Les Ex-PCF

Le plus grand parti de France

Pierre Monatte (né à Monlet (Haute-Loire) le 15 janvier 1881, décédé à Paris le 27 juin 1960),  d’une mère dentellière et d’un père maréchal ferrant-forgeron, entre comme boursier au collège de Brioude.

Membre Comité drecteur

Exclu en 1925

À quinze ans, il adhère aux Jeunesses socialistes de Clermont-Ferrand et, à dix-sept ans, collabore au Tocsin populaire du Berry et de l’Auvergne, de tendance blanquiste.

Après son baccalauréat, il devient répétiteur de collège dans l’académie du Nord. Mais il démissionne au début de 1902 pour s’installer à Paris.

Charles Guieysse et Maurice Kahn, animateurs de Pages libres, l’embauchent comme employé à l’administration de leur revue et à la librairie qui lui est attenante. Il contribue à la fondation du syndicat des employés de librairie, participe aux activités des Étudiants socialistes révolutionnaires internationalistes. À côté de son activité professionnelle, il collabore aux Temps Nouveaux et au Libertaire (il en assura même, durant une courte période, le secrétariat de rédaction).

En 1904, pour avoir plus de liberté, il devient correcteur d’imprimerie. La même année, il entre au comité confédéral de la CGT.

Aux obsèques de Louise Michel, en janvier 1905, Benoît Broutchoux, qui est sous le coup d’une inculpation et doit entrer en prison à Béthune, demande à Monatte de le remplacer à la rédaction de l’Action syndicale de Lens, hebdomadaire des mineurs du Pas-de-Calais. Monatte passe toute l’année 1905 dans ce département, et acquiert une expérience directe du journalisme syndical et de là, datent sans doute l’importance et l’intérêt qu’il attachera toute sa vie à la presse, comme mode d’action privilégié.

Lors du procès de Broutchoux, à l’énoncé de la peine de celui-ci, Monatte crie « À bas le tribunal » et il est condamné à six mois de prison. Après quinze jours d’internement à Béthune, il est transféré à Douai et son avocat, Ernest Lafont, lui obtient le sursis.

À la fin de 1905, il regagne Paris et reprend son travail de correcteur. Il retourne dans le Pas-de-Calais en mars 1906 au moment de la catastrophe minière de Courrières et de la grande grève des mineurs qui suit. Monatte participe activement aux travaux du comité de grève et rédige pour les Temps Nouveaux une série d’articles.

En mai 1906, Monatte est arrêté une nouvelle fois, inculpé de menées anarchistes par le juge d’instruction de Béthune. Il est relaxé.

En 1908, pour échapper au mandat d’arrêt lancé contre les militants de la CGT au moment de l’affaire de Villeneuve-Saint-Georges, il se rend en Suisse où il séjourne quelques mois sous le pseudonyme de Louis Baud.

À son retour à Paris, Pierre Monatte travaille à l’imprimerie confédérale.

En 1909, il fonde la Vie ouvrière.

Pour ne pas être soumis aux aléas de la vente au numéro, Monatte attache une importance toute particulière à la collecte des abonnés. Parti avec 500 abonnés, La Vie Ouvrière a 2000 abonnés, 5 ans plus tard. Néanmoins, ce nombre d’abonnés ne permet pas une trésorerie facile et Monatte se débat toujours au milieu des difficultés financières.

La Vie ouvrière se développe et représente la tendance syndicaliste-révolutionnaire de la CGT.

En mai 1914, Monatte confie la responsabilité de la rédaction la Vie ouvrière à Alfred Rosmer et garde l’administration, tâche qui lui avait toujours paru capitale pour le développement de la revue.

En juillet 1914, son internationalisme restant entier, il refuse l’Union sacrée. Il lui parait impossible de continuer à faire paraître la Vie ouvrière. « J’avais reçu un coup de massue… Stupéfaction devant l’explosion de chauvinisme au sein de la classe ouvrière. Plus encore devant le déraillement de tant de militants syndicalistes et anarchistes, de presque tous les socialistes. Le socialisme venait-il d’être tué ? La guerre avait-elle balayé l’esprit de classe, notre espérance en l’émancipation des travailleurs de tous les pays ? »

Tout de suite, dans sa volonté de résister au déferlement du patriotisme, il réunit Rosmer, Dumoulin, Merrheim, Marcel Martinet …, formant ainsi un petit noyau de résistance.

Il est le premier à marquer publiquement son désaccord à la politique menée par la CGT. À la fin de décembre 1914, il démissionne du comité confédéral

En 1916, il fait la guerre en premières lignes et il est même décoré pour faits de guerre.

Le succès de la révolution russe lui fait espérer en de nouvelles possibilités révolutionnaires pour le reste de l’Europe. Après sa démobilisation en 1919, deux tâches lui apparaissaient essentielles : soutenir la révolution russe et rénover la CGT en lui donnant une orientation révolutionnaire.

Le 30 avril 1919, le premier numéro de la nouvelle série de la Vie ouvrière paraît. À côté des tâches de la direction du journal, Monatte anime la minorité syndicale. Au congrès de la CGT, à Lyon (septembre 1919), son discours est des plus net ; il y parle en chef de la minorité, attaquant le bureau confédéral sur la politique d’Union sacrée pendant la guerre, son manque de vigueur révolutionnaire, la faiblesse de son soutien à la révolution russe.

Monatte souhaite l’adhésion à la IIIe Internationale et entretient des relations avec les dirigeants bolchéviques. Mais son activité reste sur le terrain syndical.

