut d'être à nouveau arrêté et condamné, par le tribunal militaire d'Alger, à deux ans de prison, comme la quasi-totalité des réfractaires au cours de cette guerre.
Transféré à la prison de Nîmes, puis de Fresnes à l’automne 1958, il n’a de relations qu’avec sa famille et avec sa fiancée, Brigitte Dresch, une étudiante en espagnol. Les deux jeunes gens se marient pendant son incarcération. La cérémonie se déroule le 2 mai 1959 à la mairie de Fresnes. Policiers et gardiens sont sur les dents : au moins deux cents personnes sont présentes, parmi lesquelles Thorez et Jacques Duclos, parrain civil de Serge. Quelques semaines après le mariage, le secrétaire général du PCF à l’occasion de la conférence annuelle de la fédération de Paris, se démarque du refus de la quarantaine de jeunes communistes engagés dans l’insoumission, et abandonne la campagne dans ce sens. Serge Magnien en est informé, et approuve par lettre la décision de Thorez. Il ne devait jamais se sentir à l’unisson de ses camarades « soldats du refus » communistes.
Rendu à la vie civile en mai 1961, il est affecté au comité fédéral de Paris, mais pendant quelques années il se consacre surtout à ses projets pour obtenir son diplôme d’architecte. Il demanda alors à être relevé de ses responsabilités militantes, considérant qu’il serait plus utile en exerçant pleinement sa profession.
En 1963, Magnien est recruté par l’architecte communiste Jean Nicolas. C’est lui qui le recommande auprès de la municipalité de Saint-Denis pour seconder l’architecte de la ville, André Lurçat. C’est finalement avec un autre architecte communiste de la nouvelle génération, déjà à la tête d’une agence d’une certaine importance, Serge Lana, que Magnien mène la plupart de ses chantiers dionysiens. Pour Saint-Denis, il aménage cinq ou six colonies de vacances, et dans la ville, il construit en particulier deux collèges (celui du Colonel Fabien et le collège Federico Garcia Lorca), et en association avec Lana, l’ensemble d’immeubles qui résorba le bidonville des Francs-Moisins, la cité Salvador Allende ou celle de la Courtille.
Parallèlement, il avait créé sa propre agence avec un collègue, ce qui lui permit de diversifier ses activités à d’autres lieux et d’autres régions, la Lorraine notamment. Mais aux abords de la soixantaine, les commandes commencent à se réduire avec les années de crise économique et le déclin du Parti communiste ; il doit fermer son agence avant d’avoir atteint l’âge de la retraite.
Dans les années 1980, Magnien commence à se trouver de plus en plus en désaccord avec les dirigeants de sa section, dont il considère que, derrière Rolande Perlican, ils n’appliquent pas la nouvelle orientation impulsée sous le secrétariat de Robert Hue. On ne le convoque plus aux réunions du comité de section. Il ne reprend pas sa carte dans les années 1990.