Victor Leduc (né à Berlin (Allemagne) le 21 août 1911, mort à Paris le 2 décembre 1993) entre en hypokhâgne au lycée Henri-IV à Paris.
Lycéen, il obtient le premier prix de français au concours général.
Rédaction. en chef d'Action Exclu en 1970 |
Son père, issu d’une famille de petits industriels de Kherson (Ukraine), est acquis très jeune aux idées révolutionnaires. Menacé en raison de son activité politique, il quitte la Russie après la Révolution de 1905, et travaille à Berlin (Allemagne). La mère de Leduc, également originaire de Kherson, meurt quelques mois après sa naissance. Son père part avec lui pour la France au cours de l’année 1914. Il s’engage dans l’armée française pour la durée de la guerre en confiant son fils à des familles françaises, à Argenteuil, puis Bezons. Blessé, réformé en 1917, son père se remarie plus tard avec une russe, émigrée de 1905.
En 1930, Leduc adhère aux Jeunesses communistes et aux Jeunesses syndicalistes scolaires.
Ses talents de « bagarreur » et de « stratège » du combat de rue contre les Camelots du Roy lui valent plusieurs séjours à l’hôpital et une condamnation à un mois de prison avec sursis
Il adhère au PCF en février 1934, et crée une cellule au lycée Saint-Louis où il était maître d’internat.
Son action militante connue des services de l’armée l’empêche de faire les EOR (école d’officiers de réserve) qu’il brigue conformément aux consignes du parti. Libéré du service en octobre 1937, il est nommé professeur de philosophie à Neufchâteau puis à Saint-Dié (Vosges) où il anime les Amis de l’URSS.
Il est mobilisé dans les Alpes. Après sa démobilisation en juillet 1940, il est nommé professeur de philosophie à Pau (Basses-Pyrénées). Révoqué de son poste de l’Education Nationale, en décembre 1940, comme juif, il vit de cours particuliers puis, devient résistant à la suite d’une rencontre avec Jean-Pierre Vernant. Il s’occupe à plein temps de l’action clandestine à Toulouse, dans le cadre de Libération-Sud. Arrêté par la police française à Toulouse en 1943, après une tentative d’évasion à l’hôpital Lagrave de Toulouse (il est blessé lors de son arrestation), il est incarcéré à la centrale d’Eysses et participe à la révolte des internés contre le projet de transfert en zone nord. Incarcéré à la citadelle de Sisteron, il s’évade en janvier 1944, et reprend son action de résistance à Paris comme responsable de l’action ouvrière du Mouvement de Libération Nationale (MLN) qui édite le journal clandestin Action (dont Leduc est directeur)
À la Libération, Leduc reste directeur du journal Action (hebdomadaire communiste et indépendant) et entretient des rapports confiants avec la direction du Parti communiste, particulièrement avec Maurice Thorez. Les difficultés commencent lorsqu’il soutient Pierre Hervé dans un conflit avec Louis Aragon en novembre-décembre 1946. En octobre 1949, la direction du PCF le remplace par d’Yves Farge, à la direction d’Action. Il est alors responsable de la revue internationale Partisan de la paix du Mouvement de la Paix, puis permanent du Comité central à la section idéologique sous la direction de François Billoux et à la commission des Intellectuels sous la tutelle de Laurent Casanova. Il est à ce titre, l’un des huit créateurs de la Nouvelle Critique, en 1948, avec Jean Kanapa (rédacteur en chef), Victor Joannès, Annie Kriegel-Besse, Pierre Daix, Jean-Toussaint Desanti, Jean Fréville, Henri Lefebvre.
Ses articles paraissaient dans différentes revues du PCF : Cahiers du Communisme, Démocratie nouvelle, la Nouvelle critique et quelquefois dans la rubrique Doctrine et Histoire de l’Humanité.
En délicatesse avec son parti, il prend son indépendance financière en acceptant un poste de professeur à Sézanne (Marne) en 1952, tout en continuant assurer ses fonctions de collaborateur du Comité central.
