Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

Fils d’un scieur de long, libre penseur anticlérical, Marcel Rigout (né à Verneuil-sur-Vienne (Haute-Vienne)le 10 mai 1928, mort à Limoges (Haute-Vienne) le 23 août 2014) grandit dans la proche banlieue de Limoges, dans une famille de dix enfants, dont il est le cadet.

Ministre

Départ en 1990

Rigout suit les cours de l’école élémentaire de Verneuil, auprès d’un instituteur socialiste qui selon ses souvenirs «arborait les trois flèches de la SFIO». En 1940, après l’armistice, Rigout est placé comme valet de ferme. Il reprend ses études durant trois mois, grâce à une institutrice retraitée, avant de passer son certificat d’études primaires à l’été 1941. Il est ensuite embauché comme couvreur par un artisan maçon de Verneuil. À l’âge de quatorze ans, dans le sillage de ses frères, cyclistes émérites, il est agent de liaison pour le compte de la Résistance dans la partie ouest de la Haute-Vienne. Il s’engage dans les FFI durant l’été 1944, à seize ans. Le maquis FTP de Charente Limousine est alors sous les ordres du colonel Bernard, ancien typographe à l’Humanité. Rigout participe aux combats préparatoires à la Libération de Limoges et fait partie des hommes qui investissent Limoges le 21 août 1944. Limoges est une des rares villes où les Allemands capitulent sans livrer de combat, remettant leur reddition au «consul» de Suisse.

Marcel Rigout adhère dans la foulée aux Jeunesses communistes de Verneuil, dont il devient le secrétaire.

Il est embauché comme OS à l’Arsenal devenu l’Atelier central des automobiles de l’armement (ACAA), à Limoges. À la Libération, l’entreprise nationalisée compte 900 adhérents à la CGT et 250 militants communistes. Rigout y est secrétaire de cellule. À la demande du secrétaire fédéral Fernand Dupuy, il devint peu de temps après, secrétaire de la section Est de l’agglomération de Limoges. En 1946, il est élu responsable du comité d’usine et secrétaire de section l’année suivante. En 1948, après avoir suivi l’école des cadres du PCF, il devient secrétaire de la Fédération PCF de Haute-Vienne. Il n’a alors que vingt ans.

En janvier 1951, dans un contexte marqué par les débuts de la guerre froide et la lutte contre la guerre d’Indochine, il est licencié de l’Arsenal, avec six autres ouvriers, en raison de ses activités syndicales et politiques. Malgré la mobilisation des salariés, ils ne sont pas réintégrés.

Rigout suit alors une formation de tourneur en FPA. Déjà connu comme militant, il ne peut trouver d’emploi et devient permanent du Parti communiste fin 1951. Dans ce poste, il participe à la mise à l’écart puis à l’exclusion de Georges Guingouin, le «préfet du maquis», dans le sillage de l’affaire Charles Tillon et André Marty. Il ne nourrit alors «aucun état d’âme. C’est l’ambiance du moment (…) le sentiment que tout ce qui pouvait faire brèche dans l’unité du Parti devait être aussitôt éradiqué».

En 1952, Rigout est muté à Paris, pour seconder Léo Lorenzi à la direction de l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF), après l’arrestation des leaders de ce mouvement en mai 1952, dans le cadre de «l’affaire des pigeons» de Jacques Duclos. Il conserve ces responsabilités jusqu’en 1955, comme responsable du secteur international. Il se déplace en Europe de l’Est, notamment à Prague, siège de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD).

De retour à Limoges en novembre 1955, Marcel Rigout retrouve son poste au secrétariat de la fédération communiste de Haute-Vienne, de 1956 à 1961. Il est engagé à L’Écho du Centre, le quotidien communiste de la région Limousin-Dordogne-Indre, comme directeur de la publication, à partir de juillet 1959. Il conserve cette responsabilité jusqu’en 1987.

En 1958, lors des élections législatives qui suivent le retour du général de Gaulle, il est candidat dans la deuxième circonscription de la Haute-Vienne. Au second tour, il échoue avec 39,6 % des suffrages contre 60,4 % au socialiste, Boutard. En 1962, toujours dans la 2e circonscription, Marcel Rigout est battu au second tour, toujours par Boutard, avec 47,4 % des suffrages.

Lors du XVIe congrès du PCF (Saint-Denis, mai 1961), il entre au Comité central comme suppléant. Il est intégré à la commission paysanne du comité central et quitte alors le secrétariat fédéral, siégeant seulement au bureau fédéral. Au congrès suivant (Paris, mai 1964), il devient titulaire du Comité central.

Au cours de cette période, Jean Tricart, premier secrétaire de la Haute-Vienne, est progressivement marginalisé. Membre du Comité central, Tricart est en désaccord croissant avec la direction du PCF. En 1965, il demande son remplacement, mettant en avant le nom de Rigout, qui lui succède alors jusqu’en 1968.

En 1970, il est élu conseiller général du canton de Pierre-Buffière (Haute-Vienne) et le restera jusqu’en 2001.

