Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

Henri Lefebvre (né à Hagetmau (Landes) le 16 juin 1901, décédé à Pau (Pyrénées-Atlantiques) le 29 juin 1991), fils d’un receveur de l’enregistrement, fait sa scolarité à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).

Philosophe, marxiste

Exclu en 1958

Influencé par sa mère fortement catholique, Lefebvre envisage la prêtrise avant de rompre avec la religion. Il se tourne vers la philosophie, grâce à l’enseignement de son professeur de philosophie, Maurice Blondel.

Lefebvre suit ses cours de philosophie à la Sorbonne où en 1924, il rencontre Pierre Morhange qui vient de créer le groupe Philosophies avec Georges Politzer et Norbert Guterman. Ce groupe s’est constitué en réaction contre la philosophie enseignée à la Sorbonne. Philosophies est aussi le nom de la revue qu'ils publient.

Le groupe se radicalise en 1925 et Lefebvre participe aux actions qui sont menées, en commun par Philosophies, la revue Clarté et le groupe surréaliste : manifeste contre la guerre du Maroc en juillet 1925 ; manifeste «La Révolution d’abord et toujours» en octobre 1925 dans lequel est proclamée l’adhésion à «la révolution économique et sociale». Le groupe Philosophies évolue, selon Lefebvre du «culte de l'Esprit au matérialisme dialectique».

En fin 1928, Lefebvre et plusieurs membres de son groupe adhèrent au PC.

N'ayant pas eu son agrégation, il fait plusieurs petits métiers puis obtient enfin un poste de professeur à Privas (Ardèche). Il y anime la cellule locale du PCF. Menacé de révocation à la suite d'une manifestation contre André Tardieu, il est déplacé d'office en 1931, à Montargis (Loiret), où il enseigne jusqu'à la guerre. En 1935, il y est élu conseiller municipal sur une liste d'unité antifasciste. Après un passage à Saint-Étienne, il est révoqué de l'enseignement par le gouvernement de Vichy, en mars 1941.

Il rejoint la Résistance et devient capitaine FFI.

De 1944 à 1947, il est le directeur de la station de Toulouse de la Radio-diffusion française (RDF)

En 1947, il réintègre l'enseignement à Toulouse. L'année suivante, il entre au CNRS pour des études de sociologie rurale, domaine dans lequel il soutient ses deux thèses de doctorat, en 1954.

Il est alors une des figures de proue des philosophes communistes. Il est membre du Comité de rédaction de La Nouvelle Critique.

Au cours des années 1950, dans ses publications sur la théorie marxiste, il marque son rejet sans concession du stalinisme.

À partir de 1955-1956, une campagne contre lui se développe dans le parti : il est accusé de révisionnisme notamment par Roger Garaudy dans les Cahiers du Communisme de juillet 1955. En 1957, Lefebvre publie une tribune libre dans Les Temps modernes sur la situation de la pensée marxiste en France dans lequel il prend nettement position contre les marxistes dogmatiques du PCF.

En 1957, Lefebvre est expulsé du Comité de direction de La Nouvelle Critique en même temps que Annie Kriegel, Victor Leduc, Pierre Meren. Ces exclusions provoquent les démissions de Emile Botigelli et Jean Desanti.

Son livre Problèmes actuels du marxisme (1958) dans lequel il consacre plusieurs pages à la crise de la philosophie, est critiqué dans le PCF. Il fait alors partie du groupe d’intellectuels qui s’opposent à la ligne du PCF. Il participe ainsi au groupe L’Etincelle et collabore à Voies nouvelles fondé en avril 1958 par des dissidents comme Gérard Spitzer, Jean Desanti, Francis Jourdain, Hélène Parmelin. Parmi les actes qui lui sont alors reprochés : sa participation à la fondation du Club de la gauche, son Manifeste pour un romantisme révolutionnaire paru dans La Nouvelle Revue Française, au début de 1958.

En juin 1958, Lefebvre est convoqué devant une commission de contrôle et est exclu du PCF pour un an. Il ne demande pas sa réintégration. Jean. Kanapa l’attaque encore en juin 1959, à la tribune du XVe Congrès du PCF.