Le 3 mai 1920, Monatte est arrêté avec un certain nombre d’autres militants sous l’inculpation de complot contre la sûreté intérieure de l’État. Il reste détenu à la Santé jusqu’à son acquittement en mars 1921. Pendant cette période, il continue à écrire des articles pour la Vie ouvrière sous le pseudonyme de Pierre Lémont (anagramme de Monlet, son village natal).

En février 1921, le comité national de la CGT affirme que les organisations adhérant à l’Internationale de Moscou, se placent par elles-mêmes en dehors de la CGT. Au congrès de Lille, la tendance de Monatte est battue de peu. Il se heurte très violemment aux anarchistes des CSR. Au congrès de décembre 1922, la scission est effective, Monatte ne l’approuve pas.

En janvier 1922, Monatte quitte la direction de la Vie ouvrière.

Soutenant l’action du Parti communiste, il ne se décide pas à y adhérer, moins par hostilité théorique que par méfiance envers Frossard et Cachin.

Cependant, si Monatte n’adhère pas au parti, il entre à l’Humanité en mars 1922 comme rédacteur à la vie sociale, où il suit de près la vie syndicale. Ses articles lui permettent de jouer un rôle dans la CGTU tout en n’en étant pas adhérent. Il y lutte contre son bureau provisoire et la tendance anarchiste ; il est d’ailleurs l’objet de nombreuses attaques dans la presse anarchiste.

Son attitude était tout à fait nette : soutien de la fraction communiste de la CGTU, adhésion à l’Internationale des Syndicats Rouges (ISR), mais non subordination des syndicats au parti.

Il souhaite l’accord avec Moscou et la création d’un véritable Parti communiste. Ainsi, Monatte, tout en n’étant pas encore adhérent (malgré les incitations pressantes de Trotsky et de Rosmer), est mêlé très étroitement à la vie du Parti communiste.

Monatte adhère finalement au Parti communiste (SFIC), en mai 1923.

En janvier 1924, il est élu membre du Comité directeur.

La mort de Lénine, les discussions sur la bolchévisation entreprise dans le PCF par Treint et Suzanne Girault, entraînent un malaise. Déjà, le 13 mars, Monatte vote au Comité directeur contre la proposition du Bureau politique de retirer à Souvarine la direction du Bulletin communiste. Désormais, Monatte est, avec Rosmer et Souvarine, constamment attaqué par Treint dans le Bulletin communiste qui les accuse d’être liés à l’opposition russe et de favoriser les thèses de Trotsky. Monatte, Rosmer et Delagarde font paraître, le 22 novembre 1924, une « lettre aux membres du Parti communiste », diffusée avant le congrès de Paris : « L’importance du congrès prochain ne peut échapper à l’ensemble des membres du parti. Ce qui est important, ce n’est pas que nous puissions y être frappés d’exclusion, c’est que, sous l’étiquette de la « bolchévisation », on y aggrave les méthodes autocratiques actuelles qui sont bien le plus flagrant désaveu du bolchévisme et du communisme. »

En novembre 1924, Monatte était exclu.

Avec un noyau d’amis exclus en même temps que lui, il fonde la revue, la Révolution prolétarienne, revue mensuelle syndicaliste-communiste, dont le premier numéro sort en janvier 1925.

Monatte reprend sa place de correcteur d’imprimerie et milite, à la base, au syndicat des correcteurs. Et il continue à écrire et à animer la Révolution prolétarienne. Sa position est constante : il faut lutter à la fois contre le réformisme et contre la déviation du communisme.

Avec ses camarades de la Révolution prolétarienne, il est parmi les premiers à dénoncer l’évolution de l’État russe. Pour lui, la marche au pouvoir de Staline, puis l’établissement de son système ne sont que de monstrueuses parodies du bolchévisme.

Devant la montée du fascisme et les menaces de guerre, Monatte garde les idées internationalistes qui ont toujours été les siennes. Il adhère au Comité syndical d’action contre la guerre et le fascisme et au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes.

À la déclaration de guerre de 1939, le noyau de la Révolution prolétarienne décide de ne plus faire paraître la revue, ne pouvant accepter ni la censure ni l’autorisation préalable. Monatte ne prend pas, pendant toute la guerre, de position publique. Mais pour lui, il faut, tout en luttant contre l’occupant, ne pas tomber dans le nationalisme ni dans l’union sacrée.

Au lendemain de la guerre, la participation des militants syndicaux à des postes de responsables, l’intégration marquée du syndicalisme à l’État, lui apparaissent comme un recul des idées révolutionnaires, comme un danger pour le mouvement syndical.

En mai 1946, il s’étonne que la CGT puisse « chanter des hymnes à la production », prendre des positions nationalistes.

L’autorisation préalable étant supprimée au début de 1947, il décide avec ses amis de faire reparaître la Révolution prolétarienne. Le premier numéro sort en avril. Il y collabore de façon régulière jusqu’en 1951, de façon plus épisodique ensuite.

Monatte travaille comme correcteur d’imprimerie à France soir jusqu’à sa retraite en 1952.

 

Sources

Pierre Monatte – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier 

Pierre Monatte - Wikipédia

Responsabilités au PCF

Membre du Comité directeur : 1924

Journaliste à l’Humanité

Publications

Réflexions sur l’avenir syndical, Paris, Cahiers du Travail, 1921

Les Commissions syndicales, librairie de l’Humanité, 1924

Trois scissions syndicales, Éditions ouvrières, 1958

Préface à Socialisme et Liberté de F. Brupbacher, Neuchâtel, 1955

Syndicalisme révolutionnaire et Communisme. Maspéro, Paris, 1968.