Fils d’un commis négociant, René Nicod (né à Saint-Claude-sur-Bienne (Jura) le 18 juillet 1881, mort à Oyonnax (Ain) le 14 mars 1950) est orphelin à quinze ans.
Député
Départ en 1939
Il doit interrompre sa scolarité pour travailler et subvenir à ses besoins. Il exerce diverses métier : clerc d’avoué, ouvrier pipier, imprimeur, comptable.
A 17 ans, il adhère au parti socialiste (SFIO) et fonde les jeunesses socialistes de Saint-Claude.
Il crée en 1908 une coopérative, «L’Aurore sociale» dont il est secrétaire et qu’il fait adhérer à la Bourse des coopératives socialistes.
En 1901, Nicod s’installe à Oyonnax et prend la direction de l’Imprimerie coopérative où est fabriqué L’Éclaireur de l’Ain, organe de la fédération socialiste du département. Il est aussi le directeur de cette revue. Cette même année, il représente sa fédération au congrès national de la SFIO à Lyon.
Devenu en 1912 secrétaire de la fédération socialiste de l’Ain, René Nicod est mêlé aux grèves ouvrières d’Oyonnax et, sur un faux témoignage, arrêté et condamné à six jours de prison avec sursis, pour outrage à la gendarmerie.
Il se présente aux élections législatives de 1909 et de 1910, sans succès.
Antimilitariste, il est l’un des premiers, sinon le premier, il s’élève contre l’attitude du Parti socialiste dans la guerre.Il s’oppose dans les colonnes de L'Eclaireur de l'Ain à l'union sacrée. Cette attitude lui vaut d'être traduit devant le conseil de guerre de la 14e région.
Il répond néanmoins à l’ordre de mobilisation le 24 novembre 1914.
Affecté au 23e régiment d’infanterie, sa compagnie participe aux premiers combats de Verdun. En septembre 1917, Nicod est grièvement blessé ; il perd l’usage de la main gauche (mutilé 50 %). Il reçoit la Croix de guerre avec palme et la Médaille militaire, et il est cité ainsi à l’ordre de l’Armée.
La guerre terminée, Nicod remporte des succès électoraux répétés. Le 16 novembre 1919, en tête d’une liste socialiste, il est élu député de l’Ain. Il est aussi élu conseiller général, la même année.
Au congrès national de Strasbourg (25-29 février 1920) il soutient la motion du Nord préconisant le retrait du Parti socialiste de la IIe Internationale. Au congrès de Tours (25-30 décembre 1920), Nicod défend, sans succès, une motion : « La Révolution russe ne saurait être mise en cause, mais la question de l’adhésion à la IIIe Internationale se trouve liée à des conditions d’admission et à l’acceptation de thèses doctrinales nouvelles sur lesquelles le parti a le devoir d’ouvrir un long débat au grand jour avant de prendre une décision définitive. » En conséquence, il propose un ajournement de la décision sur l’adhésion à la Troisième Internationale pour ne pas "réduire à néant les quelques chances qui subsistent de reconstruction. »
Nicod suit néanmoins la majorité issue du congrès de Tours et, en 1921, et devient le secrétaire de la fédération communiste (SFIC) de l’Ain. Au scrutin de liste en 1924, il perd son siège de député. En 1928, il se représente sans succès comme candidat communiste dans la circonscription de Nantua-Gex. Mais, il est élu conseiller général pour le canton d’Oyonnax.
Aux élections municipales de 1919 à Oyonnax, il devient maire de la ville et sera reconduit jusqu’en 1940. Le 8 décembre 1922, le préfet de l’Ain suspend Nicod "pour violation flagrante et systématique de dispositions légales et réglementaires relatives à l’administration municipale et à la comptabilité des deniers publics". Le rapport vise spécialement l’administration de l’hôpital. Tous les communistes du conseil municipal donnent leur démission et font campagne en bloc. Le 25 février 1923, ils sont tous élus avec huit colistiers nouveaux. Les huit conseillers de droite sont battus et le conseil municipal d’Oyonnax devient un des rares de France entièrement composés de communistes et de quelques sympathisants. Cette victoire est confirmée aux élections municipales des 3 et 10 mai 1925. Oyonnax demeure alors une forteresse communiste incontestée jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. En 1929, la liste de Nicod gagne tous les sièges sauf trois au premier tour et les trois autres au second tour ; en 1935 toute la liste est élue au premier tour.
Autodidacte, Nicod avait une culture très étendue. Ainsi en 1932, il écrit deux articles dans l’Eclaireur de l’Ain sur la grammaire de l’Académie française. Il s’y révèle maître de toute une gamme de problèmes de la littérature et de la linguistique contemporaines. Nicod est aussi un lecteur de toute la presse, même de langue anglaise. Il fait parfois des traductions d’articles du International herald tribune.
Non candidat à la députation en 1932, Nicod reprend la lutte dans la circonscription de Nantua-Gex en 1936. Il est l’élu du Front populaire. Il est membre de la commission des douanes et des conventions commerciales et de la commission de la législation civile et criminelle.
En décembre 1937, à l’issue du congrès du Parti communiste qui se tint à Arles, Nicod entre à la commission de contrôle des finances du parti.
Opposé au Pacte germano-soviétique, Nicod prend position publiquement par affiches signées de son nom. Dès le 7 octobre 1939, il fonde avec quatre députés dissidents comme lui (Marcel Capron, Paul Loubradou, Marcel Brout, Jules Fourrier), le groupe d'Union populaire française (UPF) dont il est président.
A l’Assemblée, le 14 décembre 1939, il proteste contre la « répression aveugle » qui s’abat sur les communistes. Nicod n’est pas touché par la déchéance aux termes de la loi du 20 janvier 1940. Le 10 juillet 1940, à Vichy, il est un des quatre-vingts parlementaires à refuser les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Il est en conséquence, arrêté, enfermé quelques mois à Saint-Paul d’Eyjeaux (Haute-Vienne) où, le 19 janvier 1942, il refuse d’être libéré « tant qu’un seul communiste d’Oyonnax restera interné ». Il est ensuite détenu à Vals-les-Bains (Ardèche) et à Evaux-les-Bains (Creuse) d’où les FFI le libèrent en juin 1944.
Nicod regagne Oyonnax et il est placé à la tête du Mouvement de libération nationale (MLN) d’Oyonnax. Il demande son adhésion au Front national. Elle est acceptée à condition qu’il s’engage à ne pas attaquer le PC. Ce qu’il respecte. En novembre 1944, il demande sa réintégration au PC qui est refusée par la Fédération de l’Ain.
Il siège à l’Assemblée consultative provisoire du 16 mars 1945.
Il rejoint le Parti socialiste au cours du congrès fédéral du 28 juillet 1945. Il remporte la mairie d’Oyonnax qu’il conserve jusqu’à sa mort. Il retrouve son siège au conseil général.
À l’élection de la première Assemblée nationale, candidat en deuxième position sur la liste SFIO, il n’est pas élu. Il se consacre alors à ses mandats locaux (maire, conseiller général).
Oyonnax lui fait de grandioses funérailles et le préfet de l’Ain lut un message du président de la République Vincent Auriol.
Il s’était marié le 9 août 1905 à Oyonnax avec Marie, Céline Buffaut