Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

Philippe Robrieux (né à Paris le 20 janvier 1936, mort à Souraïde (Pyrénées-Atlantiques) le 1er octobre 2010), fils d’un exportateur mendésiste, connaît une enfance bourgeoise dans le VIIe arrondissement de Paris.

 Historien, CNRS
Quitte le PCF en 1968

Son grand père maternel était ouvrier mécanicien et communiste

Amateur de football, il voue une admiration aux joueurs Brésiliens et aspire lui-même à devenir un joueur professionnel (son oncle dirige le club du Racing).

Par le biais du sport, il adhère en classe de quatrième à l'Union des jeunesses républicaines de France, proche du PCF, puis en 1955, en classe de seconde, à la cellule communiste du lycée Buffon.

Bachelier, Robrieux rejoint l’Union des étudiants communistes (UEC) nouvellement créée. Son engagement politique l’éloigne de sa famille, et il doit travailler comme surveillant.

Robrieux se lie d’amitié avec Jean Thorez, fils du secrétaire général, et, par son intermédiaire, entre en contact direct avec Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, et son épouse Jeannette Vermeersch.

Repéré par Jean Elleinstein, il est propulsé au bureau national de l’UEC et ainsi amené à travailler étroitement avec le secrétaire administratif, Serge Depaquit, de sept ans son aîné, qui devient un proche en même temps qu’un modèle. Orateur et organisateur efficace, Robrieux prend la direction de l’UEC, en remplacement de Claude Kastler, en 1959, lors du IIIe congrès. En conséquence, il intègre en mai 1959, le comité fédéral du PCF de Paris, tout en étant invité permanent, dès juin, du comité central.

Comme secrétaire national de l'UEC, il intervient à la tribune du XVe congrès du Parti communiste, tenu à Ivry en juin 1959. Il participe durant plus d'un an, aux réunions du comité central du PCF.

Robrieux, qui n'est pas réélu au secrétariat général de l'UEC, lors du IVe Congrès de cette organisation (décembre 1960), a été l'une des victimes de l’affaire Servin-Casanova en 1961. Il est ensuite l'un des animateurs du « courant italien » de l'UEC. Il quitte définitivement le PCF en 1968.

Lors du comité central de décembre 1960, Jeannette Veermersch dénonce « l’interprétation opportuniste du XXe congrès » du PCUS à l’œuvre dans l’article de Philippe Robrieux « Les communistes et les autres »,

Robrieux renoue alors avec ses parents qui le prennent de nouveau sous leur aile.

Surveillant au lycée Buffon, il s’investit dans la FEN et devient rapidement responsable national du secteur des maîtres d’internat et surveillants d’externat et, à ce titre, siége au bureau national du SNES. Toujours lié au PCF dont il reste membre, Robrieux œuvre surtout, avec Serge Depaquit et Alain Forner, à mettre en échec la reconquête de l’UEC menée pour le PCF par Roland Leroy.

Il reprend ses études d’histoire, avec le concours actif d’intellectuels souvent passés par le PCF et/ou liés au PSU, notamment Jean-Pierre Vernant, Colette Chambelland et surtout Madeleine Rebérioux. Il mène de front un travail salarié et ses études ; il obtient l’agrégation d’histoire.

Il est nommé professeur au lycée Jules-Ferry (Paris) puis en Première supérieure (Amiens)

Il quitte le PCF en 1968 et joue, en Mai, un rôle mineur, œuvrant à unifier l’extrême gauche dans le Mouvement révolutionnaire. Il se rapproche en 1969 du groupe Unir, aux côtés d’anciens communistes comme Jean Chaintron, Roger Pannequin ou Jean Pronteau.

Sur les conseils d’anciens de l’UEC, Claude Angeli et Paul Gillet, il prépare une biographie de Maurice Thorez. Il conduit sa thèse de 3e cycle sous la direction de Annie Kriegel et la soutient avec succès en présence de René Rémond et Maurice Duverger.

En 1975, Robrieu publie sa thèse, Maurice Thorez. Vie secrète, vie publique, et c’est un succès de librairie. Dans ce livre, Robrieux dit sa vérité sur le « fils du peuple », enfant illégitime d’un petit bourgeois, qui n’a jamais été mineur, et qui a mené une vie bourgeoise…

Ce gros livre de 661 pages apparaît alors comme un événement éditorial et installe Robrieux comme expert médiatique en communisme.

Politiquement, les années 1970 il se rapproche du Parti socialiste. Admirateur de François Mitterrand, il en devient le conseiller ès PCF, prédisant notamment la rupture du Programme commun. Il prépare également le jeune Lionel Jospin pour son débat face à Georges Marchais (1980), permettant au socialiste, alors peu connu, de se faire repérer pour avoir déstabilisé le redouté dirigeant du PCF.

Sur le plan éditorial, Robrieux s’engage dans la rédaction de L’Histoire intérieure du parti communiste. La publication du premier volume suscite à nouveau un très large intérêt. Le succès rencontré incite l’auteur et son éditeur à le prolonger par la rédaction d’un nouveau volume l’année suivante (1981) puis d’un autre dès 1982. Appuyé sur de très nombreux entretiens, le concours d’archives du renseignement américain et les archives inédites de l’ancien responsable à l’organisation du PCF, Auguste Lecœur, les premiers volumes apportaient une documentation considérable.

Devenu maître de recherche au CNRS, Robrieux publie un 4e volume de L’Histoire intérieure en 1984, qui a un très large écho. Robrieux met en cause Jean Jérôme pour son attitude durant la guerre, et émet l'hypothèse que ce dernier, à la suite de son arrestation, a été « retourné » par les Allemands et qu'il aurait été responsable de l'arrestation du groupe Manouchian. Cette hypothèse est critiquée par plusieurs historiens comme Annie Kriegel et Stéphane Courtois dans des articles de presse ou divers ouvrages tels que Le Sang de l'étranger (1989) coécrit par Stéphane Courtois, Adam Rayski (ancien responsable de la section juive de la MOI) et Denis Peschanski, historien spécialiste de Vichy.

Suite à cette polémique sur la qualité de ses sources historiques, le 5e volume annoncé de L’Histoire intérieure ne parait pas.

Sur le plan politique, Robrieux poursuit son engagement aux côtés de François Mitterrand, désormais président de la République, avec lequel il s’entretient à l’Élysée ou à Latche. En 1985 encore, il se définit comme « un supporter décidé du président de la République et des socialistes. » Pour autant, les liens avec le PS se distendent et le grand institut d’histoire du communisme un temps envisagé pour lui au CNRS est abandonné. Robrieux est en outre éprouvé dans sa vie personnelle. Il prépare cependant une édition des archives de Boris Souvarine.

En 1991, il écrit à Annie Kriegel: « Il est sage que je me prépare à la triste possibilité de ne plus pouvoir jamais faire un livre d’Histoire. »

 

Sources

Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Guillaume Roubaud-Quashie

Wikipédia – Philippe Robrieux

Le décès de Philippe Robrieux, L’Humanité, 6 octobre 2010.

Responsabilités au PCF

Secrétaire général de l’UEC : 1959 - 1961

Membre du Comité fédéral de Paris : 1959 -1961

Membre du Comité central,

Publications

Maurice Thorez : vie secrète et vie publique, Fayard, 1975,

Notre génération communiste (1953-1968), Robert Laffont, 1977,

Histoire intérieure du Parti communiste, 4 tomes, , Fayard, 1980-1984,

La Secte, Stock, 1985,

L'Affaire Manouchian, Fayard, 1986.