Pronteau (né le 31 août 1919 à Paris, décédé le 12 juin 1984 à Paris) est issu d’une famille de la petite bourgeoisie et passe une partie de son enfance à Sainte-Croix-Vallée-Française, petit village du sud de la France. Son père, est représentant de commerce avant d’être nommé, en 1936, directeur technique et commercial d’une usine de jouets d’Orléans.
DéputéExclu en 1970 |
Il entre au lycée Henri IV à Paris en 1936, où il redouble sa Première, puis passe en hypokhâgne, s’inscrivant la même année à la faculté des lettres de Paris, juste avant que le déclenchement de la guerre.
Il interrompt ses études à l’université et s’inscrit à l’École militaire d’application de l’armée de l’Air à Versailles, en tant que volontaire. Il en sort diplômé en mai 1940 (spécialité : l’observation).
Deux mois après la signature de l’armistice, il entre en contact pour la première fois avec les réseaux de la Résistance à Perpignan, où son unité vint d’être disloquée. Le petit mouvement Liberté de tendance démocrate-chrétien lui confie la tâche de distribuer des tracts clandestins.
Installé à Toulouse, il acquiert très vite un rôle de dirigeant dans les mouvements de résistance du Sud de la France. D’abord, en devenant responsable des départements du Sud-Ouest au sein du mouvement Combat, puis en étant en charge de la région R 4 au sein de l’Armée secrète et, enfin, en essayant d’implanter l’Organisation de la résistance européenne en Allemagne (dont le but est d’organiser l’action parmi les déportés).
Il adhère au Parti communiste à l’été 1942, mais cette adhésion reste initialement secrète.
Il retourne à Paris et réussit à décrocher sa licence de philosophie générale. Puis, il passe l’hiver 1943-1944 sous une fausse identité dans les Hautes-Alpes.
Quand, en octobre 1943, se mettent en place les Forces unies de la jeunesse patriotique, formation liée au PCF, il en devient membre du secrétariat et l’un des chefs les plus influents.
Connu désormais sous le pseudonyme de Colonel Cévennes, il devint l’un des responsables de la jeunesse de l’Organisation civil et militaire (OCM) et, en juin 1944, délégué militaire des FUJP (Forces unies de la jeunesse patriotique) auprès de l’état-major national des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
A Paris, lors de l’insurrection, il dirige le commando du Quartier latin.
Pronteau est en tant que membre des FUJP, est délégué à l’Assemblée consultative où il s’occupe surtout de questions militaires, en participant notamment aux séances de la Commission nationale militaire.
Lors des élections, il est élu comme candidat du Mouvement unifié de la Résistance française.
Militant communiste désormais déclaré, il est nommé membre du comité directeur de l’OCM, puis du secrétariat national de l’UJRF (Union de la jeunesse républicaine de France. À l’occasion de la remise de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur, le bureau politique du PCF charge Léon Mauvais d’intervenir auprès de l’UJRF à fin de garantir le caractère militaire de la cérémonie. Ce qui est fait le 26 février 1946, dans la cour des Invalides, par les mains du gouverneur militaire de Paris, le général Paul Gentilhomme.
Avec les élections de 1946, il est élu député d’Angoulême, une fonction qu’il conserve de façon continue jusqu’en 1958. Il est élu au Comité central en tant que membre suppléant, en avril 1950. La même année, il effectue son premier voyage dans un pays de l’Europe de l’Est en Hongrie.
Il est parfois porte-parole du groupe communiste à partir de la seconde moitié de la deuxième législature. À l’exception de l’investiture de Pierre Mendès France auquel il accorde sa confiance, il vote contre tous les gouvernements de la seconde législature de la Quatrième République.
En 1951, le parti lui confie la direction de la section économique, contrôlée jusque-là par Jacques Duclos et Léon Lavallée. Dépourvu d’une formation universitaire en économie, il s’engage dans cette nouvelle tâche en s’appuyant sur les lectures que lui suggère Marcel Servin, ainsi que sur l’expérience et l’autorité de Jean Baby (Rédacteur en chef////) . Le premier numéro de la revue économique de parti, Économie et politique, qu’il dirige pendant sept années, paraît en avril 1954. Il la conçoit comme un instrument ne servant pas uniquement à orienter les cadres du parti et les syndicalistes, mais aussi comme un support destiné à être diffusé dans le milieu intellectuel, notamment auprès des étudiants de la faculté et des professeurs de l’enseignement technique et secondaire. Pronteau oriente aussi la revue vers un certain renouveau de l’économie politique marxiste. Il maintient ce cap après l’éviction en 1956, du rédacteur en chef de la revue, Jean Baby et d’autres collaborateurs de la section économique en raison de leurs positions sur le sujet de la paupérisation.
En mars 1957, il se rend pour la première fois en Union soviétique et il passe quatre mois
Dès son retour, il affiche des idées de plus en plus critiques par rapport à la direction du parti. Il est convaincu de la portée radicale et révolutionnaire des changements amorcés en URSS, et de leurs impacts pour la France.
Ses positions à l’égard de la déstalinisation khrouchtchévienne, de la politique extérieure de De Gaulle sont assimilées à celles dénoncées dans l’« affaire Casanova-Servin » ; la revue Économie et politique étant accusé d’en fournir la « base théorique ».
