Fils du sénateur radical-socialiste Victor Méric, Méric (né à Marseille le 10 mai 1876, décédé à Paris le 10 octobre 1933) est reconnu par ses parents deux ans après sa naissance (après leur mariage).
Membre Comité directeur Exclu en 1923 |
Il est incorporé en mars 1895 au 7e régiment de génie. En avril 1896 il est promu caporal, mais son indiscipline lui vaut le conseil de guerre. Le 6 janvier 1897, il est rétrogradé pour «abandon de poste» et écope de deux mois de prison. Il n’obtient pas le certificat de bonne conduite lorsqu'il retourne dans la vie civile, en 1898.
Il s'installe à Paris en 1899 et travaille comme dessinateur à l'Hôtel de ville de Paris, puis comme correcteur d’imprimerie. Il fréquente le milieu de la « petite bohème » dans le quartier de Buci à Paris, qu’il décrit longuement dans ses souvenirs (À travers la jungle politique et littéraire), la qualifiant de «cour des Miracles de la rive gauche».
Il commence par fréquenter les milieux anarchistes et collabore au Libertaire. En 1901, il fonde le groupe anarchiste La Jeunesse libertaire du 6e arrondissement. Méric raconte plus tard qu’il y venait «des rapins chevelus, des ouvriers, des étudiants». La police qui le surveille, le soupçonne alors des pires turpitudes : proxénète, pédéraste et faux-monnayeur ...
En 1904, il est l'un des fondateurs avec Ferdinand Domela Nieuwenhuis (anarchiste et antimilitariste hollandais), de l'Association internationale antimilitariste (AIA). Il se lance ensuite dans un tour de France de la parole. L'année suivante, il participe à la rédaction de « L’Appel aux conscrits » (sans le signer), affiche rouge colée sur les murs de Paris, violemment antimilitariste et appelant les conscrits à la désobéissance. Appel qui entraîne un retentissant procès au cours duquel 24 des 26 prévenus sont condamnés à des peines de prison allant de 6 mois à 4 ans de prison.
Il est ensuite le gérant et l'un des rédacteurs de l’éphémère hebdomadaire L’Internationale. En 1906, il collabore aussi à La Guerre sociale, dont il est aussi l'un des fondateurs et à Les Hommes du jour.
Sous l'influence de Gustave Hervé, il adhère à la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), et milite à la IVe section de Paris. En 1908 et 1909, deux de ses articles lui valent la prison. Le 26 septembre 1908, il passe en procès aux assises avec Aristide Delannoy pour la publication en couverture des Hommes du jour d’une caricature du général d’Amade — chef d’une expédition coloniale au Maroc — en boucher au tablier sanglant. Tous deux sont condamnés à un an de prison et 3 000 francs d’amende. Et le 26 avril 1909, il est de nouveau condamné, pour un article dans La Révolution, à 6 semaines de prison et 100 francs d’amende. Il est placé en liberté conditionnelle le 18 août 1909. Une condamnation plus lourde à cinq ans de détention lui est également infligée, mais elle est effacée par une amnistie.
En 1910, il publie une petite brochure où il affirme la nécessité d’une dictature révolutionnaire transitoire : « Seule la violence aura pu nous donner une victoire momentanée, seule la Terreur pourra nous conserver cette victoire... Il ne faudra pas craindre d’être féroces! Nous parlerons de justice, de bonté et de liberté après. »
En 1910, suite aux emprisonnements des autres rédacteurs de La Guerre sociale, il reste seul à en assurer la rédaction. Il est délégué aux congrès du Parti socialiste, à Toulouse en 1908, à Paris et Nîmes en 1910.
La conférence antimaçonnique et antisémite organisée le 3 avril 1911 par Émile Janvion semble l’avoir définitivement « guéri à jamais de l’erreur antisémitique » comme il l’explique dans La Guerre sociale du 5 avril. Il écrit alors que, s’il déteste les capitalistes juifs, il n’a jamais voulu être confondu avec les cléricaux réactionnaires.
En 1912, à l’occasion des élections municipales, Victor Méric renonce à l’anti-électoralisme et appelle, dans Les Hommes du jour, à voter pour la SFIO. Quelques jours plus tard, il cosigne le manifeste paru dans La Guerre sociale du 8 mai 1912 contre « les ravages de l’abstentionnisme et de l’antiparlementarisme anarchiste au sein de la CGT ».
Mobilisé comme sapeur du génie, il reste sous l'uniforme du 4 août 1914 au 29 décembre 1918. Du front, il envoie des articles pour Le Journal du Peuple.
