Emile Bevernage (né à Somain (Nord) le 6 février 1915), fraiseur de profession, habitait à Issy-les-Moulineaux où résidaient également Marcel Cretagne et Fosco Focardi.
En juillet 41, Fosco Focardi, ancien des brigades internationales, son camarade de cellule et voisin, lui propose de faire parti d’un « groupe punitif » chargé de « châtier les traîtres ». Groupe créé à l’initiative de la direction clandestine du PCF, connu sous le nom de Groupe Valmy et sous l’autorité de Marius Bourbon. Bevernage aura un nom d'emprunt "Abbeville".
Le 22 décembre 1941, Bevernage fait feu sur Fernand Soupé, ancien maire communiste de Montreuil devenu permanent du Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot. Soupé est blessé grièvement mais ne meurt pas.
En avril 1942, Émile Bevernage et André Jacquot sont désignés par Marius Bourbon pour exécuter Elie Ventura, le compagnon de combat de Georges Déziré qui est accusé comme lui d’avoir trahi. Jacquot fait feu mais son pistolet s’enraye. À ce moment, Bevernage n’a pas le courage de tirer sur Ventura qui s’enfuit. Cette défaillance lui est très vivement reprochée par Jacquot et Cretagne qui menacent de le faire condamner à mort pour « lâcheté ».
Prenant ces menaces au sérieux, sans doute avec raison, Bevernage se mettre à l’abri à Angers où il trouve un emploi dans une usine de la ville. Mais la direction de l’entreprise le désigne bientôt pour partir travailler en Allemagne.
A Paris, les membres du Groupe Valmy sont arrêtés et interrogés par le BS2, en octobre 1942. C’est en Allemagne que la gestapo vient l’arrêter le 24 novembre 1942, après la découverte au domicile de sa mère d’un talon de mandat sur lequel figure l’adresse de l’expéditeur outre-rhin. Ramené à Fresnes le 7 janvier 1943, interrogé par la gestapo le 29 janvier rue des Saussaies, il est déporté à Mauthausen le 27 mars avec les seize autres membres du groupe Valmy. Il est tenu à l’écart de l’organisation communiste clandestine du camp, accusé de défaillances par ses camarades, tout comme Lucien Magnan, Louis Tillet, Marcel Cretagne. En déportation, Bevernage reste très lié à Marcel Cretagne.
Rentré à Paris fin mai 1945, Bevernage se réinstalle dans son meublé d’Issy-les-Moulineaux et reprend sa carte au PCF. Il travaille un temps dans une entreprise de transport opérant pour l’armée américaine. Mais l’instruction de « l’affaire Valmy » par la Commission centrale de contrôle politique du PCF (CCCP) conduit à son exclusion en 1947. Il lui est reproché pêle-mêle d’avoir «été lâche dans une affaire», d’avoir «trafiqué sur des confitures destinées à des familles d’emprisonnés» et d’être «parti comme volontaire en Allemagne».
Sources
Emile Bevernage – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Jean-Pierre Ravery
Emile Bevernage – Wikipédia
Bibliographie
Liquider les traîtres : La face cachée du PCF 1941-1943, Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Paris, Robert Laffont