En 1954, lors de la préparation du XIIIe congrès, sur le problème de l’indépendance nationale, il reproche à la direction « une position nationaliste à la remorque de la conception bourgeoise, celle d’une nation qui serait homogène et qui ignorerait le conflit de classe ». Aragon ayant parlé au congrès de « déviation trotskyste », Victor Leduc obtient un rendez-vous de Maurice Thorez qui lui donne des apaisements et accepte qu’il publie Communisme et Nation (qui reprend ses positions sur la Nation) aux Editions sociales.
En 1956, après le rapport Khroutchev déclenche, il est évincé de ses diverses responsabilités. Oppositionnel déclaré, Leduc organise la protestation après les événements de Pologne et de Hongrie en 1956, puis crée un journal clandestin, l’Etincelle animé par Jean Pierre Vernant (puis plus tard, Voies Nouvelles). Il entre en conflit ouvert pour sa participation au Comité des intellectuels contre la guerre d’Algérie et pour affirmer son droit de publier livres et articles. Son exclusion est plusieurs fois refusée par sa cellule.
Il participe à une conférence du PCI avec des délégations de divers partis communistes dont le compte rendu paraît dans L’Unita. Lors de la réunion du Bureau politique, le 4 janvier 1962, les dirigeants s’étonnent de sa présence et lui demandent, ainsi qu’au PCI, « à quel titre » il avait été invité.
En mai 1968, Leduc fait partie des trente intellectuels communistes qui adressent au Bureau politique une protestation contre la politique du parti à l’égard des étudiants. Sa signature, en 1970, sur un texte public demandant l’ouverture d’un débat après les exclusions de Roger Garaudy et de Charles Tillon, provoque son exclusion du PCF, en octobre 1970.
En janvier 1971, Leduc est cofondateur avec Serge Depaquit, des Centre d’initiative communiste (CIC) réunissant d’anciens membres du PCF et quelques opposants internes au PCF.
Il est l’animateur du Comité de liaison pour l’autogestion socialiste (CLAS). Il est le principal rédacteur des « quatorze thèses pour l’autogestion » présentées lors d’un colloque organisé par le CLAS, en mai 1973.
En novembre 1973, les CIC rejoignent le PSU dont ils partagent l’option autogestionnaire.
Leduc entre à la Direction nationale puis au Secrétariat national du PSU, en décembre 1974. Il est en désaccord avec la ligne « moderniste » défendue par Michel Rocard.
Leduc milite pour le ralliement du PSU à la candidature de Pierre Juquin pour les élections présidentielles d’avril 1988. Hostile à la participation du PSU au gouvernement de gauche, Leduc s’engage en 1992, dans Alternative pour la démocratie et le socialisme (ADS), structure créée notamment par Claude Poperen, Marcel Rigout, Félix Damette, Claude Llabrès...
Il est signataire du manifeste « Refondations » au début des années 1990.
Parallèlement à son activité politique, Leduc crée, dans le cadre de l’Union rationaliste, en 1966, avec des intellectuels pour la plupart membres ou anciens membres du PCF, une revue se réclamant à la fois du rationalisme et du marxisme : Raison présente.
Il se marie avec Jeanne Modigliani, résistante, fille du peintre Amedeo Modigliani et de Jeanne Hébuterne. Ils ont deux filles Anne (1946) et Laure (1951), et se séparent en 1980.
Sources
Victor Leduc - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Jean Maitron, Claude Pennetier
Victor Leduc - Wikipédia
Les orphelins du PC, Jean Pierre Gaudard, Belfond, 1986.
Responsabilités au PCF
Directeur de Action : 1945 - 1949
Publications
Le marxisme est-il dépassé ?, Éd. Raisons d’être, 1946,
Communisme et nation, Éd. Sociales, 1954,
La coexistence pacifique, Éd. Juillard, 1962,
Le marxisme, Edma, Encyclopédie du monde actuel,
Les tribulations d’un idéologue, Syros, 1985.
Aliénation ou autogestion, le dilemme de notre temps, Éditions la Breche, 1989.