Elu pour la première fois député de la Haute-Vienne en 1967, par 59,3 % des suffrages face à un candidat gaulliste, Rigout perd son siège l’année suivante, battu d’une courte majorité par Boutard, entre temps exclu de le SFIO. Rigout regagne le siège aux législatives suivantes, en 1973 avec 52,5 % des voix au second tour et devient alors vice-président du groupe communiste à l’Assemblée nationale. Il est réélu en 1978, obtenant 39,4 % au 1er tour, lors d’un scrutin qui amène au PCF les trois sièges haut-viennois (Marcel Rigout, Ellen Constans, Jacques Jouve). Il siége alors à la commission de contrôle du Fonds européen de régulation des marchés agricoles. En 1981, après la dissolution de l’Assemblée par le président François Mitterrand, il est réélu avec 38,3 % des voix au 1er tour.

En 1981, Marcel Rigout est l’un des quatre ministres communistes du nouveau gouvernement avec Charles Fiterman, Anicet le Pors et Jack Ralite. Il souhaite l’agriculture mais est nommé au ministère de la Formation professionnelle, nouvellement créé. Dans le contexte de l’émergence de la crise, ce ministère touche aux enjeux majeurs de l’insertion des jeunes ou de la formation des chômeurs. Il présente son action et ses projets dans l’ouvrage L’autre chance. Un métier pour réussir, rappelant son propre passé d’ouvrier sans formation et contraint au chômage. Son nom est notamment resté associé à la loi du 24 février 1984 réformant la formation professionnelle continue.

Marcel Rigout démissionne comme ses trois collègues, le 17 juillet 1984, lorsque Laurent Fabius succède à Pierre Mauroy à la tête du gouvernement. Cette démission fait suite à l’échec électoral des européennes, en juin, à l’issue desquelles le PCF avait atteint son score le plus bas depuis la Libération, avec 11,2 % des voix.

Rigout commence à prendre ses distances avec la ligne de Georges Marchais. Fin juin 1984, Le Monde rapporte ses propos contre le secrétaire général, «homme de l’échec». «À sa place, je me tirerais une balle dans la tête», ajoute-il. Malgré la polémique, il est reconduit au Comité central lors du XXVe congrès (Saint-Ouen, février 1985). Mais il est marginalisé et ses espoirs d'influer «de l'intérieur» sur les décisions du Parti, sont désormais hors de propos.

Après une charge virulente de Georges Marchais contre les «rénovateurs», il démissionne finalement du Comité central et de la direction politique de L’Écho du Centre, le 27 janvier 1987. La majorité du comité fédéral de Haute-Vienne le suit et démissionne à son tour. Les conseillers généraux de Haute-Vienne font de même.

En 1986, Marcel Rigout a été réélu député, avec 20,9 % des suffrages pour la liste qu’il menait en Haute-Vienne, désormais le seul représentant communiste du Limousin à l’Assemblée.

En 1988, il soutient la candidature de Pierre Juquin, aux élections présidentielles qui obtient 2,10 % des voix, au plan national.

Après la réélection de François Mitterrand, il est candidat dissident à l’Assemblée nationale, et obtient 31,4% des voix dans la nouvelle circonscription de Limoges-Saint-Yrieix. Il est distancé par J.-C. Peyronnet, candidat socialiste pour lequel il se désiste, et qui est élu.

Rigout participe avec d'autres dissidents, notamment Charles Fiterman, à la création du Mouvement des Rénovateurs communistes, tentative vite avortée qui l'amène, en 1990, à démissionner du PCF.

En novembre 1991, il est cofondateur de l’Alternative démocratie socialisme (ADS), avec Jacques Jouve, Maurice Charrier, Gaston Viens, Ellen Constans.

En 1992, il est élu conseiller régional sur une liste ADS.

Dans les années 2000, Rigout soutient la formation de la coalition «Limousin terre de gauche», regroupant le PCF, le Parti de gauche et le NPA. En 1995, il appelle à voter pour Dominique Voynet (Les Verts) aux présidentielles.

À l’occasion de son décès, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent salut une «grande figure la gauche» ; «Si nos chemins se sont séparés, avec des moments difficiles (...), nous avions des valeurs et des idéaux en commun. Je salue la mémoire de Marcel Rigout, homme d'engagement pour la France et la gauche».

Sa première épouse, Renée Rigout, née Belair, est également militante et dirigeante fédérale du PCF en Haute-Vienne. Il se remarie le 26 juin 1982 à Saint-Genest-sur-Roselle (Haute-Vienne) avec Danielle Mille.

Sources

Marcel Rigout – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier - Vincent Brousse

Marcel Rigout - Wikipédia

Disparition, Marcel Rigout (1928-2014), ancien ministre puis «rénovateur» communiste, Georges Chatain, Le Monde du 24 août 1014.

Responsabilités au PCF

Membre du Comité central : 1961 - 1987

Secrétaire de la fédération de Haute-Vienne : 1948-1954 ; 1956-1962 ; 1965-1968

Mandats électifs

Député : 1967-1968 ; 1973-1988

Conseiller général : 1970 – 2001

Conseiller régional : 1992 – 1998

Responsabilités gouvernementales

Ministre de la formation professionnelle : 1981-1984

Publications

L’autre chance. Un métier pour réussir, Paris, Editions sociales, 1983 (préface de Pierre Mauroy).

Le Métallo ministre, entretiens avec Georges Châtain, Éditions Le Bord de l’eau, Lormont , 2005.