Michelle Perrot (née Michelle Roux, à Paris le 18 mai 1928), issue d'une famille bourgeoise, fait ses études secondaires au Cours Bossuet, à Paris, un établissement catholique traditionaliste.
Professeur émérite |
Son père, mobilisé durant la Première Guerre mondiale, en est revenu désabusé ; il incite sa fille à faire du sport, à poursuivre ses études et à avoir une vie indépendante. Sa mère, issue d'une famille de «fonctionnaires laïques», a fait ses études secondaires au lycée Fénelon.
De 1947 à 1951, Perrot suit les cours d'histoire à la Sorbonne, et l'enseignement d'Ernest Labrousse. Elle fait sous sa direction un DES sur les Coalitions ouvrières de la Monarchie de Juillet.
Elle est ensuite reçue à l'agrégation et nommée professeure de lycée, tout en préparant (toujours sous la direction de Labrousse) une thèse de doctorat sur les grèves ouvrières du XIXe siècle.
Professeure au lycée de jeunes filles de Caen, elle y côtoie, en tant que collègues, la future philosophe et historienne Mona Ozouf et la future biologiste Nicole Le Douarin, avec lesquelles elle se lie d'amitié. À Caen, elle travaille avec des membres de la Mission de France (prêtres ouvriers).
À l’Institut français d’histoire sociale (IFHS), la petite équipe animée par Jean Maitron veut fonder une histoire ouvrière « scientifique » pour contribuer ainsi à donner aux ouvriers une histoire digne de ce nom qui les fasse apparaître non plus seulement comme des victimes du système capitaliste mais aussi comme des acteurs à part entière de l’histoire. En 1961, L’Actualité de l’histoire de Jean Maitron devient Le mouvement social, principale revue d’histoire ouvrière française. Michelle Perrot fait partie du comité de rédaction fondateur de la revue et y reste active jusqu’au milieu des années 1980.
En 1971, elle est nommée assistante de Labrousse et soutient sa thèse.
Elle enseigne ensuite à l’université Paris-Diderot, où elle est professeure émérite d’histoire contemporaine.
Attirée par le communisme, elle adhère au PCF en 1955, au début de la guerre d'Algérie, pensant que le PCF serait la principale force d’opposition à cette guerre. Elle porte des valises pour le réseau Jeanson.
Après, le rapport Khrouchtchev et l’insurrection hongroise de 1956, Michelle Perrot et son mari décident de ne pas reprendre leur carte. Ils se rapprochent alors du mouvement Tribune du communisme animé par Jean Poperen, exclu du PCF. Ils y retrouvent François Furet, Jacques et Mona Ozouf, Serge Mallet, François Chatelet, Olivier Revault d’Allones.
Dans le sillage de Pierre Vidal-Naquet, assistant à l’université de Caen, elle s'engage dans le combat contre la torture en Algérie, participant au comité Audin créé à Caen, en janvier 1958.
En février 1979, elle fait partie des 34 signataires de la déclaration rédigée par Léon Poliakov et Pierre Vidal-Naquet pour démonter la rhétorique négationniste de Robert Faurisson.
Au printemps 1973, avec Pauline Schmitt-Pantel et Fabienne Bock, Michelle Perrot crée un cours sur les femmes à l'université de Paris VII (Jussieu) intitulé : « Les femmes ont-elles une histoire ?
Avec Françoise Basch, Michelle Perrot fonde à l’automne 1974, un Groupe d’études féministes (GEF), non mixte, très actif pendant quelques années, où l’on aborde des sujets comme l'avortement, le viol, l'homosexualité, la prostitution, le travail domestique, la psychanalyse.
Elle anime également des séminaires sur divers thèmes de l'histoire des femmes et dirige des maîtrises et des thèses de doctorat sur ces mêmes thèmes. Elle dirige une cinquantaine de thèses.
Michelle Perrot a longtemps collaboré au quotidien Libération ; elle a co-produit et co-présenté l'émission Les Lundis de l'Histoire, sur France Culture jusqu'à son arrêt en juin 2014.
Elle anime de 1986 à 1991 avec Robert Badinter un séminaire sur la prison sous la Troisième république à l'École des hautes études en sciences sociales.
Michelle Perrot a surtout contribué à l’émergence de l’histoire des femmes et du genre, dont elle est l’une des pionnières en France.
L’Histoire des femmes en Occident de l’Antiquité à nos jours dirigée par Michelle Perrot et Georges Duby marque une étape essentielle dans la mise en perspective des recherches en ce domaine. Cinq tomes voient le jour en 1991-1992 et à la surprise générale, les quatre mille pages deviennent un best-seller traduit en plusieurs langues.
Pour elle, si le féminisme est une liberté universelle, il doit être mâtiné de différentialisme, et prendre en compte les différences de couleur de peau, de classe sociale, etc. :
En 1953, elle se marie avec l’historien Jean-Claude Perrot, professeur honoraire à l’université Paris, avec qui elle a une fille
Sources
Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Séverine Liatard
Wikipédia – Michelle Perrot
Publications
Enquêtes sur la condition ouvrière en France au 19e siècle Paris, Microéditions Hachette, 1972, 104 p.
Les ouvriers en grève, 1871-1890, Mouton, 1974,
Délinquance et système pénitentiaire en France au XIXe siècle, Annales. Économies, sociétés, civilisations, 1975.
Histoire des femmes en Occident, avec Georges Duby (dir.), Plon, 1990-1991 (5 vol.)
Les femmes ou les silences de l'histoire, Paris, Flammarion, 1998.
Les ombres de l'histoire : crime et châtiment au XIXe siècle, Paris, Flammarion, 2001,
Histoire de chambres, Paris, Le Seuil, 2009 - Prix Femina essai 2009.
Mélancolie ouvrière, Paris, Grasset, 2012 (ISBN 978-2-246-79779-1).
George Sand à Nohant : Une maison d'artiste, Paris, Seuil, 2018.
Honneurs
Grand officier de la Légion d'honneur, 2021,
Officier de l'ordre national du Mérite,
Prix Femina essai 2009,
Prix de l'Union rationaliste, 2010,
Prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes, 2014.