L’écartement de Pronteau du parti se produit par étape. En 1958, il n’est pas réélu dans sa circonscription d’Angoulême. Deux ans plus tard, il est provisoirement remplacé à la tête de la section économique par Fernand Nicolon, puis par Henri Jourdain. Accusé d’opportunisme et d’« esprit de groupe » dans la presse de parti, il est exclu du comité central en 1961, à l’occasion du XVIe congrès. L’article d’autocritique signé par Pronteau publié dans Économie et politique, et repris par l’Humanité, texte préparé avec l’aide de Fernand Nicolon et Michel Hincker, n’est pas jugé suffisant pour sa réhabilitation.
Pronteau continue pendant encore quelque temps à participer aux activités publiques du PCF de la Charente et à intervenir aux réunions du bureau fédéral. Dans son fief, son exclusion du comité central n’est pas « comprise » et les militants le considèrent comme « une victime » de la direction du Parti. Il semble tout de même conserver de bons rapports avec Waldeck Rochet qui se ralliera à certaines de ses positions. En octobre 1961, lors d’un échange de vue plutôt franc et cordial, Pronteau lui expose la nécessité pour le PCF de « faire un grand effort pour trouver des mots d’ordre, un style d’organisation mieux adapté » aux temps et « capable de mouvoir les masses ».
Libéré des tâches politiques, il reprend ses études universitaires. Il est assistant en sociologie à la Sorbonne, puis ingénieur urbaniste. Il crée une maison d'édition spécialisée en sociologie les Éditions Anthropos.
Avec le soutien de Georges Friedman et de Pierre Cot, il est chargé de conférence à l’Ecole pratique des hautes études et collabore avec le groupe de recherche « Sociologie politique du développement ». Il fonde avec Serge Jonas L’Homme et la société, revue international de recherche et de synthèse en sciences sociales, périodique dont il sera co-directeur jusqu’en 1974.
Pendant la seconde moitié des années 1960, il s’engage dans un autre projet éditorial : un ouvrage collectif d’ampleur international, en deux tomes, intitulé Les communismes dans le monde aujourd’hui, qui devait être publié par les Éditions Robert Laffont, et dont Jean-Paul Sartre avait accepté de rédiger la préface. Ce projet n’aboutit pas
En 1970, sa cellule vote son exclusion en raison de la publication d’une déclaration publiée dans Le Monde du 3 juin 1970, intitulée « Il n’est plus possible de se taire », signée par Pronteau, Roger Garaudy, Charles Tillon et Maurice Kriegel-Valrimont, et dans laquelle ils condamnent la répression soviétique en Tchécoslovaquie, critiquent le fonctionnement du PCF, « inspiré du modèle soviétique » et dénoncent le séjour en Allemagne de Georges Marchais durant la guerre et son absence de passé de résistant (et en conséquence leur opposition à son accession au poste de secrétaire général adjoint).
La décision de rejoindre le PS arrive trois années plus tard, fin 1973. Il adhère au courant mitterrandien. Dans une lettre du 28 septembre à François Mitterrand, Pronteau présente sa décision sous le signe d’une continuité révolutionnaire avec son précédent parcours politique : « Après trente années de lutte pour le socialisme au sein du PCF j’avais estimé nécessaire, après 1970, de me cantonner dans une certaine réserve. Il me paraît maintenant qu’elle ne s’impose plus ».
Il élu au Comité directeur du PS en 1975. Pronteau s’installe rapidement à la direction des structures d’expertise internes créées après le Congrès d’Épinay. D’abord, il lui sera assigné la responsabilité de la direction de l’Institut Socialiste d’Études et de Recherches (ISER), organisme chargé d’alimenter la réflexion théorique et idéologique du parti et dans lequel il collabore pour quelque temps avec Gilles Martinet. À partir de 1976, il dirige le Groupe des experts, structure voulue par Mitterrand. Enfin, il s’installe au Groupe d’analyse et proposition, ayant pour mission à partir de mars 1981 de rédiger des notes quotidiennes sur la campagne présidentielle.
Sa profonde connaissance du monde communiste est également très appréciée par la direction du PS. Après la rupture entre socialistes et communistes (septembre 1977), il est chargé de suivre les réactions du PC et suggérer des déclarations du PS. Pronteau œuvre au processus de rapprochement entre PCF et PS.
La fascination pour la stratégie eurocommuniste conduite par Berlinguer s’inscrit dans son chemin politique. Le PCI resta pour lui un modèle.
Il est appelé à la direction de la Caisse nationale de l’énergie après la victoire de la gauche.
Devenu membre du bureau exécutif du PS en juin 1981, il milite pour la mise en œuvre complète du programme de nationalisations ainsi que pour l’adoption de mesures visant à rendre plus protectionniste l’économie française. Il reste, jusqu’à la fin, accroché à l’idée d’un socialisme comme rupture avec le capitalisme.
Le 8 juin 1982, à l’Élysée, François Mitterrand lui décerne le grade d’officier de la Légion d’honneur, lors d’une cérémonie à l’Elysée.
Pronteau a avec Jeanne Maille deux filles, Claire, née le 17 janvier 1949, et Catherine, née le 14 mars 1950. Le 30 avril 1980 il épouse Caroline Dufour. Ils ont deux fils, Sylvain et Lionel.
Sources
Jean Pronteau - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Massimo Asta
Jean Pronteau - Wikipédia
Jean Pronteau - Assemblée Nationale
Mandats électifs
Député de la Charente : 1945 - 1958
Responsabilités au PCF
Membre du Comité Central : 1950 – 1961
Directeur de Economie et Politique : 1954 - 1961
Honneurs
Croix de guerre. 26 février 1946.
Officier de la Légion d’honneur. 8 juin 1982.
La Place Jean-Pronteau dans le XIVe arrondissement de Paris est baptisée 19 août 2004
Publications
La Cite Idéale Les Grands Révolutionnaires. Jean Pronteau