Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

Pierre Golendorf (né à Paris le 1er août 1921, décédé à Nîmes (Gard) en 2022), fils d’un immigré juif polonais et d’une mère de la petite bourgeoisie provinciale française, suit des études supérieurs à Paris.

En 1940, il quitte Paris pour Antibes (où se sont réfugiés ses parents).

Il y rencontre Dany Lartigue, son ami d’enfance, artiste peintre, fils du photographe Jacques Henri Lartigue. Les heures passées dans son atelier seront décisives quant au choix de ses futures orientations.

Il participe à la résistance dans les FTP, sous le nom de Raoul Berthez, et en 1943, se retrouve dans un camp de réfugiés, en Suisse.

En 1947, il adhère au PCF.

Il décide de s’engager dans le reportage photographique et travaille pour Paris-Match et l’agence Gamma, de 1949 à 1955.

En 1950, il fonde avec Jacques Kober et Jacques Signovert les éditions Réclame qui publieront notamment Le Discours sur le Colonialisme d’Aimé Césaire ainsi que des poèmes illustrés par des peintres (Edouard Pignon, Jean Lurçat, Bram Van Velde…).

En 1951, à la suite de son mariage avec une artiste peintre, il s’oriente vers la photographie d’œuvres artistiques, pour les peintres et les galeries.

Il rencontre et se lie d’amitié avec de nombreux artistes du Salon de la Jeune Peinture et du Salon de Mai pour lesquels il travaille : Eduardo Arroyo, Paul Rebeyrolle, Wilfredo Lam, Pierre Dmitrienko et la Nouvelle Figuration Narrative en général.

En 1967, le gouvernement cubain, sous l’impulsion de Wilfredo Lam, décide d’inviter une centaine d’artistes peintres résidant en France et participant au Salon de Mai ainsi que de nombreux intellectuels. Cet évènement va devenir Le Salon de Mayo à La Havane et Golendorf est invité à en faire le reportage photographique.

Les premiers participants arrivent le 25 juin à La Havane. Les artistes resteront pour certains deux mois à Cuba, et réaliseront une immense fresque murale de 55 m2.

Pour le vernissage du Salon de Mayo, une centaine d’œuvres sont acheminées de Paris vers Cuba (12 tonnes soit 126 peintures, 31 sculptures…) : Picasso, Miro, Magritte, Tapiès, Calder, Vasarely, Matta…

Au cours de ce voyage, Golendorf réalise plus de 3200 photos dont plus de la moitié consacrée au Salon de Mayo et au séjour des artistes à Cuba.

En 1968, Golendorf décide de retourner à La Havane pour le 1er Congrès Culturel et d’y séjourner un certain temps, séduit par l’esprit révolutionnaire et ébloui par «la gaîté exubérante, communicative, spontanée du caractère cubain».

Il épouse une cubaine, travaille pour l’Institut du Livre, la revue Cuba et à la Commission d’Extension Universitaire. Il découvre au fur et à mesure de ses rencontres que Cuba n’est pas une démocratie ainsi qu’elle peut le laisser supposer, que le socialisme qui y est appliqué ne laisse pas «l’individu et la collectivité jouir de leurs pleins droits».

En août 1969, il fait une première demande pour quitter le pays, demande qui lui est refusée pour sa femme et sa fille. Pendant un an, il travaille pour l’agence de presse de l’état, Prensa Latina et en octobre 1970, il renouvelle sa demande. Elle est acceptée et son départ est prévu le 20 février 1971. Le 18 février, il est arrêté dans sa chambre d’hôtel. Jugé le 18 août, il est condamné à 25 ans de prison ; sa peine est commuée en 10 ans. Il sera libéré et expulsé en avril 1974.

Seuls quelques carnets écrits en prison et sortis miraculeusement témoignent de ce qu’il y a vécu. Ils serviront à l’écriture de son livre 7 ans à Cuba, 38 mois dans les prisons de Fidel Castro publié en 1976.

Il est exclu par le PCF après son retour en France, en 1974.

Son retour à Paris est difficile. Mis à l’écart par le milieu intellectuel car pour certains d’entre eux, il reste «l’agent de la C.I.A» tel qu’il a été déclaré par le gouvernement cubain. Sa reconstruction sera longue et sa vie sera marquée à jamais par son épisode cubain.

Il continuera de voyager en Argentine, Mexique, Italie pour des reportages photos.

Il décède en 2022 à Nîmes à l’âge de 100 ans.

 

 

Sources

Cette biographie a été réalisée par sa fille, Génia Golendorf.

Portrait de Pierre Golendorf, Gazette du Gard H&H

Publications

7 ans à Cuba, 38 mois dans les prisons de Fidel Castro, Editions Belfond, 1976.