Méric adhère au Comité de la IIIe Internationale. En 1919, candidat de la SFIO aux élections législatives, il n'est pas élu. Il est présent au congrès de la SFIO à Strasbourg, en mars 1920. En décembre 1920, au congrès de la SFIO à Tours, il préside la première séance. Il est élu au comité directeur de la Section française de l'Internationale communiste (SFIC, futur PCF). Dans la foulée, il entre au comité de rédaction de l'Humanité, puis rapidement, est chargé de représenter la SFIC auprès du Parti communiste d'Allemagne (KPD), qui prépare une insurrection.
Mais, assez vite, Méric est en opposition avec la ligne de la IIIe Internationale. Il refuse la discipline bolchevique imposée à l'intérieur du Parti. En 1921, au congrès fédéral de la Seine, il dénonce une «centralisation de secte». Cette polémique va s'amplifier les jours suivants lors du premier congrès du PC, qui se tient à Marseille. Méric, à partir de la question du Front unique (qu'il juge inapplicable puisque, depuis Tours, les communistes ne cessent de dénoncer les socialistes), se dresse contre la IIIe Internationale et le fait dans l'Humanité. Son attitude vis-à-vis de l'Internationale communiste passe de la critique à l'hostilité. Le congrès du PC de 1922, à Paris, ne le réélit pas au Comité directeur. Le IVe congrès de l'Internationale impose l'exclusion du PC des membres de la Ligue des droits de l'homme ; Méric est en conséquence exclu en janvier 1923.
Méric est l’un des fondateurs du Parti communiste unitaire (PCU) qui, vite, fusionne avec des exclus du Parti Communiste pour former l'Union socialiste communiste (USC). Dans son journal, L'Égalité, il s'exprime de façon très critique vis-à-vis de l'URSS.
En 1928, dans la revue Évolution, il signe L'appel au bon sens, dans lequel il se prononce pour la révision du Traité de Versailles, notamment de l’article sur les responsabilités de l'Allemagne dans le déclenchement du conflit. Deux ans plus tard, il lance une grande enquête dans Le Soir sur la guerre aéro-chimique. Il organise des conférences dans toute la France.
En 1931, Méric fonde le journal pacifiste La Patrie humaine et crée la Ligue internationale des combattants de la paix (LICP). La Ligue vise au rapprochement de tous les peuples d'Europe. Son comité directeur comprend d'éminents pacifistes.
Des divergences apparaissent assez vite entre la ligne anarchisante de La Patrie humaine dirigé par Méric, et celle des pacifistes plus stricts. De plus, Méric refuse que LICP participe au Congrès contre la guerre impérialiste d'Amsterdam, tenu en 1932, qu’il trouve trop inféodé à la IIIe Internationale. Au congrès de LICP de 1933, Méric est mis en minorité, mais il est maintenu au Bureau dans une position affaiblie.
Il décède peu après ce congrès et est incinéré au Père-Lachaise. Son oraison funèbre est prononcée par Sébastien Faure en présence de ses amis du Libertaire.
Selon la nécrologie que lui consacre L’Œil de Paris à sa mort, Victor Méric aurait également été le « nègre » de Michel Zévaco : « Plusieurs des “Pardaillan” sont entièrement de sa main ».
Sources
Victor Méric - Dictionnaire biographique du monde ouvrier - Michel Dreyfus, Nicolas Offenstadt.
Victor Méric - Wikipedia
Responsabilités au PCF
Membre du Comité directeur du PCF (SFIC) : Décembre 1920 – Janvier 1922
Publications
Le Bétail : pièce antimilitariste en un acte, avec Charles Malato, publications de l’Association internationale antimilitariste.
Opinions subversives de M. Clemenceau, chef du gouvernement, Éditions de la Guerre sociale.
Lettre à un conscrit, publications de l’Association internationale antimilitariste, 1904.
Le Problème sexuel : libre maternité, fécondité, dépopulation, Éditions Génération consciente, 1909.
Comment on fera la révolution, Petite bibliothèque des Hommes du jour, 1910.
Le Crime des Vieux, roman, Éditions de France.
La Der des Der, roman, Éditions de France.
Les Bandits tragiques, Simon Kra éditeur, 1926.
Les Compagnons de l'Escopette : roman de sac et de corde, Éditions de l'Épi, 1930.
À travers la jungle politique et littéraire, 2 volumes, 1930/1931.
La Guerre qui revient : fraîche et gazeuse, Éditions Sirius, 1932.