François Hincker (né à Paris le 6 mars 1937, mort à Paris le 5 février 1998), fils d’un comptable et d’une employée, fait sa scolarité au lycée Janson de Sailly, à Paris.
Licencié d’histoire à la Sorbonne, titulaire d’un diplôme d’études supérieures (1959), il obtient l’agrégation d’histoire, en 1961.
Il enseigne aux lycées Faidherbe à Lille, Henri Wallon à Valenciennes (Nord) où il se lie à Antoine Casanova, puis au lycée Voltaire à Paris (1963),
Il effectue son service militaire en 1964-1965 à l’école d’application d’artillerie. Il y contracte une tuberculose (guérie en 1967).
Il commence à travailler pour une thèse d’histoire sur « les prix et les salaires à Paris sous l’Ancien Régime », sous la direction d’Ernest Labrousse. Il devient assistant à la Sorbonne à partir de l’année universitaire 1968-1969, puis maître-assistant (1975) et maître de conférences (1986) à l’Université de Paris I. Il travaille avec Pierre Vilar, Albert Soboul, Jean Bouvier et Michel Vovelle.
Après avoir publié en 1963, un ouvrage sur l’œuvre politique d’Etienne de La Boétie, il commence des travaux d’histoire économique et financière qui sont le thème central de ses recherches. Un de ses thèmes privilégiés est aussi la pensée et l’action de Condorcet. Il rédige, avec Claude Mazauric, le premier tome de l’Histoire de la France contemporaine paru aux Éditions sociales, supervisé par Albert Soboul.
Etudiant, membre de l’UNEF, Hincker est le vice-président de l’Association générale des étudiants des préparations littéraires et artistiques, de 1956 à 1957.
Hincker adhère aux Jeunesse communistes en juin 1951 et au PCF en janvier 1955. En 1959, il devient membre du bureau national de l’Union des étudiants communistes (UEC) responsable de l’idéologie. Il est l’organisateur de la réunion à la Mutualité avec Louis Aragon, le 21 avril, intitulée « Il faut appeler les choses par leur nom », prenant des distances avec le réalisme socialiste.
Il entre au Comité fédéral de Paris en 1970. Non réélu en 1972, il retrouve le Comité fédéral en 1974.
Associé depuis quelques années au secteur intellectuel auprès du Comité central du PCF, il en devient le secrétaire de 1974 à 1979, sur la proposition de Roland Leroy dont il est proche. Il assure une partie du secrétariat de ce dernier et participe à la rédaction de son ouvrage La culture au présent.
En 1973, il est candidat suppléant aux élections législatives dans le Ve arrondissement.
Membre du Comité de rédaction de La Nouvelle Critique, il en devient le rédacteur en chef adjoint puis le rédacteur en chef (succédant à Antoine Casanova), d’avril 1975 à décembre 1979.
Lors de la rupture du programme commun de la gauche en 1977-1978, La Nouvelle Critique affiche son hostilité à la décision de la direction du PCF. Dans deux numéros, en avril et octobre 1978, contenant des articles critiques, Hincker manifeste, avec une grande prudence, ses réserves sur cette ligne politique nouvelle, centrant son propos sur le fonctionnement du Parti.
En 1976, il est élu au Comité central, lors du 22eme Congrès, celui de l'abandon de la notion de dictature du prolétariat. Mais au 23e Congrès, il n’est pas représenté par la commission des candidatures ; il lui est reproché d'avoir éprouvé "des difficultés à mettre en oeuvre de manière créatrice et cohérente la stratégie du Parti" dans son domaine d'activité. Cependant, sur les bulletins de vote, quatre voix fois son nom a été rajoutées à la main.
Le Bureau politique, le 28 septembre 1979, réorganisa le secteur « intellectuel, culture, enseignement » et Hincker perd sa responsabilité dans le secteur pour n’être responsable que de La Nouvelle Critique. Moins de trois mois après, la décision d’arrêter la parution de la revue est prise par la direction du PCF. Il devient un des rédacteurs adjoints du nouvel hebdomadaire en direction des intellectuels, Révolution, créé par le Bureau politique. Après quelques mois, en juin 1980, estimant que certains articles aboutissent à une remise en cause de l'orientation du Parti à l'égard de la création, il en démissionne.
Il rejoint Henri Fiszbin et devient le rédacteur en chef du bulletin de ce courant contestataire, Rencontres communistes hebdo. En octobre 1981, dénonçant un «travail fractionnel», Hincker est exclu, s’étant lui-même « mis hors du parti », en même temps qu’une dizaine de dirigeants parisiens : Georges Heckli, Jean Argelès, Maurice Goldring. Yvonne Quilès, Jean Rony, ...
Il publie un essai sur la politique du PCF fondé sur l’exploitation de ses archives, Le Parti communiste au carrefour.
Par la suite, il se rapproche du Parti socialiste (il adhère au PS ?) et collabore au lancement de l’hebdomadaire Vendredi (hebdomadaire des socialistes). Il participe aussi à diverses recherches sur l’histoire récente du communisme (colloques et articles). Au milieu des années 1990, il écrit un article dans l’Humanité, il participe à un débat au siège du mensuel Regards, il envoie une contribution pour l’anniversaire du Manifeste du Parti communiste organisé par l’Espace-Marx.
Il est le secrétaire général de l’Institut d’histoire de la Révolution française, le secrétaire de rédaction des Annales historiques de la Révolution française à partir de 1994, l’un des dirigeants de la Société des études robespierristes.
Une journée d’études en 1998, à l’Université de Paris-Sud, sur « les finances en temps de crise » lui est dédiée. Les Annales historiques de la Révolution française en 1998 publient une partie spéciale d’un numéro en hommage à l’historien de la Révolution française, avec des articles de Claude Mazauric, de Serge Bianchi, de Philippe Bourdin, de Jacques Girault.
Hincker se marie en décembre 1958 à Paris, avec Monique Foissac, professeur de lettres, militante communiste. Le couple a quatre enfants, Catherine, Louis, Mathilde et Vincent. Son épouse collabore parfois à ses travaux, notamment sur La Boétie.
Il meurt d’une pneumonie foudroyante, en quelques heures
Sources
François Hincker – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Jacques Girault
François Hincker, la conviction d'un intellectuel, L’Humanité, 7 Février 1998
Responsabilités au PCF
Membre suppléant du Comité Central : 1976-1979
Rédacteur en chef de La Nouvelle Critique : avril 1976 - décembre 1979
Publications
La Boétie, Œuvres politiques. Discours sur la servitude volontaire. Mémoire sur l’édit de janvier 1562, Éditions sociales, 1963,
Condorcet, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, Editions sociales, 1966,
Les Français devant l’impôt, Flammarion, 1971,
Expériences bancaires sous l’Ancien régime, textes choisis et présentés par François Hincker, Paris, Presses universitaires de France, Dossiers Clio, 1974,
Aujourd'hui l'histoire, enquête de la Nouvelle critique, 1968-1973, Editions sociales, 1974,
Les communistes et l’Etat, en collaboration avec Jean Fabre et Lucien Sève, Editions sociales, 1977,
Le Parti communiste au carrefour : essai sur quinze ans de son histoire, 1965-1981, Paris, A. Michel, 1981,
La Révolution française et l’économie : décollage ou catastrophe ?, Paris, Nathan, 1989,
Introduction à l'histoire économique, Eyrolles, 1993.