Hélène Parmelin (née à Nancy (Meurthe-et-Moselle), le 19 août 1915, morte à Paris le 6 février 1998), obtient son baccalauréat au lycée Fénélon, à Paris, et part en Indochine où elle vivra deux ans et demi avec Georges Vidal qu’elle épousera, en 1934.
Romancière, journaliste Quitte le PCF en 1980 |
Ses parents étaient russes et juifs. Son père, Arcadi Jungelson, était ingénieur-agronome, révolutionnaire et anarchiste. Sa mère, Véra Halfin, était avocate et menchévik. Son père fut déporté en Sibérie et sa mère, arrêtée et emprisonnée pendant deux ans à Odessa. Les familles les firent évader chacune de leur côté. Ils fuirent séparément la Russie tsariste après l’échec de la révolution de 1905. Tous deux décident de rejoindre Lénine en Suisse. C’est là qu’ils font connaissance. Son père meurt à la suite d’une intervention chirurgicale, alors qu’Hélène Parmelin n’a que cinq ans.
Elle rejoint le PCF en 1944.
De 1944 à 1953, elle est directrice du service culturel puis grand reporter de l’Humanité. Quand le militant communiste Henri Martin est emprisonné en 1950 pour propagande hostile à la guerre d’Indochine, Parmelin, jour après jour, pendant un an, signe une chronique dans l’Humanité qui comptera dans la campagne pour sa libération (1953).
En Juin 1950, elle se marie, avec l’artiste-peintre Edouard Pignon. Ils auront un fils, Nicolas, né en septembre 1948. Edouard Pignon et Hélène Parmelin sont des amis intimes de Picasso, le couple séjourne régulièrement chez le peintre, à Vallauris notamment.
Hélène Parmelin écrit son premier roman en 1950, La Montée au mur, roman qui est récompensé par le prix Fénéon. Entre 1950 et 1987, elle écrit une quinzaine de romans dans lesquels elle aborde très souvent des thèmes socio-politiques : le monde ouvrier des mineurs du Pas-de-Calais (Léonard dans l’autre monde), la politique (La Manière noire), les guerres (Le Soldat connu, Le Guerrier fourbu, la Femme crocodile, Le Perroquet manchot).
Elle est également l’auteur de nombreux essais et ouvrages sur l’art.
En 1956, après les révélations du rapport Khrouchtchev et l’invasion soviétique en Hongrie, Parmelin lutte contre le stalinisme tout en défendant les valeurs du communisme. En novembre 1956, elle est à l’initiative d’un texte qu’elle signe avec neuf autres intellectuels communistes dont Picasso, Édouard Pignon et Henri Wallon. Dans ce texte publié le 22 novembre 1956, dans le Monde et France Observateur, les dix intellectuels expriment leur désarroi et demandent la convocation d’un congrès extraordinaire.
À partir de décembre 1956, un petit réseau clandestin de militants communistes édite un bulletin d’opposition interne : L’Étincelle (en référence à Iskra, le journal de Lénine). Les auteurs des textes signent avec des pseudonymes. Hélène Parmelin fait partie de cette entreprise, aux côtés d’artistes et intellectuels comme Victor Leduc, Paul Tillard, Marc Saint-Saëns, Édouard Pignon, Anatole Kopp, etc. Picasso finance en partie ce journal clandestin qui publie quelques numéros en 1956 et 1957.
En 1960, elle signe le Manifeste des 121, réclamant le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie. Elle signe également avec d'autres personnalités littéraires comme Simone de Beauvoir, Françoise Sagan, Germaine Tillon, des articles en faveur de Djamila Boupacha, résistante du FLN, torturée et violée par des militaires.
Le 26 mai 1968, 36 communistes adressent une lettre à la direction du Parti dans laquelle ils affirment leur « solidarité politique » avec le mouvement contestataire et reprochent au Parti d’avoir freiné cet élan exceptionnel. Parmi les signataires, on retrouve Hélène Parmelin, aux côtés d’Édouard Pignon, Jean Bouvierè, Jean Chesneaux, Madeleine Rebérioux, Jean-Pierre Vernant, Charles Tillon, etc.
Parmelin s’insurge quelques mois plus tard contre l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968, par les troupes du Pacte de Varsovie et contre la « normalisation » qui s’ensuit. En 1979, paraît chez Stock son essai Libérez les communistes. Dans cet ouvrage, Parmelin livre une chronique qui passe trente-cinq années de militantisme au crible d’une réflexion critique sur le stalinisme. En décembre 1980, un an après l'invasion de l'Afghanistan et alors qu'en Pologne est décrété l'état d'urgence, elle quitte, avec Édouard Pignon, le Parti communiste, en affirmant : « notre combat pour un socialisme dans la liberté est incompatible avec l'appartenance au parti. Les communistes qui, par leur silence ou électoralement, se croient malgré tout tenus de soutenir le parti de Georges Marchais, ne disposent même pas, comme au temps de Staline, du terrible alibi de l'ignorance. »
Sa sœur, Olga Wormser-Migot (épouse d’Henri Wormser puis d’André Migot), est historienne spécialiste de la déportation durant la seconde guerre mondiale ; elle est la conseillère historique d’Alain Resnais pour le film Nuit et Brouillard (1956).
Sources
Hélène Parmelin – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Anysia L’Hôtellier
Hélène Parmelin - Wikipédia
Hélène Parmelin, un esprit en perpétuelle insurrection, Michel Gimmoux, L’Humanité, le 7 Février 1998,
Publications
Romans :
La Montée du mur, Éditeurs français réunis, 1950 (Prix Fénéon 1951)
Noir sur blanc, Julliard, 1954,
Léonard dans l'autre monde, Julliard, 1957,
Le Taureau matador, Julliard, 1959,
Le Soldat connu, Julliard, 1962,
L'Amour-peintre, Julliard, 1962,
Le Guerrier fourbu, Julliard, 1966,
La Femme-crocodile, Julliard, 1968,
La Manière noire, Bourgois, 1970
Le Perroquet manchot, Stock, 1974,
La Femme écarlate, Stock, 1975,
Le Monde indigo, Stock, 1978,
Le Soleil tombe sur la mer, Stock, 1978,
La Tortue surpeuplée, Bourgois, 1987.
Essais
Un exemple : Henri Martin, second maître de la marine, 1951
Cinq semaines chez les hommes libres, Éditeurs Français Réunis, 1951
Matricule 2078 : L’affaire Henri Martin, Éditeurs français réunis, 1953
Libérez les communistes, Paris, Stock, 1979
Art et peintres :
Introduction à la peinture moderne, en collaboration avec Henri Wormser, Studio Raber, 1945,
Estampes chinoises révolutionnaires, Cercle d’art, 1951,
Le Massacre des innocents. L’art et la guerre, Cercle d’art, 1954,
Picasso sur la place, Julliard, 1959,
Édouard Pignon, Galerie de France, 1960,
Picasso, Les Dames de Mougins, Cercle d’art, 1964,
Picasso, Le peintre et son modèle, Cercle d’art, 1965,
Picasso, La flûte double, Au vent d’Arles, 1967,
Pignon, Les Nus rouges, Galerie de France-Weber, 1973.
Histoire de Madame H. P, Editions Marval, 1996.