En 1960, il signe le Manifeste des 121 sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie. Il collabore à la revue Arguments (fondée en 1956, par Edgar Morin, Roland Barthes, Jean Duvignaud et Colette Audry). Il est membre du Comité de patronage du Mouvement contre l'armement atomique, dès sa création, en 1953.

En 1962, il devient professeur de sociologie à l'Université de Strasbourg, puis à l'Université de Paris X-Nanterre, en 1965. Il finit son parcours universitaire à l'Institut d'urbanisme de Paris.

Après 1978, il se rapproche du Parti communiste et en 1982, il est l'un des signataires de L'appel des Cent contre la course aux armements et pour la paix.

Il réédite Logique formelle et logique dialectique aux Éditions sociales (1982). Il prend nettement parti en faveur du gouvernement de gauche. Dans le débat sur le déclin du parti, il insiste sur la nécessité sociologique du parti (Hurler contre les loups, le Matin, 5 juillet 1984), et dans un entretien avec J. de Bonis dans Révolution, il se prononce pour la survie du PCF.

En mai 1986, il est directeur de M mensuel, dont le rédacteur en chef est Gilbert Wassermann. Dans le premier numéro, il définit la pensée marxiste comme une pensée critique qui permettait d’intégrer les aspects de la modernité que Marx n’avait pu connaître. En 1987, Lefebvre, en désaccord avec l’orientation théorique et politique de M, donne sa démission, refusant notamment de faire de la revue celle des «rénovateurs communistes». Il signe avec d’autres contestataires communistes, un appel en faveur d’André Lajoinie, candidat du Parti communiste à l’élection présidentielle d’avril 1988, «malgré les erreurs des dirigeants du parti» afin de préserver le parti, «seule réalité organisée des luttes ouvrières».

Lefebvre s'est consacré au matérialisme historique, à la sociologie, à la géographie. Influencé par la pensée de Karl Marx, il fait partie des premiers intellectuels qui diffusent en France la connaissance du marxisme. Il a édité de nombreux ouvrages (plus d’une trentaine)

Il se marie en septembre 1936 avec Henriette Valet. Ils divorcent en 1980. Et Lefebvre se remarie en décembre 1981, avec Catherine Régulier.

 

Sources

Henri Lefebvre – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier – Nicole Racine

Henri Lebvre - Wikipédia

Responsabilités au PCF

Membre du Comité de rédaction de la Nouvelle Critique : - 1957

Publications

Hitler au pouvoir, bilan de cinq années de fascisme en Allemagne, Bureau d'Éditions, internationales, 1937,

Morceaux choisis de Hegel, avec Norbert Guterman, Gallimard, 1938,

Nietzsche, Paris, Éditions sociales internationales, 1939,

Le Matérialisme dialectique, Presses universitaires de France, 1940,

L'Existentialisme, Editions du Sagittaire, 1946,

Logique formelle, logique dialectique, Editions sociales, 1947,

Critique de la vie quotidienne, Grasset, 1947,

Marx et la Liberté, Editions des Trois Collines, 1947,

Problèmes actuels du marxisme, Presses universitaires de France, 1958,

La Somme et le Reste (2 volumes), La Nef, 1959,

Critique de la vie quotidienne II, Fondements d'une sociologie de la quotidienneté, L'Arche, 1961,

La Vie quotidienne dans le monde moderne, Gallimard, 1968,

Du rural à l'urbain, Anthropos, 1970,

Au-delà du structuralisme, Anthropos, 1971,

La Pensée marxiste et la ville, Casterman, 1972,

La Conscience mystifiée, avec Norbert Guterman, Gallimard, 1979,

Critique de la vie quotidienne, III. De la modernité au modernisme. Pour une métaphilosophie du quotidien, L'Arche, 1981,

Eléments de rythmanalyse: Introduction à la connaissance des rythmes, avec Catherine Regulier-Lefebvre, Syllepse, 1992.